Comme plus de la moitié des parents français, vous êtes peut-être adeptes du sharenting, cette pratique qui consiste à partager des photos, vidéos, ou autres contenus multimédia de son enfant en ligne. Il y a quelques jours, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) alertait sur les risques bien réels liés à cette mauvaise habitude. Pour rappel, alors que l’accès aux réseaux sociaux est officiellement interdit aux mineurs de moins de 13 ans, les enfants possèdent en moyenne 1 300 photos d’eux en ligne avant même leur première inscription sur une plateforme.
On ne le répétera jamais assez, la solution la plus sûre reste de ne jamais partager de photos de votre progéniture sur Internet. Même s’il est difficile d’imaginer les conséquences d’un acte a priori anodin, le sharenting n’est pas sans risques. Il est susceptible non seulement de mettre vos enfants en danger, en l’exposant à des personnes malveillantes, mais peut aussi porter atteinte à son identité en ligne future, et à sa dignité.
Votre enfant a des droits
- Selon la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989, chaque enfant doit être préservé des “immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée” et des “atteintes illégales à son honneur et à sa réputation” (article 16)
- Selon le Code civil, le droit à l’image est la continuité directe du droit au respect de la vie privée (article 9), et doit être respecté sans distinction d’âge
Quelles sont les bonnes pratiques à adopter ?
Si malgré tout, vous souhaitez partager des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux, aucune interdiction légale ne vous empêche actuellement de le faire (mais cela pourrait bientôt changer en France). Dans un communiqué partagé après les fêtes, la CNIL détaille les bons gestes à adopter pour limiter les dégâts.
Privilégiez les envois directs
L’argument souvent évoqué par les parents adeptes du sharenting est celui du lien familial. En postant des images de son enfant sur les réseaux sociaux, les internautes partagent indirectement des nouvelles de leur vie quotidienne à leurs proches de confiance. Reste que poster un contenu public sur ses réseaux sociaux n’aura pas la même portée que si vous envoyez individuellement une vidéo à votre grand-mère.
Pour éviter les fuites de contenus, privilégiez les conversations par messages privés. WhatsApp permet de créer des groupes de discussion jusqu’à 512 personnes, il y a de grandes chances que cela suffise à contenter tous vos proches. Pour les contenus plus sensibles (le bain ou la plage par exemple), pensez aussi aux messages éphémères, qui disparaissent après un premier visionnage. Attention aussi à choisir des proches de confiance, qui n’iront pas poster des photos de vos chères têtes blondes sur les réseaux sociaux sans votre consentement.
Demander la permission
Cela devrait couler de sens, et pourtant. Bon nombre de personnes ne prennent jamais la peine de demander la permission avant de poster une photo de quelqu’un sur les réseaux sociaux. Une situation déjà problématique pour les adultes, mais qui l’est encore plus lorsqu’il s’agit d’un mineur. En règle générale, demandez toujours le consentement de quelqu’un avant de publier une photo de lui en ligne. Si la personne est mineure, demandez à ses parents, et respectez leur décision.
Lorsqu’il s’agit de votre enfant, assurez-vous de prendre un minimum de recul : un “oui” venant d’une fillette de six ans ne fait pas office de consentement éclairé. Même si le principal concerné est d’accord, il n’est pas en mesure de comprendre l’impact que pourra avoir une photo de lui sur son image publique une fois qu’il ou elle aura grandi. En tant qu’adulte responsable, c’est à vous de protéger les intérêts de votre progéniture.
Enfin, assurez-vous aussi d’avoir l’autorisation de votre coparent. Comme le rappelle la CNIL : “Plusieurs décisions de justice établissent clairement que diffuser des photographies de ses enfants, notamment sur les réseaux sociaux, est un acte non habituel qui nécessite l’accord des deux parents. Un juge peut donc interdire à l’un des parents de diffuser des photographies des enfants, sans l’accord de l’autre parent“.
Attention à ce que vous publiez
Si vous avez tout de même choisi de partager des photos et des vidéos de votre enfant en ligne, commencez par faire le tri : exit la nudité, les clichés à la plage ou en sous-vêtements. Ce qui vous paraît anodin ne l’est sans doute par pour des prédateurs sexuels. La CNIL conseille aussi de masquer le visage de votre enfant, en partageant des photos de dos, ou en ajoutant un emoji sur son visage par exemple.
Enfin, dans le cas d’une publication sur les réseaux sociaux, verrouillez au maximum l’accès à vos contenus, par exemple en limitant vos photos à vos abonnés, afin d’empêcher des inconnus d’y avoir accès.
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Bonjour,
En préambule, il me paraît malsain de considérer que soi-même ou ses enfants soyons dignes d’être exposés.
Sur le web ou ailleurs, je vois ces centaines de gens se photographier à longueur de temps, alors qu’ils ne savent pour beaucoup ni parler, ni penser, ni aimer….Que montrez-vous? Et à qui, et pourquoi?
Vous savez tous aussi à quel point c’est dangereux.
L’article me laisse sur ma faim… oui les solutions techniques quelles qu’elles soient ne remplaceront pas la lucidité apportée par la connaissance (Cf. commentaire de nabouret)
“quelles sont les bonnes pratiques à adopter ?”
Ne postez aucunes photos de ses enfants, point, c’est simple, et efficace.. il faut quand même pas avoir la lumière a tout les étages pour pas le comprendre.