Dans la nuit du 6 au 7 mars, SpaceX a enfin annoncé une date précise pour le troisième vol tant attendu de son immense Starship : si tout se déroule comme prévu, il décollera dans une semaine, le 14 mars 2024.
Pour rappel, ce colosse de métal qui culmine à 122 mètres de haut est cloué au sol depuis son deuxième vol d’essai, le 18 novembre dernier. Comme le premier, ce second prototype n’a pas réussi à atteindre son objectif final. Il devait réaliser un vol suborbital censé terminer sa course dans l’océan Pacifique, près d’Hawaii, mais a explosé en cours de route.
Après cet incident, SpaceX a identifié 17 actions correctives à implémenter avant le troisième vol. La liste a ensuite été validée à la fin du mois de février par la FAA, l’agence fédérale de régulation de l’aéronautique américaine, au terme d’une enquête de quelques semaines. Mais l’entreprise n’a pas attendu cette échéance. Conformément à la philosophie d’Elon Musk, qui souhaite enchaîner les lancements pour accélérer le développement de son véhicule, SpaceX avait déjà commencé à travailler sur ces correctifs peu après le lancement. Une approche proactive qui permet de gagner un temps précieux, quitte à apporter quelques modifications supplémentaires si la FAA émettait quelques réserves.
The third flight test of Starship could launch as soon as March 14, pending regulatory approval → https://t.co/bJFjLCiTbK pic.twitter.com/yHqoWFSKdY
— SpaceX (@SpaceX) March 6, 2024
La licence de vol arrive
Puisque SpaceX mentionne désormais une date précise, on peut partir du principe que tous ces préparatifs sont déjà terminés, ou qu’ils sont sur le point de l’être. De plus, l’entreprise a aussi réalisé un grand test de remplissage du carburant en début de semaine, et il semble s’être parfaitement déroulé. Tout indique donc que le troisième prototype de Starship est quasiment prêt à décoller — du moins, sur le plan technique.
Comme à chaque épisode de ce feuilleton, il ne reste donc qu’un seul obstacle, et il est essentiellement réglementaire. SpaceX n’attend plus que la fameuse licence de vol qui autorisera le Starship à décoller.
Heureusement, ces derniers jours, des experts ont indiqué que la FAA était très proche de donner son feu vert. Une interprétation encore renforcée par l’annonce de la date. À moins d’un contretemps majeur, le précieux sésame devrait arriver avant le 14 mars, et le véhicule pourra donc prendre son envol à la date prévue.
De nouveaux tests au programme
Les objectifs primaires de ce troisième lancement seront quasiment les mêmes qu’auparavant. Le Starship devra réaliser un vol suborbital pour faire quasiment le tour de la Terre avant de finir sa course dans l’océan. Mais cette fois, il ne visera plus le Pacifique ; à la place, il est censé finir sa course dans l’océan Indien après seulement 65 minutes de vol, contre 90 lors des deux premiers essais.
Si SpaceX a choisi de modifier ainsi la trajectoire, c’est parce que l’entreprise est confiante par rapport au résultat de cette mission. Contrairement au premier vol qui avait été particulièrement laborieux, le second s’est avéré très prometteur malgré l’explosion. Elon Musk a même affirmé que le véhicule aurait sans doute atteint son objectif s’il avait contenu une vraie charge utile, au lieu d’un substitut de masse qui a directement contribué à la détonation (voir notre article).
Ce nouveau plan de vol permettra aux ingénieurs de réaliser de nouveaux tests importants pour la suite du programme. Une fois l’engin arrivé à son altitude maximale, ils vont notamment procéder au premier test de mise à feu des moteurs Raptor directement dans l’espace. Ils vont également tester l’ouverture et la fermeture de la soute qui contiendra la charge utile, comme des satellites Starlink. Enfin, SpaceX a aussi confirmé son intention de tester le système de transfert de carburant d’un réservoir à l’autre.
L’objectif de cette approche est de faire d’une pierre deux coups en testant le véhicule lui-même, mais aussi des systèmes annexes pour gagner du temps sur la suite du développement. Par exemple, le test de transfert est très important dans le cadre du programme Artemis de la NASA. Ces missions qui renverront des humains sur la Lune d’ici quelques années feront intervenir deux Starships différents. Le premier devra rejoindre un second véhicule en orbite de la Terre pour se ravitailler en carburant avant d’aller se poser sur la Lune. Il est donc indispensable de peaufiner cette opération au plus vite.
Un troisième vol crucial
Les enjeux de ce troisième vol seront considérables, et l’entreprise sait qu’elle sera attendue au tournant. En particulier par la NASA, qui attend impatiemment que le Starship soit opérationnel pour faire avancer le programme Artemis.
Même en cas de succès, la route sera encore longue. Après ces vols suborbitaux, il faudra que l’engin se montre capable de s’insérer en orbite terrestre basse et d’y manœuvrer sans problème. Cela implique de nombreux tests supplémentaires pour vérifier la fiabilité de chaque sous-système dans cet environnement.
Enfin, il faudra aussi s’attaquer à la récupération du booster Super Heavy et du Starship en lui-même afin de les réutiliser par la suite — un des grands arguments de ce véhicule de nouvelle génération. Or, même si SpaceX dispose déjà d’une grande expertise à ce niveau grâce à ses Falcon 9 dont la récupération relève aujourd’hui de la routine, ces opérations s’annoncent particulièrement délicates avec un tel colosse qui dépasse allègrement les 100 tonnes.
Mais avant d’en arriver là, il faudra déjà que le Starship réussisse enfin à boucler son premier vol suborbital sans encombre. Nous vous donnons donc rendez-vous le 14 mars pour assister à ce décollage très important, à moins que la météo ne vienne jouer des tours à SpaceX.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.