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Pour le PDG d’Nvidia, il n’y a plus besoin d’apprendre à coder – l’IA va s’en charger

Jensen Huang croit dur comme fer dans le “miracle de l’IA”. Rien d’étonnant, puisque cette technologie est au cœur de la stratégie de son entreprise… mais sa dernière prémonition semble un tantinet prématurée.

Depuis des années, de nombreux acteurs de la tech militent pour que les rudiments de la programmation soient enseignés aux enfants dès le plus jeune âge. Ils y voient une manière de les aider à comprendre le fonctionnement des outils dont nous dépendons largement aujourd’hui, et de développer leur capacité à résoudre des problèmes. Mais tout le monde n’est pas de cet avis. Récemment, c’est Jensen Huang, le PDG d’Nvidia, qui a surpris son public avec une sortie étonnante sur cette thématique; il estime que les nouveaux outils à base d’intelligence artificielle sont en train de rendre cette compétence obsolète.

Depuis dix ou quinze ans, tout le monde nous dit que tout le monde devrait apprendre à programmer. En fait, c’est presque exactement l’inverse”, a-t-il déclaré lors de son allocution au World Government Summit à Dubai. “C’est notre travail de créer des technologies pour faire en sorte que personne n’ait besoin de programmer, et que le seul langage de programmation soit celui des humains. Tout le monde est désormais un programmeur; c’est le miracle de l’intelligence artificielle”, insiste-t-il.

Au lieu d’apprendre à produire du code, Huang estime qu’il est aujourd’hui plus judicieux de consacrer ce temps à l’acquisition de compétences plus utiles et hors de portée des algorithmes de machine learning. Il cite notamment la biologie, l’éducation, l’agriculture ou encore la fabrication.

Huang met la charrue largement avant les bœufs

Cette saillie à contre-courant n’a pas manqué de susciter de vives réactions. Et c’est parfaitement compréhensible. Car même si le fond de son propos peut éventuellement être défendable, puisque les systèmes d’IA générative sont de plus en plus performants dans la production de code, son raisonnement comporte quelques grosses lacunes.

La première, et sans doute la plus évidente, c’est qu’à l’heure actuelle, les IA spécialisées dans la programmation ont encore tendance à commettre d’énormes bourdes dans des domaines très importants, comme la cybersécurité.

Or, si la nouvelle génération d’humains ne comprend rien à la programmation, elle ne sera jamais capable d’identifier ces erreurs. On se retrouverait donc avec des montagnes de code bancal qui viendrait polluer le processus d’apprentissage des prochaines IA, et ainsi de suite.

De plus, ces algorithmes ne vont pas s’améliorer seuls dans leur coin. Certes, nous commençons à voir émerger des IA génératives qui sont elles-mêmes capables de générer d’autres petits modèles IA spécialisés (voir notre article). Mais cette technologie est encore balbutiante. Dans tous les cas, nous aurons donc encore besoin des développeurs humains pour amener ces systèmes à maturité. Dans le cas contraire, la révolution de l’IA plébiscitée par le patron d’Nvidia serait immédiatement tuée dans l’oeuf.

Enfin, concevoir des outils logiciels va bien plus loin que le simple fait d’apprendre la syntaxe d’un langage de programmation. Un développeur doit aussi être capable de répondre à des objectifs précis, d’établir des procédures de test rigoureuses, d’intégrer ses contributions à un écosystème bien défini, et ainsi de suite. Autant de compétences qui sont encore largement hors de portée des modèles IA pour le moment.

Des outils très prometteurs… sur le long terme

On peut donc affirmer sans trop de risque que l’IA ne va certainement pas rendre ces compétences obsolètes en l’espace d’une génération. Malgré tout, il y a quand même un fond de vérité dans ses propos.

Il est indiscutable que le potentiel de l’IA appliquée à la programmation est assez spectaculaire, et que cette technologie finira probablement par transformer cette industrie en profondeur. Or, rester au contact des nouveaux outils est une compétence cruciale dans ce métier, et les programmeurs de demain devront forcément apprendre à les utiliser tôt ou tard. Reste à voir à quelle échelle de temps cette transition va s’opérer, et surtout dans quelle conditions.

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