L’année dernière, les professeurs des écoles désespéraient devant la prolifération de devoirs rendus par les élèves et rédigés par l’intelligence artificielle. Plus ou moins bien exécutés, ces cas de triche flagrante rebattaient les cartes d’un système éducatif français défaillant, trop souvent basé sur l’apprentissage par cœur plutôt que sur la réflexion. Depuis, des outils encore balbutiants tentent maladroitement de repérer les textes générés artificiellement.
Reste que les élèves ne sont pas les seuls à profiter de l’IA pour alléger leur charge de travail. Dans une enquête publiée sur le média américain Axios, on découvre que certains professeurs américains aussi, ont cédé à l’appel de l’intelligence artificielle. Grâce à un service baptisé Writable basé sur ChatGPT, il serait ainsi possible de corriger les copies d’une évaluation en quelques secondes, pour les élèves du CE2 à la terminale. Si vous n’avez jamais entendu parler du dispositif, ce dernier est loin d’être anecdotique, puisqu’il a été racheté par le géant de l’édition Houghton Mifflin Harcourt, dont les manuels scolaires sont utilisés dans 90% des écoles primaires et secondaires du pays.
Comment ça marche ?
L’exercice est aussi simple qu’il y parait : l’enseignant demande à ses élèves de rendre un devoir en version numérique, et n’a plus qu’à soumettre les copies rendues à Writable. Grâce à l’intelligence artificielle générative, l’outil se charge d’analyser les textes, afin d’en corriger les fautes et d’apposer certains commentaires. Livre ensuite au professeur de modifier ou d’étoffer ces derniers.
Sur le site officiel de Writable, on retrouve des conseils dispensés aux enseignants, mais aussi bon nombre d’idées de sujets en rapport avec l’actualité. Ce vendredi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des Femmes, le logiciel proposait par exemple d’analyser une vidéo de l’astronaute Ellen Ochoa, en répondant à la question “Pourquoi est-il important que les femmes et les hommes de toutes ethnies aient les mêmes opportunités ?”, ou encore de rédiger un texte d’invention sur le thème d’une suffragette militant pour obtenir le droit de vote. De quoi faciliter ensuite le travail d’analyse de ChatGPT.
Un outil qui fait débat
Sans surprise, la démocratisation de l’outil suscite de nombreuses interrogations. Si officiellement, le but de Writable est de permettre aux enseignants de gagner du temps pour préparer leur cours et échanger avec leurs élèves, les limites de l’IA sont palpables : un professeur peut-il vraiment dispenser un soutien efficace et personnalisé à ses élèves s’il n’a pas réellement lu leurs devoirs ? Sans compter que l’IA n’est pas réputée pour sa fiabilité. Cette dernière se trompant régulièrement dans ses réponses, on peut craindre de voir certaines notes surévaluées, ou au contraire baissées alors que l’élève a correctement répondu. Enfin, difficile pour le corps enseignant d’exprimer sa défiance envers la triche des élèves via un modèle de langage, si eux-mêmes utilisent les mêmes tours de passe-passe.
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