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Un Hyperloop chinois revendique un nouveau record de vitesse

Une entreprise chinoise a récemment présenté les progrès impressionnants d’un prototype de train à lévitation magnétique circulant dans un tube à vide. Elle revendique désormais le record de vitesse dans cette niche technologique sur laquelle l’Oncle Sam s’est cassé les dents de façon spectaculaire.

La chute d’Hyperloop One, en décembre 2023, a été interprétée par de nombreux observateurs comme la mort de ce concept autrefois présenté par certains comme le futur des transports. Mais si les États-Unis semblent effectivement se détourner de l’ancienne lubie d’Elon Musk, d’autres continuent d’y croire dur comme fer. C’est notamment le cas de CASIC, le plus grand producteur de missiles chinois. Selon le South China Morning Post, l’entreprise vient de donner des nouvelles de son train maglev supraconducteur circulant dans un tube à vide — une version chinoise de l’Hyperloop, en somme. Et les premiers tests semblent très prometteurs.

Le terme de maglev est une contraction de « magnetic levitation ». Il désigne des appareils maintenus en suspension par de puissants aimants. Cela permet de se débarrasser de la friction avec le sol qui conditionne les performances de la quasi-totalité des véhicules terrestres. En outre, les engins de type Hyperloop sont aussi censés se déplacer dans un grand tube à vide pour éliminer la friction avec l’air. On se retrouve donc avec un engin capable de filer à une vitesse sidérante, du moins en théorie. Et c’est exactement ce que revendique CASIC.

Un test très prometteur

CASIC étant un prestataire militaire de première catégorie, la plupart des détails techniques sont classés secret-défense. Mais ses porte-paroles affirment que leur prototype, baptisé T-Flight, a réussi pour la première fois à atteindre le stade de la lévitation magnétique stable dans un tube à vide d’environ deux kilomètres de long, l’installation la plus longue de ce genre dans le monde.

https://twitter.com/ChinaScience/status/1727552557793620192

D’après le rapport officiel, le dernier test a montré que le véhicule interagit correctement avec ses rails magnétiques. Il peut s’y déplacer sans friction tout en restant parfaitement verrouillé au-dessus de la piste. De plus, les systèmes de sécurité encore assez rudimentaires mis en place pour l’occasion ont fonctionné de manière satisfaisante.

Mais surtout, les ingénieurs de CASIC ont déclaré que leur embryon d’Hyperloop en avait profité pour battre un record de vitesse. Le chiffre exact n’a pas été dévoilé ; mais il a apparemment surpassé le précédent tenant du titre dans la catégorie des prototypes de maglev supraconducteur, qui avait atteint 626 km/h en octobre 2023.

En d’autres termes, ce test était un beau succès sur toute la ligne. Il montre que les fondations technologiques du projet sont bien en place.

Mais cela ne signifie pas pour autant que des lignes maglev vont bientôt traverser l’arrière-pays chinois de part en part, loin de là. Même s’il s’agit effectivement d’un pas dans cette direction, les ingénieurs ont encore beaucoup de pain sur la planche. Et il s’agit d’un sacré euphémisme.

La route reste longue

Pour commencer, la formulation de l’annonce sous-entend que le prototype n’a pas encore atteint la vitesse attendue. L’un des principaux intérêts de ces engins, c’est qu’ils sont théoriquement capables de franchir la barre des 1000 km/h pour voyager encore plus vite qu’un avion de ligne. Mais c’est un point quasiment anecdotique dans ce cas, car un tunnel de deux kilomètres est de toute façon trop court pour pousser le système dans ses retranchements.

Le vrai enjeu, c’est que même s’il s’agit déjà de sacrés défis d’ingénierie, la lévitation et la propulsion sont en fait les éléments les plus abordables au niveau technique. C’est une chose de faire avancer un tel engin en ligne droite dans un environnement de test très contrôlé ; c’en est une autre d’y parvenir sur une vraie piste relativement tortueuse de plusieurs centaines de kilomètres en tenant compte de toutes les contraintes du monde réel. Le vrai problème avec le modèle de l’Hyperloop, c’est que le diable est vraiment dans les détails — et ils sont très, très nombreux.

Pour passer de la preuve de concept au véhicule fonctionnel, il faudra répondre à des tas de questions discrètes, mais absolument cruciales. Un des exemples les plus connus, c’est la capacité du train à rester parfaitement aligné avec sa piste pendant des tournants à très haute vélocité — un point qu’Elon Musk avait complètement ignoré dans son fameux manifeste (pdf).

Les ingénieurs seront aussi confrontés à un tas de problèmes d’ordre thermique. Même dans ce genre de tube à vide, il reste une petite concentration d’air qui se retrouve compressé à l’avant du véhicule, ce qui peut provoquer des dégâts structuraux et affecter la stabilité du train. Même constat pour le freinage. Lorsqu’un Hyperloop ralentit, la quantité massive d’énergie cinétique accumulée est convertie en chaleur qui doit impérativement être dissipée. Il faut aussi maintenir une température raisonnable dans ces fameux tubes à vide tout en conservant une pression faible lors du passage du train entre les différentes sections.

Et il ne s’agit que de quelques exemples isolés. En somme, il faudra surmonter une ribambelle d’autres obstacles techniques au niveau du véhicule en lui-même, et surtout de son infrastructure. Et c’est sans parler du fait que le versant économique de la question sera probablement tout aussi complexe à résoudre que la partie purement technique.

La Chine et les trains à grande vitesse, une vraie histoire d’amour

En attendant d’avoir plus de détails ou des démonstrations concrètes d’un système mature, la vraie conclusion, c’est que la Chine semble toujours aussi déterminée à peaufiner ce concept que les États-Unis semblent avoir plus ou moins mis en suspens pour le moment. Ce projet s’inscrit dans la stratégie à long terme du pays, qui construit des lignes à grande vitesse à un rythme affolant depuis quelques années. C’est d’ailleurs un point sur lequel les diplomates chinois ont tendance à taquiner leur grand rival, dont l’infrastructure ferroviaire civile est absolument rachitique.

Il sera donc très intéressant de voir comment le concept de CASIC et les autres projets du genre vont progresser à court et moyen terme. Car il y a quelques années, le monde des transports n’avait d’yeux que pour les annonces exubérantes d’Elon Musk. Mais plus le temps passe, plus il semble que cette révolution annoncée des transports pourrait émerger de l’autre côté du Pacifique.

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2 commentaires
  1. Il reste de gros sujet problematique tres loin devant ce probleme de vitesse ou de “ligne droite”.
    Le premier probleme et le plus important est le vide. Il n’arrive pas à faire un vide total sur 2km alors sur 100Km… ou plus… pour l’instant ca reve de l’impossible encore plus que d’atteindre les 1000km/h.
    On a aussi le probleme d’energie. Comment alimente ton un train qui n’est connecté à rien sur de longue distance?
    Probleme de chaleur. Comment refroidi t-on autant d’élément sur une si longue distance?
    Probleme d’oxigene. Comment vont respirer les passagers? Quel impact sur le corp pour une tel vitesse? Que vont-il faire dans un tube vide si le train s’arrete?
    Probleme de voies. Il faut de petits tubes pour faire le vide, impossible de mettre plusieurs trains donc il va falloir faire bcp plus de voies que sur un rail classique.
    etc etc.

Les commentaires sont fermés.

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