Cela fait maintenant une semaine que les spectateurs français peuvent explorer Arrakis aux côtés de Paul Atreides et ses comparses. Si le blockbuster de Denis Villeneuve est né d’un profond respect pour l’œuvre dont il s’inspire, le réalisateur et scénariste — aux côtés de Jon Spaights — a fait quelques changements pour mieux appuyer son propos sur le fanatisme.
Pour sa première incursion dans l’imaginaire de Frank Herbert, Denis Villeneuve s’est montré plutôt scolaire. Conscient du défi qui l’attendait, le cinéaste ne s’est que très rarement écarté de son matériau de base. La première partie de son diptyque s’évertuait plutôt à construire la figure héroïque et développer la mythologie du Cycle de Dune. La seconde partie s’offre plus de liberté en tordant le parcours de Paul pour mieux répondre aux ambitions de Frank Herbert.
Dans le roman, le basculement de Paul vers une forme d’autoritarisme n’est pas aussi clair. Pour beaucoup de lecteurs, il restera la figure héroïque du récit jusqu’à la conclusion. Denis Villeneuve a expliqué à plusieurs reprises que l’auteur avait été particulièrement déçu face à cet amour grandissant du public pour son protagoniste. Il faut dire qu’il est a priori fait du même bois que la plupart des héros de la littérature. Dans la droite lignée du “monomythe” théorisé par Joseph Campbell, Paul se forge au gré des défis qu’il doit surmonter. C’est à son arrivée dans un environnement hostile que commence son voyage. La disparition de son père servira de point de bascule avant qu’il ne noue des alliances. Il faudra attendre ce second volet pour qu’il embrasse enfin sa vocation prophétique, lui qui est le fruit d’une manipulation génétique orchestrée par le Bene Gesserit.
Lorsqu’il acceptera enfin d’être le Messie des Fremen, sa place dans le récit change. Il est désormais craint par les quelques personnages réticents à le voir mener sa guerre sainte. Dans le roman, Chani ne fait pas partie de ces personnes qui se détourneront de lui. Malgré ses fiançailles avec Irulan, la jeune femme reste aux côtés de Paul et lui donnera deux enfants.
Villeneuve et Jon Spaihts choisissent assez habilement de voir la fin du récit au travers des yeux de Chani qui, comme le public, voit le personnage campé par Timothée Chalamet sous un nouveau jour dès lors qu’il accepte sa destinée et qu’il se lance véritablement dans sa quête. La scène dans le temple est sans doute le moment le plus parlant, elle n’a pas encore la force de se détourner de lui. Elle sera poussée à le faire lorsque même l’amour qu’elle éprouve ne peut plus lui faire admettre ses choix, lorsqu’il propose à Irulan de l’épouser. Le scénario de Dune ajoute également un élément à la prophétie, il inclut son nom — le printemps du désert — à la prophétie pour acter l’importance qu’elle a dans le développement du personnage.
Une fin qui appelle une suite
Quand il a dessiné les prémices de sa saga Dune, Denis Villeneuve avait l’ambition de diviser le premier roman en deux parties distinctes. Le réalisateur n’a jamais caché ses intentions de poursuivre sa quête au travers d’un troisième métrage inspiré du Messie de Dune. Il faut dire que l’ouvrage est un miroir parfait du premier roman, qu’il permet de repenser la place de Paul au sein de son univers. Lors d’une conférence de presse, le Québécois a même confié avoir largement entamé le processus d’écriture. “Ce serait la fin du voyage de Paul. Je suis en train de l’écrire, c’est presque fini, cela prendra encore un peu de temps”.
Récemment, Hans Zimmer confiait déjà travailler à l’élaboration de la musique originale de cet hypothétique troisième et dernier volet. Pour le moment, rien n’a été officialisé. Le PDG de Legendary a néanmoins laissé entendre que si Denis Villeneuve ambitionne de revenir, aucun obstacle ne devrait se dresser sur sa route. Le film est déjà le meilleur lancement de l’année, il ne devrait avoir aucun mal à être rentable.
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