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La température des océans continue de grimper, et toute la Terre va en faire les frais

Le phytoplancton, un groupe de micro-organismes exceptionnellement important dans la dynamique climatique et écologique de la planète, souffre de plus en plus du réchauffement des océans – et c’est une très mauvaise nouvelle.

Il n’y a pas que l’atmosphère dont la température augmente de façon inquiétante à la faveur du réchauffement climatique. Cette tendance bien documentée concerne aussi les océans, et elle devient de plus en plus préoccupante depuis quelques mois. L’année 2023 a pulvérisé tous les records, et 2024 s’annonce encore plus exceptionnelle à ce niveau. Un constat qui n’augure rien de bon.

La dynamique que l’on observe actuellement a débuté en mars 2023. Les climatologues et océanologues s’attendaient à une hausse de la température de l’eau ; mais ce paramètre a augmenté bien au-delà de toutes les prédictions, comme le montre la courbe orange sur ce graphique produit par l’Université de Maine, aux États-Unis.

Température Ocean
© University of Maine

Et depuis, la tendance ne s’est pas inversée — bien au contraire. Comme on le constate avec le petit bout de courbe noire en haut du graphique, nous sommes même bien au-delà des niveaux déjà inquiétants de l’année dernière. Une tendance assez terrifiante pour les spécialistes.

Les océans limitent le réchauffement atmosphérique…

Si ces constats sont aussi préoccupants, c’est en grande partie à cause des caractéristiques physiques de l’eau. Elle présente une capacité thermique importante ; en d’autres termes, il faut énormément d’énergie pour faire augmenter la température d’un océan entier. Une différence d’une fraction de degré peut donc être tout à fait significative. Or, en certains points du globe, les chercheurs ont enregistré des anomalies de deux, trois, ou même quatre degrés Celsius !

Si la température des océans augmente ainsi, c’est à cause d’un grand échange de chaleur qui s’opère à l’échelle de la planète. En effet, les océans jouent un rôle de tampon. Ils absorbent environ 90 % du surplus de chaleur transmis à l’atmosphère par l’activité humaine. Si notre Terre ne méritait pas son surnom de Planète bleue, la situation serait donc nettement plus grave.

Mais les océans n’en ressortent pas indemnes. En protégeant ainsi l’humanité de la fournaise qu’elle est en train d’alimenter elle-même, il devient la victime d’un tas de problèmes moins évidents du point de vue des humains, mais tout aussi importants pour l’avenir de notre espèce.

… mais ils en subissent les conséquences

L’océan est le réservoir de biodiversité le plus important de la planète, et bon nombre de ces espèces sont très sensibles aux variations de température. Et il ne s’agit pas seulement des poissons, des crustacés et des coraux. Cela concerne aussi et surtout le phytoplancton, un gigantesque groupe de micro-organismes de la famille des algues.

Plusieurs espèces de phytoplanctons souffrent directement de la hausse de température. Mais ce n’est pas cet impact direct qui est le plus préoccupant. La chaleur accentue aussi ce qu’on appelle la stratification thermique ; les nutriments indispensables à la survie du plancton se retrouvent piégés dans des couches d’eau qui ne sont plus autant brassées qu’auparavant. Cela peut avoir un impact important sur le spring bloom, cette période de croissance massive du phytoplancton qui commence au début du printemps. C’est un phénomène crucial pour le renouvellement de ces micro-organismes.

Spring Bloom
L’ampleur des spring blooms est si importante qu’elle est visible depuis l’espace. Si tout ce phytoplancton venait à disparaître, les conséquences pourraient être dramatiques. © Jeff Schmaltz – NASA Earth Observatory

Or, l’abondance du phytoplancton est un élément exceptionnellement important pour tout le reste de la vie sur Terre, pour plusieurs raisons. Ce sont des organismes photosynthétiques, c’est-à-dire qu’ils sont capables de convertir la lumière du Soleil en énergie chimique. Ce processus est la base sur laquelle repose toute la chaîne alimentaire marine, et pratiquement toutes les autres espèces en dépendent donc directement ou indirectement pour leur alimentation.

Cette photosynthèse joue aussi un rôle vital dans le cycle de l’oxygène global. On estime que le phytoplancton produit environ 50 % de l’oxygène de la planète, soit bien plus que la forêt amazonienne qui est parfois considérée comme le « poumon de la Terre ». Si le phytoplancton disparaissait brutalement, toute la planète se mettrait à suffoquer. Et c’est particulièrement vrai pour les organismes marins, sachant que l’eau chaude peut absorber moins de gaz — et donc d’oxygène — que l’eau plus froide.

À travers cette photosynthèse, ces petites algues affectent aussi le cycle d’un autre gaz importantissime au niveau climatique et écologique : le dioxyde de carbone. En pompant ce gaz, le phytoplancton contribue aussi à la capacité de l’océan à absorber et à séquestrer le CO2. Il joue donc un rôle clé dans l’atténuation de l’effet de serre et de l’acidification des océans — un autre problème qui menace directement de nombreuses espèces animales et végétales.

Une urgence majeure

Et ce ne sont que les exemples les plus évidents. Le phytoplancton est aussi au cœur d’un tas d’autres processus plus subtils, mais tout aussi importants pour la dynamique de notre planète. Tous ces facteurs contribuent à installer un dangereux cercle vicieux climatique et écologique dont les conséquences ne vont faire qu’empirer au fur et à mesure que la température de l’eau va augmenter.

Il va donc impérativement trouver un moyen de limiter la violente poussée de fièvre que nos océans sont en train de subir. Car dans le cas contraire, ce sont les fondations de la vie telle qu’on la connaît qui menacent de s’écrouler.

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2 commentaires
  1. Je ne vois pas à l’instant T avec les guerres comment on va pouvoir limiter.

    Peut être déjà commencer par notre pays et questionner un peu plus les habitants ou proposer des référendum sur divers sujets dont celui-ci.

Les commentaires sont fermés.

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