Dans les transports en commun, dans la rue ou encore au cinéma et au restaurant, nous sommes vissés à nos téléphones. La pratique n’est pas sans risque, mais elle n’est pas récente. En 2015 déjà, un groupe de jeunes linguistes allemands popularisaient le terme “smombie“, contraction des mots “smartphone” et “zombie”. L’image est parlante : à trop avoir le nez penché sur leur téléphone, certains vont jusqu’à oublier ce qui les entoure, quitte à se mettre en danger.
Une ville française interdit les smartphones dans la rue
Pour lutter contre le phénomène du smombing, mais aussi pour protéger les enfants d’une surexposition prématurée aux écrans, la commune de Seine-Port, en Seine et Marne, a eu une idée plutôt radicale : faire interdire les smartphones dans l’espace public. Ce week-end, les habitants étaient invités à voter, à l’occasion d’un référendum municipal. L’évènement a mobilisé quelque 300 votants sur les 2000 que compte la ville. Le résultat est serré, mais il tranche finalement en faveur d’une interdiction des téléphones sur la voie publique, avec 54% des voix (146 “oui” contre 126 “non). Une victoire, estime le maire, Vincent Paul-Petit (LR) au micro du Parisien : “Je m’attendais à un écart plus grand. C’est tellement intrusif. Les gens ont l’impression qu’on se mêle de leur vie. Je ne veux pas ça ! Mais il y a un problème de santé publique. Il faut les aider“.
Ce référendum va permettre de créer une charte des écrans, destiné à pousser les jeunes (et les moins jeunes) à quitter leurs smartphones au profit d’autres activités. La mairie, de son côté, a annoncé la création d’un arrêté municipal, applicable devant les écoles, dans les commerces, et même dans les espaces publics ouverts. En contrepartie, la ville s’est engagée à créer un nouvel espace sportif et un ciné-club pour ses habitants.
Un coup de com’ plus qu’autre chose
L’idée derrière cette initiative est intéressante, d’autant plus qu’elle n’est pas dénuée de fondement. En France, ce sont 475 piétons qui ont trouvé la mort à cause de leur smartphone rien que sur l’année 2018. Chez les plus jeunes, l’âge d’obtention du premier smartphone serait de son côté intimement lié à l’état de leur santé mentale une fois adultes.
Reste que cet arrêté pris par la ville de Seine-Port est plus symbolique que punitif. L’interdiction déclarée par la mairie va devoir compter sur la bonne foi de ses habitants, puisqu’aucune sanction n’est prévue en cas de manquement. De son côté, la mairie reconnaît une opération forte, avant tout destinée à déclencher une prise de conscience collective, tout en armant les parents face au temps d’écran parfois excessif de leurs adolescents.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
“En France, ce sont 475 piétons qui ont trouvé la mort à cause de leur smartphone rien que sur l’année 2018.”
Je suppose que cette statistique, pour être énoncée ainsi, correspond bien à des piétons morts de leur propre faute (par ex. en tombant dans des escaliers, ou renversés en dehors d’un passage-piéton par un véhicule dont le conducteur était *parfaitement* attentif), et pas en raison d’un autre usager de la route qui faisait preuve de négligence (scooter ou trottinette à fond sur le trottoir, automobiliste qui dormait, a forcé le passage, ou regardait ses messages-hyper-importants en roulant, etc.), car sinon, c’est malhonnête.
Je suis parfaitement conscient qu’un piéton rivé sur son téléphone se déplace n’importe comment, mais n’oublions pas qu’une voiture est mortelle pour tout piéton ou cycliste qui se trouve sur sa trajectoire, même à faible vitesse: il n’y a pas que le piéton qui doit être éduqué. Il y a beaucoup trop de conducteurs qui regardent leur téléphone en roulant, en ville, hors agglo ou sur autoroute. “Non, mais je regarde juste une seconde” ou “désolé, je n’ai pas vu sur le passage-piéton, il a forcément surgi de nulle part” sont des excuses minables.
a chaque époque son grand méchant : après la TV, Récré A2, les animes, les jeux vidéo, internet… le smartphone.