Une Batmobile à la sauce espagnole
Les concepts-cars sont un peu la haute couture de l’automobile. L’idée est de tester la réaction du public en lui présentant un ensemble de pistes potentielles. Les retours permettront au constructeur de suivre certaines idées et d’en lâcher d’autres.
La DarkRebel est forcément remarquable. Le design est agressif, nous sommes chez Cupra, c’était prévisible. Rappelant la Mercedes SLR d’antan pour l’avant, elle tente d’offrir une surface brute au travers de laquelle la lumière apparaît. La calandre se termine par une sorte de lame lumineuse dont la lumière varie selon votre profil. Lame qui ressort au niveau du diffuseur arrière en offrant le même rayonnement.
Le profil de la caisse puise dans le break de chasse et plus particulièrement la Lamborghini Flying Star II. Le break de chasse, concept ressuscité également par BMW et le concept Touring Coupe est une sorte de coupé sport au pavillon moins plongeant et à seulement 3 portes. Enfin deux et un hayon.
Les feux disparaissent entièrement sous la carrosserie, donnant l’impression d’une énorme pièce de métal sculptée. Les portes en élytre sont là pour la forme et pour le style.
Un intérieur façon Alien croisé avec le set-up d’un streameur
L’intérieur est tout aussi original. Le maitre mot était : ne pas faire comme Tesla, mais offrir un intérieur dépouillé. Soit. Les goûts dépendront de chacun, mais la console centrale qui fusionne avec la planche de bord dans un style organique inspiré d’alien est « spéciale ». Il faudra d’ailleurs s’y habituer puisqu’on retrouvera cet aspect dans les intérieurs des prochains Terramar et Tavascan.
Mais le plus intéressant n’est pas ce volant façon Audi R8 qui s’illumine de mille leds. Enfin si, mais nous y reviendrons dans quelques secondes. C’est surtout cet étrange écran composé de Leds comme celles des écrans publicitaires, qui surplombent toute la planche de bord. Il sert à jouer, littéralement. Car l’inspiration de Cupra a été l’univers du jeu vidéo. Ainsi, l’écran panoramique mime les écrans larges de gaming type Samsung Odyssey. Les leds qui s’illuminent dans tous les sens sont directement issues des configs « tuning » de PC gaming.
Quant aux deux joysticks sur le volant, ils permettent, via certaines manipulations, de lancer différents modes de conduite, dont un mode boost à l’instar d’un Burnout.
Le jeu vidéo et les gamers dans la ligne de mire
Comme nous l’avions évoqué avec notre reportage sur la Cupra Exponential Experience, le constructeur espagnol cherche à exister sur un marché morose tout en gérant le fait d’être tributaire de Volkswagen (plateformes, pièces, moteurs, technologie) et la marque est jeune et n’a donc aucune histoire.
À partir de là, la marque a arboré une stratégie permettant de gagner du temps : viser les futurs clients. Ceux qui sont jeunes, qui ont troqué la TV pour Twitch, qui échangent par message et sur les réseaux sociaux, plutôt que par vocaux. Sauf lorsqu’ils jouent en ligne. Pourquoi gagner du temps ? Le temps que le marché sache sur quel pied danser. Ce qui nous amène au final de cette présentation : le volant, les modes boosts, les avatars et les RS. L’énorme écran incurvé ne sert pas à afficher le GPS, mais plutôt la MAP de votre communauté Cupra. On passera sur le RGPD et l’intérêt de la chose. Il s’agit d’un concept car. De la vision du constructeur et surtout de ce que Cupra ferait sans aucune contrainte.
Il est ainsi possible de créer son avatar et de constituer une équipe de conducteurs. Comme The Crew. L’écran au-dessus du volant sert à afficher les infos nécessaires, dont le GPS.
Cupra a même envie de proposer des rencontres entre membres Cupra. Une idée louable et faisable, très inspirée du jeu vidéo certes, mais également des « rassos » de fans d’automobiles. Ce mode offre la possibilité de voir où se trouvent les autres membres en temps réel. De là à donner envie d’être le premier arrivé, il n’y a qu’un pas. Nous doutons de l’intérêt d’une telle approche dans un monde réel qui n’est pas un jeu et où les accidents en ville comme sur la route peuvent être dramatiques.
Sur ce volant justement, les boutons peuvent prendre différentes positions et activer divers modes.
Il nous a même été possible de découvrir la simulation du mode Boost, qui nécessite une manipulation ludique et simple, faisable à l’aveugle (donc avec des boutons physiques) et servant à renforcer la sensation de vitesse. Pourquoi pas. Lors d’un dépassement, cela pourrait procurer un peu de fun.
Nous restons toutefois dubitatifs. L’univers du jeu vidéo cherche à s’affranchir des contraintes et limites du monde réel. Il paraît difficile d’en extraire la quintessence pour l’intégrer à un objet pointé du doigt comme source de tous les maux. Est-ce que cela suffira à Cupra pour survivre ? Est-ce que Tesla n’a pas réussi, sans le vouloir, à offrir cette approche sans pour autant s’éterniser dessus ? Alors que l’industrie automobile ne sait plus sur quel pied danser et que l’Europe et la Chine se tirent dans les pattes, fragilisant un peu plus un marché sur le déclin, il est difficile d’imaginer qu’un constructeur misant sur l’avenir ne s’accroche qu’aux gimmicks d’un monde qui se veut en marge de tout ça.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car ce Cupra DarkRebel est sacrément séduisant et c’est, finalement, ce qu’on attend aussi et surtout d’un concept, car.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.