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Hyperloop : la révolution des transports selon Elon Musk prend l’eau

La chute d’Hyperloop One, chef de file de cette niche technologique présentée comme révolutionnaire, n’augure rien de bon pour les autres entreprises qui ont misé dessus.

Hyperloop One, la startup qui promettait de révolutionner les transports avec des véhicules circulant à grande vitesse dans des tubes à vide, est officiellement morte. Selon Bloomberg, la firme est en train de renvoyer ses employés, de se séparer de ses actifs et de fermer tous ses bureaux avant de disparaître officiellement au 31 décembre.

Tout avait commencé en 2013, avec la publication du désormais célèbre « Alpha Paper » par un certain Elon Musk. C’est dans ce document open source que le sulfureux milliardaire avait décrit son idée pour la première fois.

L’évangile des transports selon Saint Musk

L’Hyperloop était censé être un véhicule composé de capsules en aluminium maintenu en l’air par un système de lévitation magnétique, capable de circuler à grande vitesse dans de longs tunnels à très basse pression. Le concept était plutôt séduisant ; en théorie, il s’agissait d’un véhicule durable, ultrarapide et efficace susceptible de transformer profondément l’industrie des transports.

Musk avait notamment avancé un exemple choc, à savoir un voyage entre Los Angeles et San Francisco (environ 800 km) en une petite demi-heure, qui a fait son petit effet auprès des investisseurs. De nombreuses entreprises se sont donc ruées sur l’idée, convaincues d’avoir mis la main sur une technologie transformatrice et potentiellement très rémunératrice.

Rapidement, un chef de file a émergé de cette niche technologique : Hyperloop Technologies. L’entreprise a connu un parcours sinueux, avec plusieurs changements de propriétaire et de nom. En 2016, elle est devenue Hyperloop One, puis Virgin Hyperloop One après le rachat par Richard Branson.

Hyperloop Branson
Richard Branson devant un prototype de tunnel Hyperloop. © Hyperloop One

L’avenir de l’entreprise semblait radieux, avec des centaines de millions de dollars d’investissement en poche et une feuille de route prometteuse. Peu après, c’est Elon Musk lui-même qui est entré dans la danse avec The Boring Company, une ancienne branche de SpaceX qui est devenue une entreprise à part entière en 2018. Son objectif : poser les bases de l’infrastructure Hyperloop en creusant d’immenses tunnels reliant plusieurs grandes villes américaines.

Un dur retour à la réalité

Mais dix ans et 450 millions de dollars plus tard, force est de constater que tout le monde s’est un peu emballé ; les fameux tunnels n’en sont encore qu’au stade d’ébauche et l’Hyperloop a enchaîné les déconvenues techniques. Car très vite, de nombreux ingénieurs ont réalisé que le fameux alpha paper d’Elon Musk, qui avait souvent été présenté comme une sorte de Nouveau Testament des transports, tenait plus du manifeste et du projet étudiant que de la vraie étude de cas solide.

Le milliardaire et ses collaborateurs s’étaient largement concentrés sur des points relativement faciles à résoudre, tout en ignorant les obstacles techniques les plus importants. Par exemple, le document n’aborde presque pas la question centrale des systèmes de contrôle qui auraient dû permettre de maintenir l’alignement du système de lévitation lors des tournants à haute vitesse. La difficulté à construire et à entretenir les fameux tubes à vide, ainsi que l’impact de ces paramètres sur la rentabilité, a aussi été largement sous-estimée.

Un vaste fiasco industriel

Hyperloop One a tenté tant bien que mal de sauver la mise en revoyant ses plans à la baisse. Elle a notamment renoncé aux passagers humains pour se concentrer sur le transport de marchandises.

Une annonce qui a nettement refroidi les investisseurs. Même le groupe Virgin, un des plus ardents défenseurs de l’Hyperloop, a décidé de faire profil bas en dissociant son nom de l’entreprise. Les premiers licenciements ont commencé à tomber en 2022, et la situation n’a cessé d’empirer jusqu’à aujourd’hui. The Boring Company, de son côté, continue de creuser des tunnels… pour le compte de Tesla. L’Hyperloop ne semble plus faire partie de ses plans.

Différents observateurs livrent des analyses très différentes de cette saga industrielle rocambolesque qui a tenu le public en haleine pendant une décennie. Certains estiment que ces efforts étaient justifiés, et que l’idée avait tellement de potentiel qu’il aurait été déraisonnable de ne pas tenter le coup. D’autres y voient simplement un immense gâchis de temps et de ressources. Il reste aussi des passionnés qui continuent de croire dur comme fer à la vision d’Elon Musk. Selon eux, l’Hyperloop a simplement émergé trop tôt, dans un contexte économique et technologique peu propice au développement de cette technologie.

Reste à voir si l’avenir leur donnera raison. Mais en attendant, la morale de l’histoire est claire : 1200 km/h, c’est encore trop lent pour éviter d’être rattrapé par la réalité.

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Source : Bloomberg

6 commentaires
  1. “Mais dix ans et 450 millions de dollars plus tard, force est de constater que tout le monde s’est un peu emballé”

    Euh non. Seuls les gens qui sont restés sourds aux réalités physiques de ce monde y ont cru (et ils ont même être jusqu’à insulter les voix critiques). OK, ça fait un paquet, mais ce n’est pas “tout le monde”.

    1. Puisque l’heure est au pinaillage, achtually c’est pas un problème de “réalité physique” on sait déja faire des trains maglev des grands tubes a vide etc, c’est un problème de réalité économique parce qu’ils ont capté un peu tard qu’ils pourraient pas le faire dans les délais en restant rentables

  2. Alors oui, pris isolement, chaque élément est peut-être faisable. Mais la combinaison est parfaitement problématique: grand tube à vide qui s’ouvre régulièrement pour laisser passer des navettes tout en maintenant la dépression, long de plusieurs centaines de kilomètres sans trappe d’accès et sans véritable capacité de dilatation thermique, impossibilité de re-router le trafic en cas d’incident, claustrophobiques s’abstenir, risque d’attentat très problématique sur les tubes perchés sur pilotis, etc.

    Votre commentaire laisse entendre que c’est uniquement une incompatibilité délai vs rentabilité. Enlevez les contraintes calendaires, alors, et montrez qu’il est possible d’industrialiser une solution technique rentable comparativement aux solutions traditionnelles. Mon propos est que le délai n’a rien à voir là-dedans. Hyperloop est une idée tellement idiote que même Musk s’est bien gardé d’investir lui-même dessus, prétendant être “trop occupé”…

  3. Ils ont mis la charrue avant les bœufs mais ça viendra un jour. Pour les villes qui ont construit du métro aérien ou Tram, la construction de tunnels souterrain sera un parfait complément, après hyperloop pas hyperloop, l’avenir le dira, mais je pense que ça reste leur objectif à très long terme.

    1. Parfaitement d’accord avec vous !!-))
      Être précurseur … s’est prendre le risque de la critique et de l’incompréhension !!-))
      Ils ont simplement raison trop tôt !!-))

      C’est comme pour les TGV, qui croyait qu’il était possible de circuler sur rails avec des vitesses de 300 … 400 … 500 km/h en 1950 ??-))

  4. Il n’y a que ceux qui ne tentent pas qui n’échouent pas ! Ce projet est une bonne idée qui reviendra d’actualité dans quelques décennies.

Les commentaires sont fermés.

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