Il y a quelques semaines, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle. Lundi 19 février, l’entreprise chinoise est soupçonnée d’avoir développé des mécanismes de navigation addictifs à l’encontre de ses utilisateurs. Dans son dossier, l’UE détaille notamment comment elle utilise sciemment des systèmes de “stimulation de dépendance comportementale“, dans le but de créer un effet “rabbit hole“, expression anglophone pour désigner une spirale infernale mentale dans la consommation de contenus.
Pour TikTok, l’intérêt de ces dark patterns est évident : en développant le doom scroll (scroll infini), la plateforme s’assure de maintenir le temps de cerveau disponible de ses utilisateurs le plus longtemps possible. Reste que ces mécanismes ne passent pas en Europe. Le Vieux continent enquête actuellement sur la manière dont TikTok se positionne face au règlement DSA, notamment en matière d’algorithme et de protection infantile. Spécifiquement, la Commission analyse actuellement “les domaines liés à la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l’accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu’à la gestion des risques liés à la conception addictive et aux contenus préjudiciables“.
Addictif, et illégal ?
Hormis le caractère addictif de l’algorithme TikTok, il s’agira pour l’Union de déterminer si oui ou non, la plateforme respecte la loi européenne concernant les obligations de transparence et de communication de données publiques. Conformément au texte voté l’année dernière, et entré en vigueur ce 1er janvier 2024, TikTok devra aussi rendre des comptes sur les fake news et les contenus illégaux qui transitent sur sa plateforme.
En matière de sécurité des utilisateurs, l’entreprise devra non seulement prouver qu’elle n’incite pas (trop) ses utilisateurs à rester connectés, mais aussi qu’elle fait le nécessaire pour vérifier efficacement l’âge des plus jeunes, qui profitent de conditions de navigation particulières. Rappelons que si les réseaux sociaux sont théoriquement interdits aux moins de 13 ans, les comptes européens estampillés comme mineurs doivent aussi être épargnés par la publicité ciblée. Des précautions difficiles à vérifier en pratique.
S’il est établi que TikTok enfreint les lois européennes et le DSA, l’entreprise risque gros : jusqu’à 6% de son chiffre d’affaires annuel, rapporte TechCrunch. Pour le moment, le nouveau géant chinois a confirmé qu’il collaborait pleinement à l’enquête en cours, indiquant qu’il avait déjà répondu aux demandes précédentes de la Commission européenne, et mis en place de nombreux outils et initiatives dédiés à la protection des mineurs en ligne. Des mesures qui ne semblent pas suffire à la Commission européenne, et qui pourraient être jugées insuffisantes.
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“qu’elle fait le nécessaire pour vérifier efficacement l’âge des plus jeunes”
Attention à ne pas faire n’importe quoi. Il serait très dommage(able) que TikTok puisse légitimement demander à ses utilisateurs une copie de leur pièce d’identité sous couvert de “protéger les enfants”.