ERS-2, le deuxième membre d’un illustre couple de satellites lancé par l’ESA il y a presque 30 ans, est enfin arrivé au bout de son interminable saut de l’ange. Le 21 février à environ 18 h 17, il a terminé sa rentrée atmosphérique en brûlant au-dessus de l’Océan Pacifique, mettant fin à une longue carrière pendant laquelle il a changé notre regard sur la Terre.
Son histoire a commencé le 21 avril 1995, avec son déploiement en orbite à bord d’une fusée Ariane 4 partie de Kourou. Il était doté d’un tas d’instruments scientifiques de pointe qui ne payent plus de mine aujourd’hui, mais qui étaient assez révolutionnaires pour l’époque. En fait, il s’agissait même du satellite le plus sophistiqué jamais lancé par l’Europe.
Cet arsenal technologique était entièrement consacré à une mission de la plus haute importance : observer notre planète dans sa globalité pour contribuer à la recherche sur le climat, et pour documenter l’impact des humains sur leur berceau.
À l’origine, il ne devait fonctionner que pendant trois ans, soit jusqu’en 1998. Mais il a finalement tenu bon jusqu’en 2011, soit cinq fois plus longtemps que prévu. Et l’engin n’a pas chômé pendant ces seize années. Avec son compère ERS-1, parti un peu moins de quatre ans avant lui, il a rapporté une montagne de données sur la surface de la Terre, la température de ses océans, l’état de ses calottes glaciaires, ou encore sur la fameuse couche d’ozone.
Une rentrée atmosphérique hasardeuse qui s’est bien terminée
En 2011, quinze ans après le début de son aventure, même s’il était techniquement encore fonctionnel, il commençait à devenir quasiment obsolète à cause de son âge avancé. Or, au début de la dernière décennie, les différentes agences spatiales commençaient aussi à accorder de plus en plus d’importance à la menace sur le long terme que représente la pollution spatiale. L’ESA a donc choisi de mettre fin à son aventure ; les opérateurs ont brûlé ses dernières réserves de carburant pour le ralentir une fois pour toutes.
Depuis cette date, il se rapprochait lentement mais sûrement de la surface de la Terre à chaque rotation… et personne ne savait exactement où il allait terminer sa course, puisqu’il était désormais impossible de le contrôler. Il s’agissait donc d’une rentrée atmosphérique dite « naturelle », par opposition aux rentrées contrôlées qui sont devenues la norme aujourd’hui dans le cadre de l’initiative Zéro Débris de l’ESA.
Heureusement, l’engin n’a fait aucun dégât puisqu’il s’est désintégré au-dessus de l’océan Pacifique, loin de toute infrastructure humaine et des autres satellites. Tout est bien qui finit bien.
Un héritage important
Il restera dans l’histoire comme un précurseur qui a ouvert la voie à de nombreux autres engins d’observation encore plus ambitieux comme Envisat, Earth Explorer ou encore les sentinelles Copernicus. De plus, les données qu’il a collectées pendant sa longue carrière resteront très utiles pendant de longues années.
Avec le recul, il s’agit d’informations inestimables. À l’époque, très peu d’appareils étaient capables de collecter des informations à une telle échelle sur le long terme. Il s’agit donc d’un précurseur qui nous a offert une toute nouvelle perspective sur la Planète bleue, avec des retombées majeures pour la science.
« Les satellites ERS nous ont procuré un flux de données qui a changé notre vision du monde dans lequel nous vivons », explique Simonetta Cheli, directrice des programmes d’observation terrestre à l’ESA. « Ils nous ont offert de nouvelles perspectives sur notre planète, la chimie de notre atmosphère, le comportement de nos océans, et sur les effets de l’activité humaine sur notre environnement… »
« Ces données sont encore largement utilisées aujourd’hui », insiste l’ESA. « Ces enregistrements sur le long terme sont notamment essentiels pour identifier et comprendre les changements de notre climat. »
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