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NASA : un robot chirurgical opère pour la première fois à bord de l’ISS

Grâce à un robot contrôlé à distance, des chirurgiens ont pu réaliser les premières incisions dans l’espace depuis la Terre. Il ne s’agissait pas d’une vraie opération sur un humain, mais le succès de ce test va permettre d’accélérer le développement de nouvelles technologies médicales pour prendre soin des astronautes qui s’aventureront loin de la Terre.

Pour la toute première fois, une équipe de chirurgiens a réalisé une opération chirurgicale à bord de la Station spatiale internationale en contrôlant un petit robot depuis la surface de la Terre. Certes, il ne s’agissait que d’un test sur des modèles et aucune incision n’a été pratiquée sur un humain en chair et en os. Mais il s’agit bien d’un premier pas dans cette direction.

Ce projet est piloté par l’Université du Nebraska et l’entreprise Virtual Incision. Cette dernière a été cofondée par Shane Farritor, un très grand spécialiste de la robotique appliquée à l’espace. Il a notamment contribué à la conception de Curiosity et Perseverance, les deux rovers martiens star de la NASA.

En parallèle de ses travaux avec l’agence, il s’est trouvé une nouvelle passion : concevoir un robot chirurgical capable d’opérer une personne dans l’espace depuis la Terre. L’engin en question est appelé MIRA, pour Miniaturized In vivo Robotic Assistant.

L’ingénieur Shane Farritor, grand architecte du MIRA, pose à côté de la machine. © Virtual Incision

Un premier test rondement mené

Pour des raisons logistiques évidentes, il est nettement plus petit et moins sophistiqué que les robots de téléchirurgie grâce auxquels les spécialistes peuvent déjà opérer un patient à l’autre bout de la planète. Impossible de transporter et d’installer de tels mastodontes dans les modules étriqués de la station. Mais malgré sa taille, il s’est tout de même révélé très capable.

Ce dimanche, six chirurgiens américains se sont relayés aux manettes de l’engin, qui a été acheminé à bord de la station au mois de janvier dans une capsule estampillée SpaceX. Pendant environ deux heures, ils ont pu tester les rudiments de la chirurgie sur un tissu artificiel composé d’élastiques. Les deux bras du robot ont réussi à saisir, à manipuler, et même à disséquer leur cobaye inerte avec un degré de précision impressionnant. « Cette expérience a été qualifiée de grand succès par tous les chirurgiens et chercheurs impliqués, et il n’y a eu quasiment aucun pépin », a expliqué Virtual Incision.

Un problème de latence, mais des avantages évidents

Cette validation est d’autant plus impressionnante que le système souffre d’une latence significative, avec un délai d’environ 0,85 seconde entre l’action d’un praticien et le mouvement du robot. Intuitivement, cela peut sembler rédhibitoire. Il faut évidemment que le chirurgien puisse réagir au quart de tour si une urgence vitale, comme une hémorragie critique, se manifeste. Dans ce genre de cas, même cette fraction de seconde pourrait faire une différence considérable.

À terme, des technologies de communication plus sophistiquées pourraient permettre de réduire cette latence. Mais si la NASA et les autres acteurs du projet se montrent aussi enthousiastes vis-à-vis de cette approche, c’est surtout parce qu’elle présente aussi des avantages majeurs qui compensent cette lacune.

Même avec un délai, ces interfaces robotiques permettent aux praticiens de réaliser des actes chirurgicaux extrêmement délicats. Ils peuvent travailler avec un degré de précision que même les plus grands artistes du bistouri ne pourraient jamais atteindre à mains nues. Cela ouvre la voie à des procédures qui seraient inenvisageables avec les méthodes traditionnelles.

De plus, les opérations robotiques sont très peu invasives, et reposent sur des incisions plus petites et moins nombreuses. Sur Terre, on constate déjà que cette approche permet de limiter les complications postopératoires et d’accélérer la récupération du patient. Des bénéfices très intéressants dans un environnement aussi isolé et inhospitalier que l’espace, où la moindre infection pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

La médecine, un enjeu majeur de la conquête spatiale

Du point de vue de la NASA, les systèmes de ce genre seront extrêmement importants pour le futur de la colonisation spatiale. En cas d’urgence vitale, il sera évidemment impossible d’envoyer un chirurgien en orbite, ou sur une base lunaire ou martienne, dans un délai raisonnable.

Pour les missions de longue durée, les astronautes devront donc avoir accès à des technologies médicales de pointe directement sur place, et ce test réussi représente un progrès significatif dans cette direction. Il sera très intéressant de suivre l’évolution de ces technologies de soin et de prévention qui permettront aux humains de s’aventurer toujours plus loin de leur berceau.

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