Depuis le 6 mars, tous les acteurs de la tech doivent de conformer à la loi européenne du Digital Markets Act. Comme son nom l’indique, elle vise à réguler et surtout ouvrir les marchés numériques à la concurrence. Les géants du secteur ont pour obligation d’autoriser les alternatives de paiement sur leurs plateformes, et cela vaut tout spécifiquement pour les constructeurs. Google, Apple et consorts doivent mettre en place une série d’actions visant à améliorer la concurrence sur leurs appareils.
Epic Games, qui fut l’instigateur de cette mesure grâce au procès que la firme a intenté à Apple il y a plusieurs mois, n’a pas attendu avant de vouloir proposer son store sur iPhone. Pour ce faire, le studio a créé un compte développeur, nommé Epic Games Sweden AB, qui a logiquement été approuvé par Apple dans les jours qui suivirent. Ce compte aurait dû permettre à Epic Games de proposer une application de sa boutique en ligne, ou au moins une alternative de paiement, plus avantageux pour l’entreprise et pour les joueurs, libérés de la commission d’Apple.
Apple change d’avis
Mais c’était sans compter sur un revirement de dernière minute. Apple a bloqué le compte développeur d’Epic Games, ne lui permettant pas de proposer ses services aux utilisateurs sur appareils iOS. Dans un communiqué, la le studio explique sa version de l’histoire :
“Il s’agit d’une violation grave du DMA, qui montre qu’Apple n’a pas l’intention de permettre une véritable concurrence sur les appareils iOS. Le DMA exige qu’Apple autorise les boutiques d’applications tierces, comme la boutique Epic Games. En supprimant le compte développeur d’Epic, Apple élimine l’un des plus grands concurrents potentiels de l’App Store. Ils sapent notre capacité à être un concurrent viable et montrent aux autres développeurs ce qui se passe lorsque l’on essaie de concurrencer Apple ou que l’on critique ses pratiques déloyales.”
Apple has terminated our developer account and now we cannot develop the Epic Games Store for iOS.
This is a serious violation of the EU’s Digital Markets Act. We will continue to fight to get back on iOS!https://t.co/BmqFxG26ul
— Epic Games Newsroom (@EpicNewsroom) March 6, 2024
Dans son long message, la firme se plait à rappeler mot pour mot les termes de la loi, en vigueur depuis seulement 24h à l’écriture de ces lignes. Comme à son habitude, elle donne les détails de cette affaire en citant les raisons précises du refus d’Apple, accompagné de captures d’écran des mails et documents relatifs à l’affaire. Epic Games veut opérer en toute transparence et explique que sa méfiance vit à vis de la bonne foi d’Apple dans toute cette affaire.
Un post X en cause
Le CEO de l’entreprise, Tim Sweeney, avait publié une série de posts sur X dans laquelle il critique ouvertement les mesures prises par Apple, en théorie et en pratique. C’est cette méfiance qui a décidé la Pomme sur le cas d’Epic Games. Elle déclare dans un mail :
“Votre critique haute en couleur de notre plan de conformité au DMA, associée à la pratique passée d’Epic de violer intentionnellement les dispositions contractuelles avec lesquelles elle est en désaccord, suggère fortement qu’Epic Sweden n’a pas l’intention de suivre les règles.”
Apple leadership faces some massive decisions in the coming weeks as the contradictions between their stated principles and the intended and actual consequences of their present policies are reckoned with: the app store monopoly, the digital goods payments monopoly, the tax, the… pic.twitter.com/mUxV5ypwcd
— Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) February 26, 2024
De son côté, Epic Games a un tout autre avis à donner :
“Si Apple conserve son pouvoir d’exclure une place de marché tierce d’iOS à sa seule discrétion, aucun développeur raisonnable ne voudra utiliser une boutique d’applications tierce, car il pourrait être définitivement séparé de son public à tout moment. […] Le DMA a été conçu pour éliminer le déséquilibre de pouvoir dont Apple prouve l’existence aujourd’hui : il prétend avoir le contrôle total pour bloquer les boutiques et les applications concurrentes.”
Vous l’aurez compris, la guerre entre les deux entités n’est pas près d’être terminée. Malgré un procès, puis un appel, et enfin une décision de justice résultant en la création d’une loi à l’échelle européenne, les deux entreprises ne parviennent pas à trouver un accord qui leur convienne. Nous aurons sûrement droit à un énième feuilleton sur plusieurs semaines. En attendant, voici tout ce qui est censé changer avec le DMA à un plus haut niveau et pour une utilisation plus quotidienne.
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