Les auteurs de fiction ont toujours eu un faible pour les gros astéroïdes susceptibles de percuter la terre avec des conséquences cataclysmiques. Mais en pratique, ces événements sont incroyablement rares. Les agences spatiales comme la NASA n’ont identifié qu’un petit nombre de gros géocroiseurs potentiellement dangereux.
On peut notamment citer Bennu, l’astéroïde dont la mission OSIRIX-REx nous a rapporté un échantillon unique en son genre et immensément précieux à la fin du mois de septembre. Techniquement, il fait partie des objets les plus menaçants pour la Terre, alors qu’il a moins d’une chance sur 2500 de toucher notre planète d’ici environ 150 ans.
Adieu OSIRIS-REx, place à OSIRIS-APEX
Après avoir rapporté son prélèvement de Bennu, la sonde n’est pas partie à la retraite. À la place, la NASA lui a assigné une nouvelle mission : l’étude d’Apophis. Il s’agit d’un autre astéroïde qui a autrefois été considéré comme une menace potentielle à cause de sa trajectoire et de sa taille. Cette deuxième phase de la mission vient officiellement de commencer, et la sonde se dirige désormais vers cet objet qui a hérité du nom du dieu égyptien du chaos afin de l’étudier. L’engin a d’ailleurs été rebaptisé pour l’occasion : exit OSIRIS-REx, place à OSIRIS-APEX (pour Apophis Explorer).
Les spécialistes estiment qu’il pèse environ 60 millions de tonnes pour une taille équivalente à celle de l’Empire State Building, et il pourrait donc faire de gros dégâts en cas d’impact. Mais heureusement, selon les calculs de la NASA, Apophis n’entrera pas en contact avec la Terre lors de son prochain passage, en avril 2029. Il devrait se contenter de « frôler » notre planète à un peu plus de 32 000 km — une distance inférieure à celle de certains satellites artificiels en orbite autour de notre planète.
Un superbe laboratoire naturel
Les scénaristes d’Hollywood n’auront donc pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais pour les scientifiques, c’est une autre histoire : le passage d’Apophis est une opportunité fabuleuse d’observer de près un objet qui ne nous rend visite que tous les 7500 ans. Les chercheurs pourront ainsi en apprendre davantage sur la dynamique des corps célestes.
En effet, le rapprochement avec la Terre risque d’avoir plusieurs effets qu’il sera très intéressant d’observer. L’influence gravitationnelle de la Planète bleue pourrait notamment générer des séismes et des glissements de terrain à la surface de l’astéroïde. Ces événements pourraient soulever une partie de la poussière qui recouvre probablement Apophis, permettant ainsi aux chercheurs d’observer la couche géologique sous-jacente.
« Cette approche est une très belle expérience naturelle », explique Dani Mendoza DellaGiustina, l’un des responsables de la sonde. « On sait que les forces de marée et l’accumulation de gravats sont des processus très importants qui pourraient jouer un rôle dans la formation des planètes. Cette observation pourrait donc nous renseigner sur la façon dont les planètes du système solaire se sont formées à partir des débris d’autres corps célestes », indique-t-il.
Au-delà de la science fondamentale, le passage d’Apophis aura également des implications en termes de défense planétaire, même s’il n’a aucune chance d’anéantir notre planète dans un futur proche. En effet, il s’agit d’un astéroïde de type S, comme la plupart des autres astéroïdes considérés comme potentiellement dangereux. Son étude permettra donc à la NASA de développer des embryons de stratégies qui pourraient être mises en œuvre si l’un d’entre eux se dirigeait droit vers la Terre.
La sonde à la rescousse des télescopes
Tous ces travaux seront menés par une armada de télescopes de pointe qui seront braqués sur Apophis pour l’occasion. Mais tous ces engins ne seront utiles que pendant la phase d’approche. Dans les heures qui suivront le passage de l’astéroïde, ils vont perdre l’astéroïde de vue, car il apparaîtra trop près du Soleil pour être observé correctement. Dommage, sachant que c’est précisément dans cet intervalle de temps qu’il serait le plus intéressant d’y jeter un œil.
C’est pour cette raison que la NASA a choisi d’envoyer sa sonde à la rencontre d’Apophis. Contrairement aux télescopes terrestres, OSIRIS ne devrait avoir aucun mal à capturer des images sensationnelles de l’astéroïde et des perturbations qu’il subira au contact de la Terre. L’engin aura tout le loisir d’analyser sa composition et sa topologie pendant cette phase critique.
Il va même se livrer à une manœuvre assez impressionnante. Même s’il ne va pas collecter d’échantillon comme il l’a fait avec Bennu, puisqu’il ne disposait que d’une seule capsule, il va s’approcher à environ 5 mètres de distance avant de mettre ses propulseurs en marche. Cela aura pour effet de déplacer une grande quantité de poussière et de roche, ce qui permettra aux chercheurs d’en savoir plus sur les caractéristiques géologiques d’Apophis. Une perspective très enthousiasmante pour les troupes de la NASA.
« Nous avons appris beaucoup de choses avec Bennu, mais maintenant, nous avons encore plus de questions pour nos prochaines cibles », se réjouissent les chercheurs.
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