Sorti ce mercredi 17 janvier, Pauvres Créatures risque de beaucoup faire parler de lui. Le dernier-né de la filmographie de Yórgos Lánthimos semble séduire les amateurs de récits gothiques, de comédies autant que les adeptes du bizarre. Après deux victoires aux Golden Globes et un Lion d’Or, il pourrait se trouver une place de choix lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Il faut dire qu’Emma Stone y livre la performance d’une vie, qui mérite bien une statuette à exposer fièrement sur le rebord d’une cheminée. Du haut de ses deux heures et demie, Pauvres Créatures est de ces films que l’on aimerait explorer plus longuement. Bien qu’une deuxième séance pourrait évidemment être l’occasion de prolonger le plaisir, il existe plusieurs métrages dans la lignée de Pauvres Créatures qu’il faut absolument découvrir. Voici notre sélection.
La Favorite pour mieux connaître le réalisateur
En 2018, Yórgos Lánthimos mettait en scène la rivalité. Au début du XVIIIe siècle, la reine Anne à la santé fragile est assise sur le trône, mais c’est son amie Lady Sarah qui gouverne à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante arrive à la cour, Lady Sarah décide de la prendre sous son aile, pensant trouver en elle une alliée. Abigail va néanmoins profiter de cette opportunité pour gagner la confiance de la reine et devenir sa nouvelle confidente.
Avec un fabuleux trio à la barre, La Favorite est un film historique comme on n’en fait que très rarement. Dans sa forme comme dans son fond, le métrage de Lánthimos joue les codes du genre pour faire éclore sa comédie noire, sa tonalité acide et grinçante. Cette chronique sur la rivalité, la trahison et le mal-être profite de l’indéniable talent d’Emma Stone. Sans cette première collaboration, Pauvres Créatures n’aurait sans doute jamais existé, l’actrice ayant fait ses armes avec ce récit historique avant de s’emparer d’une partition autrement difficile, celle d’incarner une enfant dans un corps d’adulte.
Freaks pour raconter les vrais monstres
Classique des années 30, qui fit scandale à sa sortie, mais qui passionne les cinéphiles, Freaks suit des êtres difformes qui se produisent pour un cirque. Le Lilliputien Hans est fiancé à l’écuyère naine Frieda mais est fasciné par la beauté de l’acrobate Cléopâtre. Apprenant que son amoureux transi vient d’hériter d’une belle somme, elle décide de l’épouser pour empocher le pactole. Elle ambitionne de l’empoisonner avec la complicité de son amant Hercule. Mais le complot est rapidement découvert et les amis de Frieda et Hans décident de se venger.
Pauvres Créatures évolue autour de la différence, c’est aussi le moteur de Freaks qui convoque des acteurs atteints de handicap pour interroger la monstruosité humaine, le rapport à l’autre et la cruauté. Tod Browning fait montre d’une maîtrise du rythme et de la montée en puissance, construisant son introduction comme une fable fantastique avant de basculer plus franchement dans l’horreur. Freaks, la parade monstrueuse est disponible via Canal+.
Delicatessen pour sa tonalité loufoque
En 1991, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro immortalisent un immeuble habité par une étrange communauté. Dans un immense terrain vague, chacun des habitants va se fournir chez le boucher-charcutier du rez-de-chaussée, à l’enseigne Delicatessen. Néanmoins, l’amoureux d’un ancien clown nommé Louison va bousculer cette apparente tranquillité.
À la vue de Pauvres Créatures, difficile de ne pas voir une approche de l’objet cinématographique familière à celle de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Comme les deux réalisateurs français, Yórgos Lánthimos fait naître un cinéma onirique fait de parti pris un peu fous, d’idées esthétiques ultra-référencées et d’un goût pour l’absurde. Delicatessen est également l’un de ses récits qui se construisent principalement autour de l’univers qu’il explore, du dépaysement, du spectateur.
Voir Delicatessen sur Paramount+
Magic in the Moonlight pour (re)voir Emma Stone
Quand Emma Stone rencontre Colin Firth, ça fait des étincelles. Devant la caméra de Woody Allen, le duo évoluait dans une comédie romantique ludique et captivante, sur la Côte d’Azur dans les années 20. Sous le pseudo de Wei Ling Soo, Standley Crawford est un prestidigitateur grincheux qui ne déteste rien de plus que les soi-disant médiums qui prétendent connaître l’avenir. Il va se laisser convaincre par son fidèle ami Howard Burkan de se rendre chez les Catledege pour démasquer l’une de ses arnaqueuses. À moins que cette rencontre ne remette toutes ses croyances en question…
Avec son écriture particulièrement pointilleuse, et le talent d’Emma Stone et Colin Firth pour les délivrer avec la parfaite tonalité, Magic in the Moonlight est un joli voyage dans le temps, qui interroge nos croyances et nos préjugés. Le flegme britannique de Firth allié à la fougue d’Emma Stone en font le divertissement idéal à savourer en plein hiver pour se rappeler au bon souvenir de l’été. Le film est disponible en VOD.
Frankenstein parce que la référence est évidente
Henry Frankenstein est un jeune scientifique qui rêve de créer un être humain à l’aide de ses connaissances. En compagnie de son assistant Fritz, les deux hommes vont concrétiser ce projet à partir de morceaux de cadavres. L’expérience va néanmoins rapidement tourner au cauchemar lorsque le monstre a qui les savants ont greffé le cerveau d’un criminel, s’échappe et commence à commettre des meurtres.
C’est le roman de monstre par essence, son adaptation est également un monument pour le genre. Il a défini un canevas que ses successeurs se sont efforcés de suivre, et dont le réalisateur de Pauvres Créatures s’extrait autant qu’il le convoque. L’esthétique du laboratoire de Godwin Baxter rappelle évidemment celle utilisée par James Whale pour son film de 1931. Les effets lumineux et les machines rétro-futuristes, tout y est. Alors, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour voir ou revoir Frankenstein. Il est proposé en VOD sur les plateformes dédiées.
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