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Ce chien guide robotique aide les aveugles à s’orienter

Grâce à une ribambelle de capteurs et à un système de synthèse vocale dopé à l’IA, ce cyber-toutou peut aider les personnes atteintes de cécité à se déplacer sans risque dans un environnement complexe.

Une des inquiétudes les plus récurrentes par rapport à l’intelligence artificielle, et plus généralement aux machines en tous genres, c’est qu’elles finissent par s’accaparer de nombreux emplois humains avec des conséquences sociétales importantes. Quoi que l’on pense de cette question, on peut désormais affirmer que les animaux ne seront pas épargnés par ce changement de paradigme ; les derniers travaux de l’Université de Glasgow montrent que des chiens guides d’aveugles cybernétiques pourraient se substituer aux bêtes à poil.

En effet, les ingénieurs de l’institution sont en train de développer un engin baptisé RoboGuide, un compagnon robotique à quatre pattes dopé à l’IA. Comme son nom le suggère, son objectif est d’aider des personnes aveugles ou malvoyantes à se déplacer en toute autonomie dans des espaces publics complexes et parfois tumultueux, comme des centres commerciaux ou des hôpitaux.

Des tas de capteurs et un modèle de langage

Pour atteindre son objectif, il est truffé d’une ribambelle de capteurs sophistiqués qui lui permettent de collecter des tas d’informations utiles. Il peut ainsi surmonter toutes les limites qui ont tendance à réduire l’intérêt des autres systèmes de guidage plus traditionnels.

« Les robots qui utilisent le système GPS pour naviguer, par exemple, fonctionnent très bien en extérieur. Par contre, ils ont souvent du mal en intérieur, là où la réception du signal peut s’affaiblir. D’autres utilisent des caméras pour “voir”, mais sont limités par leur champ de vision. Cela leur complique la tâche lorsqu’il s’agit de guider une personne en toute sécurité autour d’un objet ou d’une courbe », explique Olaoluwa Popoola, responsable du projet.

Grâce à ses instruments embarqués, le RoboGuide peut construire une carte en trois dimensions très complète de son environnement. Il s’appuie ensuite sur des logiciels créés par l’équipe pour calculer une trajectoire optimale, à bonne distance de tous les obstacles qui pourraient gêner son propriétaire. Cette route est ensuite adaptée en temps réel pour tenir compte des autres personnes ou objets susceptibles de faire obstruction.

En théorie, il pourrait donc imiter les capacités de perception d’un vrai chien jusqu’à un certain point. Pour le côté interactif qui est souvent un point clé de ces relations à la fois intimes et fonctionnelles, c’est évidemment une autre histoire. Ce n’est pas demain la veille qu’un paquet de silicium sur pattes va remplacer un vrai chien en chair et en os au niveau affectif. Mais les chercheurs de Glasgow ont trouvé une petite parade. L’ordinateur de bord du RoboGuide est doté d’un grand modèle de langage, comme celui qui alimente le ChatGPT d’OpenAI, et d’un système de synthèse vocale. Il est donc capable de comprendre les questions et les commentaires de son propriétaire et de lui adresser une réponse verbale.

Les premiers tests se sont d’ailleurs révélés plutôt concluants. Le cyber-toutou a réussi à guider plusieurs volontaires dans les allées du Hunterian, le plus vieux musée d’Écosse. Et il ne s’agit pas que de navigation : il a même fourni des informations et des éléments de contexte sur les pièces exposées, proposant ainsi une vraie visite guidée.

Une preuve de concept prometteuse

Les retours des volontaires seront précieux pour l’Université de Glasgow. Car les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Désormais, ils veulent généraliser leur système pour qu’il puisse être adapté à n’importe quel type de robot. Le communiqué de l’institution ne précise pas si ces engins se destineront plutôt aux particuliers ou aux institutions ; mais on imagine qu’ils pourraient servir dans les deux cas de figure.

Par exemple, de nombreux établissements publics pourraient bénéficier de tels assistants robotiques spécialisés. Cela concerne évidemment les musées, les expositions, et autres structures culturelles. Mais on pense aussi aux environnements à la fois bruyants et très fréquentés, comme des gares ou des aéroports, ou aux lieux labyrinthiques où même les personnes sans souci de vision ont parfois du mal à se repérer. Ikea, si vous nous entendez…

À l’inverse, on peut aussi imaginer qu’un humain puisse adopter un de ces robots pour qu’il l’accompagne un peu partout, comme un véritable chien guide. Il s’agirait cependant d’un projet beaucoup plus ambitieux. L’engin devrait se montrer parfaitement fiable dans un très grand nombre d’environnements qui présentent des obstacles et des contraintes très différents.

Guérir la cécité, un travail de longue haleine

Quoi qu’il en soit, il s’agit tout de même d’un projet intéressant qui pourrait changer la vie de certaines personnes atteintes de cécité totale ou partielle. Et même s’il n’est pas commercialisé à terme, ces recherches sur les systèmes de perception artificielle pourront toujours contribuer à la création d’autres solutions.

Mais à plus long terme, l’objectif ne sera plus seulement d’améliorer la qualité de vie des personnes qui souffrent d’un problème de vision. Plusieurs laboratoires travaillent déjà sur des systèmes qui, un jour, pourraient véritablement guérir la cécité, notamment chez les personnes qui ne sont pas aveugles de naissance. On se rappelle par exemple qu’en 2021, une femme a pu récupérer partiellement la vue qu’elle avait perdue 16 ans auparavant grâce à un implant cérébral.

La route est encore longue, mais la lutte contre cette affliction progresse de plus en plus vite, et ce sont des progrès qu’il convient de saluer en attendant une véritable révolution médicale.

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