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Ariane 6 : les deux étages de la fusée sont enfin arrivés à Kourou !

L’aérospatiale européenne commence enfin à voir le bout du tunnel, et devrait bientôt pouvoir s’extirper de la crise des lanceurs qui l’handicape depuis la retraite d’Ariane 5.

Les premiers éléments de la fusée d’Ariane 6 sont enfin arrivés à Kourou, en Guyane française. Le début de la toute dernière ligne droite avant un premier vol très attendu par tous les acteurs de l’aérospatiale européenne.

Ce voyage à travers l’Atlantique a commencé au port du Havre. C’est là que les deux étages du cœur du lanceur, conçus par ArianeGroup, ont été chargés à bord du Canopée. Il s’agit d’un grand navire hybride équipé de voiles et de moteurs thermiques qui est spécialement conçu pour transporter cette cargaison massive, mais ô combien délicate.

L’étage principal construit aux Mureaux héberge notamment le fameux moteur-fusée Vulcain 2.1, qui a passé ses derniers tests à l’automne 2023. Le deuxième étage, de son côté, est doté d’un moteur Vinci qui a été testé en Allemagne pendant la même période. Les deux éléments contiennent également des réservoirs d’ergols liquides pour alimenter les moteurs, des générateurs auxiliaires et les indispensables ordinateurs de bord.

L’assemblage commence

Suite à son arrivée au port de Pariacabo, les deux étages vont être déchargés, puis acheminés en camion vers le Bâtiment d’Assemblage Final du spatioport de Kourou. Ils seront alors superposés en position horizontale sur les prochaines semaines. L’ensemble sera ensuite redressé puis positionné sur le pas de tir.

Pour terminer la structure du véhicule, il faudra encore installer les deux boosters à propulsion solide latéraux, qui sont déjà sur place depuis quelque temps. Ils aideront Ariane 6 à se libérer de l’étreinte de la gravitation lors de son premier vol. Une fois la structure terminée, il ne restera plus qu’à ajouter la touche finale : la fameuse coiffe qui abritera la charge utile avant de se séparer verticalement pour la déployer en orbite.

Enfin une sortie de crise à l’horizon

Cela signifie que l’engin aborde désormais la toute dernière ligne droite qui devrait aboutir au premier vol. Il s’agit donc d’une étape importante, car Ariane 6 est attendue comme le messie par l’ESA et tous les autres acteurs de l’aérospatiale européenne. Pour rappel, l’agence européenne reste entièrement privée de lanceurs lourds depuis que la formidable Ariane 5 a pris sa retraite, après quasiment vingt ans de bons et loyaux services.

La situation s’est encore aggravée quand les Soyouz russes ont été mis sur la touche suite à l’invasion de l’Ukraine. C’est également compliqué du côté des lanceurs légers depuis l’accident de Vega-C, le 20 décembre dernier.

Et depuis, toute l’Europe ronge son frein. À chaque jour qui passe, l’industrie spatiale du Vieux continent accumule du retard par rapport aux grandes puissances comme les États-Unis et la Chine, qui avancent à un rythme vertigineux pendant que le contingent européen reste cloué au sol. Une situation extrêmement problématique en termes d’autonomie technologique, avec des retombées économiques et stratégiques considérables. Il y a donc urgence à relancer la machine pour sortir de ce bourbier technologique souvent qualifié de « crise des lanceurs ».

Le premier vol d’Ariane 6, prévu entre le 15 juin et le 31 juillet 2024, sera incontestablement un grand pas dans cette direction. Nous vous donnons donc rendez-vous cet été pour la mise à feu tant attendue, en espérant que tout se déroulera comme prévu, et que l’aérospatiale européenne pourra enfin tourner la page de cette période chaotique pour commencer à écrire un nouveau chapitre de son histoire.

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