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Le New York Times attaque ChatGPT et Copilot pour “violation du droit d’auteur”

Le média américain accuse OpenAI et Microsoft de “profiter gratuitement de l’investissement massif du Times dans son journalisme”.

L’intelligence artificielle est au cœur d’une nouvelle bataille juridique, rapporte Le New York Times. Le très concerné média américain vient d’annoncer avoir engagé des poursuites à l’encontre de Microsoft et OpenAI pour “violation des droits d’auteur”. Le NYT accuse les deux entités d’avoir largement abreuvé leurs modèles d’apprentissage automatique avec des articles publiés dans ses colonnes, sans aucune rétribution financière. L’entreprise estime que les deux intelligences artificielles se sont largement nourries de son expertise. “Cette action vise à les tenir responsables des milliards de dollars de dommages légaux et réels”. 

Dans sa plainte, le New York Times souligne que son nom de domaine était la source la plus utilisée pour entraîner GPT-3. Le média avance que plus de 66 millions de documents, allant des actualités aux éditos, ont été utilisés pour former l’outil à la rédaction. Toujours selon le NYT, “près d’un siècle de contenu protégé par le droit d’auteur” a été utilisé sans accord préalable. Le journal affirme qu’OpenAI et les produits Microsoft sont capables de “générer un résultat qui récite textuellement le contenu du Time, le résume fidèlement et imite son style expressif”.

Il espère obtenir un dédommagement à hauteur du préjudice. La somme requise n’a pas été communiquée. Ce n’est néanmoins pas la première plainte du genre. Les comédiens et auteurs Sarah Silverman et Julian Sancton avaient également intenté un procès, arguant qu’OpenAI avait profité de leurs œuvres sans leur consentement. En septembre dernier, plusieurs célèbres romanciers accusaient OpenAI d’avoir utilisé illégalement certains de leurs textes pour entraîner son modèle IA, là encore sans aucune autorisation ni contrepartie financière. C’est néanmoins la première fois qu’un acteur du monde journalistique se lance dans une telle action en justice.

Des négociations qui n’ont pas abouti

De son côté, OpenAI se dit plutôt surpris de ces poursuites. L’entreprise confie avoir eu de nombreuses discussions avec le New York Times. “Nous sommes surpris et déçus de cette évolution. Nous espérons trouver une manière mutuellement bénéfique de travailler ensemble”. L’entreprise se défend de toute violation du droit des créateurs. “Nous respectons les droits des créateurs et des propriétaires de contenus et nous engageons à travailler avec eux pour garantir qu’ils bénéficient de la technologie de l’IA et de nouveaux modèles de revenus”. 

Le journalisme en péril ?

Comme les scénaristes et les acteurs d’Hollywood, la progression de l’intelligence artificielle inquiète le secteur journalistique. Si certains voient en ses outils une opportunité de gagner en productivité et réactivité, d’autres craignent que le recours à ces modèles ne mette en péril la profession. Les questions de propriété intellectuelles ne sont d’ailleurs pas les seules zones de tension, l’utilisation de l’IA à des fins de désinformation est régulièrement cité par ses détracteurs. NewsGuard, une ONG qui lutte contre ce phénomène, alertait récemment sur la propagation de sites douteux.

Le 18 décembre dernier, l’organisation indiquait avoir identifié pas moins de 614 sites d’information et d’actualité “non fiable générés par l’IA”.  Certains d’entre eux sont développés sans ou avec peu de supervision humaine et publient des articles contenant de fausses informations, des événements fabriqués de toutes pièces ou présentant des événements anciens comme s’ils venaient de se produire. Dans un long papier publié en septembre dernier, Le Monde rapportait que si certains médias français s’essayaient à l’intelligence artificielle avec prudence néanmoins.

Reste à voir désormais si le tribunal fédéral du district de Manhattan tranchera en faveur de The New York Times ou d’Open AI et Microsoft. Cette dernière n’a pour l’heure pas commenté l’affaire. En cas de victoire du média, d’autres organismes de presse pourraient s’engouffrer dans la brèche.

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