Le nouveau budget de l’Agence spatiale européenne a été officialisé, et il atteint désormais un montant record de 7,79 milliards d’euros — soit 10 % de plus que l’an passé. Une bonne nouvelle, dans un contexte où 2024 s’annonce comme une année charnière à plusieurs niveaux.
Ce montant est encore largement inférieur à celui de l’Agence spatiale nord-américaine, qui a bénéficié de 25,4 milliards de dollars (23,2 milliards d’euros) sur l’année fiscale 2023. Mais la dynamique est plutôt du côté européen. Alors que l’agence du Vieux continent affiche une croissance à deux chiffres, de nombreux observateurs s’attendent à ce que le budget de la NASA stagne — voire baisse — en 2024.
La France, troisième contributeur derrière l’UE et l’Allemagne
Comme à l’accoutumée, c’est l’Union européenne qui reste le principal mécène de l’ESA. L’institution participe à hauteur de 23,4 %, soit un peu plus d’1,8 milliard d’euros.
Juste derrière, on retrouve le quatuor de pays qui occupe traditionnellement la tête du classement des principaux contributeurs. En 2024, c’est l’Allemagne qui arrache la première place avec une enveloppe d’1,17 milliard d’euros. La France, fief d’Arianegroup, arrive juste derrière avec 1,05 milliard d’euros. On trouve ensuite l’Italie (965 millions d’euros) et le Royaume-Uni (449 millions d’euros). A eux seuls, ces quatre pays représentent donc plus de 43 % des contributions totales.
L’observation de la Terre à l’honneur
La plus grosse partie de ce beau pécule sera consacrée à l’observation de la Terre. Ce secteur aura droit à 30,5 % du pactole total, soit 2,37 milliards d’euros. Cette enveloppe servira à l’entretien et aux opérations des nombreux satellites qui surveillent déjà la Terre, notamment à des fins de lutte contre le réchauffement climatique. Cela permettra également de déployer de nouveaux engins toujours plus perfectionnés pour garder un œil sur la totalité de notre planète.
Le second poste de dépense concerne la navigation ; ce domaine bénéficiera d’une enveloppe de 1,05 milliard, soit 13,5 % du budget total. Cela permettra notamment de continuer d’étoffer la constellation de satellites Galileo, l’équivalent européen du système GPS.
Une enveloppe bien garnie pour Ariane 6
Juste derrière, avec 13,3 % du budget (1,03 milliard), on trouve le transport spatial. Cette somme couvre en premier lieu le développement et les opérations d’Ariane 6. Le futur fer de lance de l’aérospatiale européenne devrait enfin faire ses grands débuts cette année, au grand soulagement de l’ESA et des futurs clients qui l’attendent comme le messie.
Cette enveloppe ne sera pas de trop pour faire sortir l’Europe de la crise des lanceurs qu’elle traverse depuis la retraite de la formidable Ariane 5, après trente ans de bons et loyaux services. Une très bonne nouvelle pour l’autonomie stratégique de notre région.
En parallèle, une partie de ce montant devrait aussi servir au développement d’une nouvelle génération de lanceurs réutilisables. Dans l’idéal, cela permettra à l’Europe de rester compétitive dans cet écosystème où la plupart des cadors sont déjà en train d’embrasser ce nouveau paradigme.
36% supplémentaires pour l’exploration spatiale
Vient ensuite l’exploration humaine et robotique, qui a droit à 873 millions d’euros (11,2 % du budget). Il est intéressant de constater qu’il s’agit de l’enveloppe qui a le plus grossi, avec une hausse de 36 % par rapport à l’année dernière. Cela permettra de concevoir des sondes spatiales et des robots d’exploration toujours plus sophistiqués. L’agence et ses partenaires pourront aussi puiser dans ces ressources pour poser les fondations nécessaires à la conquête d’autres planètes par les astronautes européens.
En parallèle, l’ESA va aussi consacrer 525 millions (6,8 % du budget) aux activités qui relèvent de la communication spatiale. De quoi permettre à tous ces engins de communiquer entre eux et avec la Terre, notamment pour rapatrier de précieuses données scientifiques. Le programme de recherche fondamentale, de son côté, bénéficiera de 632 millions d’euros (8,1 % du budget).
Un budget commercial encore timide
L’agence va aussi réserver 273 millions (3,5 % du budget) à la sécurité spatiale. Ces fonds viendront surtout alimenter des programmes qui ont vocation à désengorger l’orbite terrestre, en nettoyant tous les débris qui pourraient un jour constituer un obstacle à l’exploration spatiale.
Enfin, 112 millions sont attribués à la commercialisation, c’est-à-dire aux différents partenariats de l’agence avec des acteurs du domaine privé. Ce type de collaboration est en train de devenir de plus en plus important à l’échelle mondiale, comme on le constate avec l’écosystème privé florissant des États-Unis. A ce niveau, l’Europe affiche encore un retard très important, malgré sa volonté revendiquée d’encourager cette dynamique. Il sera donc très intéressant de voir comment cette somme sera utilisée, et surtout, comment elle va évoluer d’ici la fin de la décennie.
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