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ISS : la Russie et les États-Unis annoncent un accord jusqu’en 2025

Les deux pays vont continuer d’envoyer les astronautes de l’autre camp vers l’ISS pendant au moins un an. Une décision rassurante, dans un contexte où une rupture des liens sonnerait le glas de la station en tant que vecteur de lien diplomatique.

Selon l’agence de presse russe Interfax citée par Reuters, la NASA et Roscosmos ont récemment trouvé un terrain d’entente sur la question sensible de la logistique de la Station spatiale internationale. La Russie continuera d’assurer le transit des astronautes à bord de ses Soyouz pendant que les États-Unis feront de même avec les Dragons de SpaceX, et ce au moins jusqu’en 2025.

Malgré sa discrétion, cette annonce est une très bonne nouvelle pour le futur à court terme de l’ISS. En effet, les équipages américains et russes ont des responsabilités bien définies à bord de la station. Si les deux pays cessaient de se concerter sur les allées et venues de leurs astronautes, cela pourrait donc avoir un impact néfaste sur le fonctionnement de ce grand laboratoire orbital. Heureusement, cette annonce suggère que la station devrait pouvoir continuer d’opérer normalement.

Une période de transition mouvementée

C’était tout sauf une garantie connaissant les tensions entre les deux nations. Depuis sa mise en orbite, la station a toujours été un vecteur de coopération politique. En plus de son rôle scientifique important, c’est aussi un prétexte pour maintenir un canal diplomatique précieux dans des conditions parfois difficiles. C’est particulièrement vrai pour les États-Unis et la Russie ; depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, l’ISS est l’un des seuls projets sur lequel les deux pays continuent de collaborer activement.

Mais voilà ; la station n’est plus toute jeune. Selon le calendrier opérationnel actuel, elle devrait se diriger vers une retraite bien méritée à l’horizon 2024. Les partenaires semblent décidés à prolonger l’aventure jusqu’en 2030, mais le constat est clair : pour les pays concernés, il faut déjà commencer à préparer l’après-ISS.

La Russie, de son côté, a déjà annoncé qu’elle comptait plier bagage avant cette date pour se focaliser sur son partenariat avec l’agence spatiale chinoise, avec laquelle elle compte construire une base lunaire. Ces déclarations, réitérées par le nouveau dirigeant Iouri Borissov à l’été 2022, ont forcé le reste des pays partenaires à envisager toutes les possibilités.

En effet, le départ des cosmonautes va poser tout un tas de questions logistiques importantes. Cela concerne par exemple le maintien de l’altitude de la station, qui reste encore une prérogative russe à l’heure actuelle. Rogozine ne s’était d’ailleurs pas privé pour le rappeler à travers quelques provocations outrancières dont il a le secret, en insinuant que la station serait condamnée à s’écraser sans l’expertise des Russes.

Un signe encourageant pour le court terme

Heureusement, Borissov est nettement plus discret, et apparemment plus raisonnable que son sulfureux prédécesseur. En s’engageant à continuer de faire la navette pour les autres pays, la Russie indique à demi-mots qu’elle compte maintenir cette coopération spatiale. Cela semble en tout cas cohérent avec ses déclarations d’avril dernier, où Roscosmos avait finalement annoncé qu’elle voulait continuer ses activités à bord de l’ISS jusqu’en 2028. En d’autres termes, il semble que la station va garder son statut de havre de paix politique encore quelques années. Toute la question, désormais, c’est de savoir ce qui va se passer après.

L’idéal serait que cet accord soit renouvelé jusqu’à la mise hors service de l’ISS. Mais on peut aussi imaginer que les Russes cessent entièrement de transporter les représentants des autres pays entre temps. Il s’agirait d’un casse-tête logistique ennuyeux, mais pas insurmontable pour les autres pays, qui peuvent notamment compter sur la régularité remarquable des lanceurs Falcon de SpaceX.

Le vrai problème, c’est qu’il s’agirait d’un signe très fort que la Russie est en train de quitter l’ISS une fois pour toutes. Au-delà des conséquences scientifiques, cela sonnera surtout le glas de l’ISS en tant que tour d’ivoire diplomatique, avec tout ce que cela implique pour les relations géopolitiques 400 kilomètres plus bas. Une fois que ce dénominateur commun n’en sera plus un, cela risquera d’accentuer encore davantage les fractures qui sont en train de diviser la planète en deux blocs construits autour de la Chine et des États-Unis.

Il conviendra donc de croiser les doigts pour que Borissov maintienne cette coopération encore quelques années, comme l’avait prédit l’astronaute Scott Kelly l’année dernière.

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