Passer au contenu

Deux exemplaires du tout premier ordinateur de bureau retrouvés par hasard au Royaume-Uni

La découverte de deux Q1 lors du débarras d’une maison à Londres est une très belle surprise pour les historiens de l’informatique.

Au Royaume-Uni, une exposition mise en place par l’Université de Kingston a attiré beaucoup d’attention grâce à deux pièces assez exceptionnelles. L’institution y présente en effet deux exemplaires de l’ordinateur Q1, un objet particulièrement important dans l’histoire de l’informatique.

Ce qui rend le Q1 si intéressant, c’est qu’il est généralement considéré comme le tout premier vrai ordinateur de bureau grand public de l’histoire. Il été commercialisé en 1972, à une époque où ces engins étaient encore qualifiés de « micro-ordinateurs » par opposition aux systèmes les plus performants qui pouvaient occuper une pièce entière.

L’arrière grand-père de votre ordinateur

Une de ses principales innovations, c’est qu’il était doté d’un Intel 8008. Il s’agissait du premier microprocesseur 8 bit d’Intel, c’est-à-dire qu’il traitait les données par paquets de huit chiffres binaires (0 ou 1). Pour référence, les CPU modernes sont typiquement construits sur des architectures à 64 bits qui sont capables de gérer beaucoup plus d’informations à chaque cycle.

Il ne présentait qu’un seul cœur, contrairement à la quasi-totalité des puces actuelles où la charge de travail est répartie entre plusieurs sous-unités. Il fonctionnait aussi à une fréquence assez ridicule par rapport aux standards de 2024 : 800 kHz, soit plusieurs ordres de grandeur en dessous des processeurs d’aujourd’hui qui sont généralement cadencés à plusieurs GHz.

Autant dire que le Q1 affichait des performances très faibles par rapport à l’engin sur lequel vous lisez cet article, même s’il s’agit d’un vieux smartphone. Mais à son époque, c’était une véritable bête de course. Le Q1 et son Intel 8008 étaient des précurseurs qui ont ouvert la voie à de grandes avancées dans le domaine de l’informatique grand public. Si vous disposez aujourd’hui d’une machine capable de surfer sur Internet, de jouer à des jeux, de monter des vidéos ou de réaliser tout un tas de travaux divers et variés, c’est en grande partie grâce à l’impact qu’ont eu ces véritables dinosaures.

« Les pionniers des années 1970 ont posé les bases des ordinateurs modernes qui sont désormais omniprésents dans la vie de tous les jours. Nous nous appuyons sur les ordinateurs pour le travail, la communication, la productivité, le divertissement… mais sans ces pionniers, rien de tout ça n’existerait. Il n’y aurait pas de PC, pas de Macs, pas d’Apple, pas d’Android sans Q1 », explique Paul Neve, un historien et professeur d’informatique de l’Université de Kingston.

Des antiquités rarissimes retrouvées par hasard

Ce qui rend la présence de ces deux Q1 assez exceptionnelle, c’est qu’ils sont incroyablement rares, surtout en Europe. Ils ont quasiment tous été vendus dans leur pays d’origine, aux États-Unis. Seul un nombre très limité a fini par traverser l’Atlantique. Pour pouvoir exposer ces deux exemplaires, l’Université de Kingston a bénéficié d’un sacré coup de pouce du destin.

Ils ont été exhumés d’un vieux grenier par Just Clear, une entreprise londonienne de débarras et de nettoyage dans un contexte non précisé — peut-être suite au décès des anciens propriétaires. Quoi qu’il en soit, les équipes de la firme ont été intriguées par ces vieilles machines. Ce n’est qu’après avoir contacté l’université de Kingston qu’elles ont pris conscience du caractère historique de ces objets.

Cette trouvaille a fait tripler le nombre d’exemplaires officiellement référencés. Il n’y en avait qu’un auparavant, et ils sont désormais au nombre de trois. Il y a fort à parier que quelques autres Q1 poussiéreux sommeillent encore chez des particuliers qui les ont oubliés depuis belle lurette. Si vos parents ou vos grands-parents étaient des geeks avant l’heure, jetez donc un œil dans leurs stocks d’antiquités ; qui sait, peut-être que vous y trouverez également un objet iconique de l’histoire de l’informatique !

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

22 commentaires
  1. marrant en France on parle du 1er “micro” au monde comme étant le Micral de R2E (1973).
    serait-ce le syndrome du Concorde ? en UK ils s’en disent l’inventeur, en France aussi 🙂

    1. Le Micral EST le 1er Micro de R2E (dont le concepteur était je crois Vietnamien, TTT, Truong Thieu ?) alors que cet Article de Presse utilise ce terme de Micro par comparaison aux Gros Systèmes des années 60 et 70 représentés comme de grosses armoires de plusieurs mètres de longueur. Pour ma part j’avais étudié en Angleterre sur des machines à bandes perforées pour faire nos TP (travaux pratiques des élèves-Ingénieurs) sous langage ALGOL et c’était dans les années 65 à 69!

      1. Et moi en Fortran sur une Pallas de la SETI, société qui entra ensuite dans CII. Aussi sur bande perforée.

      2. Le micral de R2E est effectivement le premier de R2E, mais son concepteur François Gernelle, l’a conçu en 1969 ou 1970 pour Intertechnique. Ce dernier a refusé de le produire car à cette époque on ne croyait pas aux micro-ordinateurs. Devant ce refus, il s’est associé avec André Truong Trong Thi pour créer R2E afin de produire cet ordinateur et l’OS Prologue qui le faisait fonctionner. Le premier micro ordinateur est bien français.
        Un peu plus tard les sociétés Américaines Commodore ((vers 1975) et Tandy (1977) ont repris le concept et lancé réellement la micro-informatique. Apple également repris le concept un an plus tard.

    2. Le Q1 utilise le tout premier micro processeur. Il faut voir les caracs du 8008 : P-Mos, 16 k adressable (!), boîtier de 18 broches. Le micral, avec son 8080 (à 40 broches), ne pouvait tout simplement pas être le premier.
      Il faut voir que les machines de l’époque avaient des limitations difficiles à imaginer de nos jours. Par exemple, le SC/MP de NS (qui a fait l’objet d’une utilisation “amateur” dans la revue Elector), en P-Mos lui aussi, n’avait pas de bit de débordement : pour faire des décalages ou des additions, il fallait ajouter une bascule D externe.

      Au passage, il ne faut pas confondre fréquence “horloge” et fréquence “processeur”. La première chose qu’on fait à la fréquence horloge, c’est de la diviser et de la décoder pour en faire des créneaux séquentiels pour les états de traitement successifs d’une instruction. Par exemple, le MC6809 (du MO5) avait une horloge à 4 MHz pour tourner à 1 MHz. Je présume que c’était pareil pour le 8008.

      Sinon, je connais un exemplaire de l’ancêtre de tous les calculateurs HP : notation polonaise inverse (avec la touche “enter” et pas de signe “=”), 3 registres xyz (le “t” n’a été ajouté qu’après), le tout “emballé” dans un calculateur de bureau (logique DTL et mémoire à tore, registres affichés sur un écran cathodique). Remplacez la tripaille d’origine par un circuit sur mesure (Mostek), l’écran par un afficheur à Led, mettez une alim par batterie, le tout dans une boîte plus petite et vous obtenez … la mythique HP35, celle qui était vendue par annonce dans les journaux !
      La dernière fois que j’ai vu cette ancêtre, elle prenait la poussière en haut du placard d’un labo… J’espère que personne ne l’a jetée…

    3. Quoi qu’il en soit, je peux confirmer que le processeur Intel 8008 a bien vu le jour en 1972.
      J’étais à l’époque au service qualité de la société Honeywell Bull à Belfort et je travaillais avec un ingénieur qui avait préparé un système pour tester les cartes analogique des périphériques(lecteurs de cartes, imprimantes..) basé sur le 8008. Tout était prêt et fabriqué mais nous avons du attendre pour être livré les premiers en Europe de cette petite puce.Les programmes étaient rentrés sur une Teletype par bande perforée binaire et tout cela fonctionnait plutôt bien pour commander les appareils analogiques avec entrées numériques de test.
      Nous utilisions déjà des testeurs General Radio basés sur architecture classique DEC PDP 8 que pour les cartes logiques.
      Il n’y avait encore à ce moment aucun micro ordinateur livrable basé sur cette architecture.

      *

    1. Dans ce cas, adressez-vous aux fora de passionnés ou aux musées des sciences et techniques.

      C’est certes un marché de niche, mais il y aura toujours quelques passionnés pour vous l’acheter ou vous en débarrasser gracieusement.

      1. En français, le pluriel de forum est forums et s’écrit en romain.
        Si vous utilisez le pluriel employé dans une langue étrangère, écrivez ce mot en italique.

  2. <> mouai il faudrait que les gars se posent les bonnes questions 😉 comment une machine peut-elle avoir une étiquette qui date de 1972 avec des composants qui eux ont des dates de productions de 1977, j’ai fouillé sur les photos et les TTL n’ont pas de références antérieurs 😉

  3. J’utilise encore une machine à laver le linge de 1968 dont les programmes sont sur des cartes perforées en aluminium.

  4. Eric
    J’ai un ordinateur portable (14kg) de 1982 de la marque Kay Pro.
    Il fonctionnait sous Cpm (j’ignore ce que cela signifie), me permettait de faire du traitement de texte ainsi que des tableaux sous Multiplan.

    Aujourd’hui je me demande si cela a une quelconque valeur, en dehors du cinéma.

  5. pour ce que veut dire CP/M, c’est là :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Control_Program/Monitor
    Et ça fonctionnait…
    J’ai utilisé plusieurs machines, enfin, déjà catégorisées “antiquités”, sous cet OS, bien “primitif”… Mais bon, à l’époque, pas de virus…
    Juste des “bugs” qu’un développeur a zappé pour aller plus vite…
    Mais bon, déjà à l’époque (années 75-80 et quelques) MS DOS, avec son Windows et MacOS commençaient leur petite “guéguerre”…

  6. Bonjour

    “R2E est un bureau d’étude électronique français, qui a commercialisé en 1973 le Micral, calculateur considéré comme le premier micro-ordinateur de l’histoire, racheté en 1978 par CII Honeywell Bull.” voir Wikipedia (micro-ordinateur R2E) pour les explications détaillées.
    Et oui le processeur 8008 d’Intel a été présenté en avril 1972 (donc intégré plus tard !) et non en 1970 ou 1977 (à lire un commentaire sur l’origine du 8008). Donc le Q1 n’est pas le premier micro du monde avec micro-processeur! Lire Wikipedia intel 8008 : “L’Intel 8008 était l’un des premiers microprocesseurs conçus et construits par Intel et présenté en avril 1972. ”
    Donc il s’agit bien d’un produit français le R2E produit en 1973 qui reste le premier micro-ordinateur du monde. Mr ou Mme la journaliste dans l’intérêt de la diffusion d’une information exacte, pensez à corriger votre article.
    Bonne journée à tous

  7. Deux premiers micro-ordinateurs ?

    En lisant ce topic https://peel.dk/Q1/ il semble que leQ1 ai été vendu en 12/1972 mais aucune information le prouvant n’est donné (acquéreur, contrat, facture, marché public) or que le R2E a été livré 15/1/1973 (donc vendu bien avant puisque c’est un marché d’appel d’offre public de l’INRA en France, je dirais peut être 6 mois avant). Donc là on a une date officielle.

    Le Q1 est peu documenté en ligne. Le modèle présenté par peel.Q1 est un des derniers avec processeur Z80.

    Il est clair que ces bécanes ont fonctionné avant leurs vente mais nous n’avons pas de constat officiel.

    Donc on peut dire que ce sont les 2 premiers micro-ordinateurs du monde.

  8. Correction SVP, le premier micro CPU de n’est pas le 8008 (8 bits donc)mais le Intel 4004.
    Si le Q1 est basé sur un Z80, il ne peut en aucun cas être le premier micro puisqu’il est une réponse de Zilog au 8080
    Son temps de cycle (doc Intel databook) de 2 micro seconde il ne pouvait pas aller au delà de 500 kHz et non 800.

Les commentaires sont fermés.

Mode