Sur le petit ou le grand écran, la suprématie d’Hollywood n’est plus à démontrer. Les États-Unis savent exporter leurs divertissements comme personne, investir bien des territoires pour faire briller leur vision du monde. Au jeu du “soft power”, le pays de l’Oncle Sam semblait être indétrônable. Néanmoins, depuis la pandémie, l’industrie américaine accuse une chute nette de sa croissance. Alors que 722 saisons de séries télévisées avaient été commandées en 2019, elles n’étaient plus que 418 en 2023. Une nouvelle étude d’Ampere Analysis, relayée par Deadline, évoque un “déplacement d’Hollywood” à l’ère du streaming. Retour sur ce phénomène.
Une pandémie et une grève sans précédent
En 2019, l’industrie culturelle avait atteint des sommets financiers. Les salles obscures affichaient une année de tous les records, bien aidées par des cartons indéniables chez Disney notamment. Entre Avengers : Endgame, Star Wars : L’Ascension de Skywalker ou encore Joker, les mastodontes d’Hollywood s’étaient montrés particulièrement présents. Sur le petit écran, de nombreux événements télévisuels avaient réuni des spectateurs à travers le monde. L’on peut citer Game of Thrones, qui avait battu un record d’audiences pour son grand final. On peut également noter l’arrivée de nouveaux acteurs sur le secteur de la SVOD, comme Disney+ et Apple TV+ qui avaient signé leur lancement avec un catalogue déjà fourni.
L’année 2019 avait ainsi été l’occasion pour ses deux concurrents de Netflix de préparer leur entrée dans la danse, en produisant des séries inédites. En 2020, bien que la production ait été largement ralentie par la crise sanitaire, le secteur affichait une croissance importante. Les services ont profité de la fermeture des salles obscures pour s’inviter dans les salons du monde entier, laissant présager d’une hausse du nombre de séries produites au cours des prochaines années. Selon Ampere Analysis, la réalité a été bien différente. Les saisons produites sur le territoire américain sont presque deux fois moins nombreuses qu’il y a quatre ans.
La grève des scénaristes et des acteurs, qui a paralysé l’industrie pendant plusieurs mois, pourrait expliquer ce recul. Néanmoins, selon Ampere Analysis, ces chiffres ne devraient pas repartir à la hausse maintenant qu’une résolution du conflit a été trouvée. Selon l’entreprise, l’on assiste à la “fin brutale du pic télévisuel”. Si cette forme de divertissement continue d’être prisée à travers le monde, Hollywood doit désormais partager le marché avec d’autres territoires.
Le streaming se lance à l’international
“Le déclin provient davantage des services de SVoD”. Entre 2022 et 2023, Netflix a fait passer son nombre de saisons produites sur le sol américain de 107 à seulement 68. Cette tendance s’applique aussi à ses concurrents directs, Peacock a réalisé 20 saisons de moins que l’année passée, Hulu 11, tandis que Max affiche un nombre inférieur de neuf saisons contre quatre pour Paramount. Seul Prime Video a maintenu son nombre de séries sorties en 2023. 2024 devrait être “encore plus léger pour presque tous les acteurs de la SVoD”. Les catalogues vont-ils être moins importants pour autant ? Pas vraiment à en croire le rapport, qui met en lumière l’impact d’une nouvelle tendance, démocratisée par Netflix.
Si la plateforme continue d’investir dans la création de nouvelles œuvres télévisuelles, elle ne le fait plus essentiellement par le biais des entreprises américaines. Les succès de Lupin, Squid Game et La Casa de Papel ont donné des idées au leader du secteur. Ces séries non-anglophones se sont incroyablement bien exportées, poussant l’entreprise à nouer d’importants partenariats pour faire éclore de nouveaux divertissements locaux. En 2023, 327 séries produites par Netflix l’ont été au-delà des frontières américaines, contre 257 à domicile. Jusqu’ici, l’écart n’est pas très important. À mesure que le public cède aux sirènes des productions internationales, Netflix et ses compères actent un changement de stratégie.
En 2024, Ampere Analysis s’attend tout de même un rebond du nombre de saisons américaines commandées. Les spectateurs devront néanmoins s’attendre à un catalogue beaucoup moins américain qu’à l’habituée. La majeure partie de ces nouveautés sera proposée en 2025, comme pour la prochaine saison de Stranger Things ou encore Mercredi pour ne citer qu’elles.
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