Aujourd’hui est un grand jour pour le Japon, qui est devenu le cinquième pays au monde à poser une sonde sur la Lune. Un succès historique d’autant plus impressionnant qu’il s’agissait d’une mission extrêmement délicate. Mais si l’engin est bel et bien arrivé à la surface de notre satellite sans s’écraser, la JAXA n’est pas encore tout à fait à l’abri d’une déconvenue.
Le véhicule, baptisé SLIM (pour Smart Lander for Investigating Moon), a décollé le 6 septembre dernier avant de s’insérer en orbite de la Lune le 25 décembre. Aujourd’hui, aux alentours de 16 heures, il a enfin entamé sa descente vers la surface, où il devait se poser avec une précision très importante.
Un vrai « sniper lunaire »
En effet, ce n’est pas un hasard si SLIM est surnommé le « sniper lunaire ». Alors que la plupart des alunisseurs visent généralement une ellipse de plusieurs centaines de mètres à quelques kilomètres de long, l’engin japonais est conçu pour toucher sa cible avec une marge d’erreur inférieure à 100 mètres. C’est un peu comme si la JAXA cherchait à envoyer une fléchette dans le rond central d’une cible à plusieurs dizaines de mètres depuis un véhicule en mouvement.
Et comme si cela ne suffisait pas, la JAXA visait également une zone difficile d’accès. Les agences spatiales ciblent généralement de vastes plaines aussi peu accidentées que possible, histoire d’éviter les cratères et les pentes qui pourraient faire basculer l’engin. Mais SLIM visait spécifiquement une zone inclinée à plus de 15° afin de tester une nouvelle méthode d’atterrissage en deux temps. Deux amortisseurs devaient toucher la pente avant de mettre toute la structure en rotation pour stabiliser la sonde sur le sol lunaire.
https://twitter.com/ISAS_JAXA_EN/status/1748254123366252590
L’alunissage est un succès…
La JAXA a confirmé que le Deep Space Network — le réseau de communication spatial de la NASA — a bien reçu un signal de SLIM depuis la surface de la Lune, et que l’engin continue de communiquer activement.
Cela confirme donc qu’il a bien réussi son alunissage de haute précision et qu’il s’est posé sans être pulvérisé, contrairement à son prédécesseur Hakuto-R qui n’a pas réussi à freiner à temps en avril dernier. Par conséquent, le Japon est devenu la cinquième nation à poser un engin sur notre satellite après l’URSS, les États-Unis, la Chine et l’Inde, et l’objectif principal de la mission a été validé.
… mais la sonde a peut-être souffert
Mais à l’heure où ces lignes sont écrites, l’agence spatiale japonaise s’abstient encore de célébrer un succès total. Et pour cause : si SLIM est effectivement arrivé à destination, on ne sait pas encore dans quel état.
En effet, une brève perte du signal suggère que l’engin a trébuché au moment du contact avec la surface, à cause d’une vitesse trop importante ou d’un retard dans l’extinction des propulseurs. Au lieu de se stabiliser, il est possible qu’il ait roulé plus loin que prévu. Certains instruments et les deux rovers embarqués à bord pourraient donc avoir été endommagés.
https://twitter.com/coastal8049/status/1748376395854782722
Les panneaux solaires restent muets
Les données fournies par les capteurs montrent en tout cas que ses panneaux solaires ne produisent pas d’énergie. Par conséquent, l’engin fonctionne sur batterie pour le moment. La JAXA a pris l’initiative de désactiver tous les instruments à l’exception du système de communication grâce auquel elle espère récupérer des données de navigation. Ces dernières seront précieuses pour analyser la situation.
Reste à savoir pourquoi ils ont cessé de fonctionner. Il y a plusieurs explications possibles. La première, c’est qu’ils soient endommagés de manière irréversible. Dans ce cas, la mission de SLIM va probablement s’arrêter là, à moins qu’un des deux rovers ne donne signe de vie.
La seconde, c’est que les panneaux photovoltaïques sont restés intacts et sont simplement orientés du mauvais côté.
Si l’engin a roulé sur lui-même et que les panneaux pointent vers la surface, la conclusion sera donc la même que dans le cas précédent. Mais ils pourraient aussi être orientés du côté ouest, c’est à dire à l’opposé du Soleil à cette heure-ci. Le cas échéant, les panneaux photovoltaïques devraient être illuminés à la levée du prochain jour lunaire, dans deux semaines.
Dans l’idéal, l’engin pourrait donc recommencer à produire de l’énergie, ce qui permettra de faire fonctionner quelques instruments pour continuer la mission. Mais c’est tout sauf une garantie, car le matériel va devoir passer plus de dix jours dans les conditions impitoyables de la nuit lunaire, à une température d’environ -200 °C.
La JAXA va continuer de collecter autant de données que possible d’ici à ce que Slim arrive à court de batterie. Les représentants de l’agence ont promis d’apporter plus de précisions lors d’une nouvelle conférence de presse dès qu’ils auront eu le temps d’analyser les premiers relevés.
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