Le jour que de nombreuses personnes attendaient est enfin arrivé. Bobby Kotick, qui était à la tête d’Activision Blizzard durant des années, vient de quitter son poste. Après plusieurs plaintes pour agressions sexuelles et environnement de travail toxique, il va sans dire qu’il ne sera pas regretté par une grande partie des employés, surtout la gent féminine. On ne s’attendait pourtant pas à ce que les langues se délient autant dès le premier jour de son absence.
Une ancienne employée, développeuse sur Call of Duty, a posté sur X une série de messages décrivant avec hargne les méthodes de travail de Bobby Kotick. Christina Pollock, qui a travaillé deux ans chez Demonware, explique : “Les décisions de Bobby ont aggravé nos jeux. Au cours de mon premier mois, on a appris qu’il avait menacé de faire tuer un employé. Lors de la réunion du personnel qui a suivi, personne n’a voulu prendre la parole en premier. J’ai donc demandé son licenciement devant tout le monde.”
i worked on COD for two years as a programmer at demonware
bobby's decisions made our games worse
in my first month it came out he threatened to have an employee killed. in the all-hands that followed, no-one wanted to speak first. so i demanded his firing in front of everyone https://t.co/yhlM5xqPPg
— christina 死神 (@chhopsky) December 29, 2023
La nécessité d’agir contre les comportements néfastes
Suite à cette révélation, Christina Pollock continue en reconnaissant la difficulté de dénoncer ce genre d’acte. Bien qu’elle ait tenté d’agir en interne, elle aura tout de même attendu la fin du contrat du dirigeant pour partager au monde son expérience, ce qui démontre une certaine appréhension pour ce genre d’affaires. Cela fait plusieurs années que les plaintes à l’encontre de Bobby Kotick ont été déposées, mais depuis, aucune sanction n’avait été appliquée. C’est d’ailleurs le cas pour plusieurs autres développeurs de la firme dont les actes avaient été reconnus et prouvés. Dans la suite de ses messages, la programmeuse continue :
“Les jeunes ne se sentiront pas en sécurité tant que leurs dirigeants ne l’auront pas fait en premier. Nous n’avons peut-être pas de syndicats, mais nous avons du pouvoir si nous travaillons ensemble. […] Posez la question qui fâche lors de la réunion plénière, soyez bref, direct, précis et ne laissez pas de place à la tergiversation dans la réponse. Posez la question de manière claire et directe, sans colère, afin qu’ils ne puissent pas attaquer votre réponse. Ils ne répondront pas, mais tout le monde le verra.”
La culture de la toxicité
Il serait faux de penser qu’un environnement de travail toxique ne touche que les femmes. Selon le témoignage d’Andy Belford, un autre développeur qui a lui travaillé sur la franchise Overwatch, profite de l’occasion pour raconter une anecdote tout aussi problématique. Il décrit une scène qui date de la sortie d’Overwatch 2 sur Steam :
“Lorsque nous avons planifié le lancement d’OW2 sur Steam, mon équipe a prévenu (des mois à l’avance) que nous allions être bombardés de critiques. Nous avons supplié pour plus d’informations, plus de détails, et plus de ressources pour nous aider avec l’afflux anticipé, et tout cela a été catégoriquement refusé. […] A la question de savoir qui a pris la décision de lancer le jeu sur Steam sans aucune aide supplémentaire : Bobby.
Ce n’est qu’un exemple de la culture que Kotick a fait naître chez AB : la merde coulait en aval, atterrissant généralement sur les personnes les moins bien payées et les plus surchargées de travail. La direction était trop occupée à réagir à des orientations et à des décisions qui n’avaient aucun sens. En fin de compte, l’expérience du joueur/travailleur ne signifiait rien pour la direction. Tout ce qui comptait, c’était l’appel aux bénéfices du trimestre en cours.”
This is only one example of the culture Kotick bred at AB: shit flowed downstream, usually landing on the lowest paid and most overworked individuals. Management was too busy reacting to wildly vacillating direction and decisions that made zero sense.
— Andy Belford (he/him) 💙 (@andybelford) December 29, 2023
Il explique notamment que son équipe a été mise face à des contenus et commentaires toxiques, provenant des joueurs, pour une simple décision d’organisation alors même qu’il a spécifiquement demandé à ce que ce ne soit pas le cas. Cette époque est désormais derrière les développeurs. Activision Blizzard a effectivement été racheté par Microsoft l’année dernière, et les studios du groupe devraient très bientôt revenir sur la direction du responsable des Xbox Games Studios.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
Je recommande la vidéo de “TheGreatReview” sur COD qui montre bien l’ambiance toxique que pouvait instaurer ce gars-là… Et je recommande sa chaîne YouTube en général, c’est le maître du story telling et il n’ y a pas une de ses vidéos qui ne vaille pas le coup!
Et retrouvez aussi ses anciennes vidéos, chez MGG et même chez JV.com, la gazette de l’e-sport, déjà de très bons petits courts, qui ont été développés plus en détail sur sa chaîne depuis.