L’écriture à la main favorise l’apprentissage, selon une étude

Il est bien connu que le fait d’écrire des informations est un exercice essentiel lorsqu’il s’agit d’apprendre — mais toutes les méthodes ne se valent pas. C’est en tout cas la conclusion d’une étude de l’Université des Sciences et Technologies de Norvège qui suggère que lorsqu’il s’agit d’assimiler des informations, rien ne vaut un bon vieux stylo.

Ces travaux ont été motivés par le constat d’une tendance qui ne cesse de progresser dans le monde de l’éducation. Dans les pays développés, de plus en plus d’étudiants ont tendance à délaisser la prise de notes manuelle au profit des claviers, tout particulièrement l’enseignement supérieur.

À première vue, l’intérêt de cette démarche peut sembler évident. Avec un peu d’entraînement, il est généralement possible de taper beaucoup plus vite que l’on écrit à la main. En théorie, cela permet donc d’enregistrer beaucoup plus d’informations dans un intervalle de temps donné, ce qui peut faire une vraie différence dans un cours magistral extrêmement dense à l’université.

Mais la plupart des pédagogues s’accordent à dire que cette vision purement volumétrique ignore plusieurs paramètres importants pour juger de la qualité de l’apprentissage. Depuis plusieurs années, de nombreux chercheurs ont donc tenté de trouver une réponse objective à cette question.

Le problème, c’est que leurs conclusions varient considérablement. Certaines études suggèrent effectivement que l’écriture à la main apporte des bénéfices significatifs au niveau cognitif, et qu’elle facilite la rétention des informations. D’autres, en revanche, considèrent qu’elle n’est pas objectivement plus efficace que l’écriture au clavier. Pour les partisans de cette thèse, les différences constatées sont surtout une question d’affinité et de méthodologie personnelle.

Des cerveaux d’étudiants passés au crible

Pour tenter d’y voir plus clair, les chercheurs norvégiens ont fait appel à un groupe de 36 étudiants de leur université. Ces volontaires ont été installés devant un écran où des mots défilaient en continu. Ils devaient ensuite recopier ces mots soit à l’aide d’un stylet sur une tablette, soit avec un clavier.

Pendant ce temps, l’équipe a réalisé des électroencéphalogrammes à haute densité (EEG HD). Ce sont des enregistrements très précis de l’activité cérébrale. Ils permettent d’observer en temps réel des motifs qui reflètent différents processus cognitifs, notamment au niveau du cortex frontal qui gère la logique et le raisonnement. Grâce à ces ressources, ils comptaient vérifier s’il existait une différence neurologique entre les deux approches.

Et lors de l’analyse des données au terme de l’expérience, une tendance très claire a vite émergé. Les chercheurs ont constaté que l’écriture manuelle générait une activité cérébrale plus intense. Et surtout, ils ont observé que cette méthode impliquait des régions bien plus larges du cerveau.

« Cette connectivité cérébrale à grande échelle est connue pour être cruciale dans l’établissement de la mémoire et dans l’encodage de nouvelles informations », expliquent les chercheurs. Par conséquent, l’équipe a conclu que l’écriture à la main représentait une vraie valeur ajoutée dans l’assimilation des informations ; l’action de former soigneusement des lettres participe directement à d’apprentissage.

« Nos découvertes suggèrent que les informations visuelles et motrices qui résultent de mouvements précisément contrôlés de la main contribuent largement aux motifs de connectivité cérébrale qui favorisent l’apprentissage », explique Audrey Van der Meer, co-auteure de l’étude.

Deux méthodes complémentaires

Il convient toutefois de prendre ces résultats avec des pincettes, car cette étude comporte des limites non négligeables. Pour commencer, ce corpus de 36 cobayes est trop petit et trop homogène pour que l’on puisse rigoureusement extrapoler ces conclusions à l’ensemble de la population. De plus, il s’agissait uniquement de participants qui disposaient déjà d’un niveau d’éducation relativement avancé. En outre, le processus a ignoré certains paramètres potentiellement importants comme l’état psychologique et les habitudes des sujets.

Les résultats pourraient donc varier considérablement avec un groupe plus étendu et des profils plus variés. Les chercheurs estiment toutefois que la tendance était suffisamment claire pour être significative.

En revanche, ils n’affirment en aucun cas que tous les étudiants devraient laisser leurs ordinateurs sur la base de cette étude. Ce n’est pas parce qu’ils sont fainéants qu’ils utilisent autant ces outils aujourd’hui; ils offrent des avantages indiscutables dans certains cas. Ce qu’il faut retenir de ces travaux, c’est qu’il pourrait être intéressant d’encourager l’écriture manuelle lorsqu’il s’agit d’intégrer certaines informations importantes ou de s’approprier une idée. Si un concept en particulier vous mène la vie dure lors de vos études, essayez donc de laisser une chance à votre bon vieux crayon. Après tout, l’adage dit bien que la plume est plus forte que l’épée ; il pourrait donc bien s’agir de l’arme qui vous manque pour dompter votre Némésis universitaire !

Le texte de l’étude est disponible ici.

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