Des chercheurs chinois ont récemment fait une découverte étonnante dans les données du rover Zhurong ; ils ont identifié de mystérieuses structures polygonales souterraines dont l’origine reste à déterminer.
Lorsque l’on parle de robots martiens, on pense généralement à Perseverance, l’exceptionnel rover de la NASA qui cherche des biosignatures dans le cratère de Jezero. Mais les États-Unis ne sont pas les seuls à y avoir déployé ce genre d’engins. En mai 2021, la Chine a aussi envoyé son tout premier explorateur mécanique sur la Planète rouge, à savoir Zhurong.
Malheureusement, cet engin baptisé en hommage au dieu chinois du feu ne semble pas avoir survécu à l’impitoyable hiver martien. Il n’a plus donné signe de vie depuis mai 2022, alors qu’il devait sortir de son hibernation en décembre de cette même année.
Une issue forcément décevante pour les chercheurs chinois. Mais ces derniers peuvent tout de même être fiers des performances de leur premier ambassadeur martien. Alors que sa mission initiale n’était censée durer que trois mois, il a tenu bon pendant une année entière. Cette expédition prolongée a permis à l’agence spatiale chinoise de collecter des tas de données supplémentaires sur la topologie de la planète.
D’étranges polygones souterrains
Certaines des informations les plus intéressantes proviennent de son GPR, ou Ground Penetrating Radar. Comme son nom l’indique, cet instrument sert à sonder la couche superficielle de la croûte martienne jusqu’à une profondeur d’environ 100 mètres.
Grâce au GPR, Zhurong a pu étudier la géologie de Mars tout au long de son périple à travers Utopia Planitia. Il s’agit d’une région délimitée par un cratère très ancien et surtout immense ; avec un diamètre estimé à environ 3300 km, c’est le plus grand bassin d’impact identifié dans le système solaire. Les chercheurs chinois espéraient donc y trouver des structures géologiques intéressantes. Et ils n’ont pas été déçus du voyage.
Dans un papier publié dans Nature et repéré par UniverseToday, l’équipe du planétologue Lei Zhang explique que le radar a mis en évidence de vastes structures polygonales enfouies à une trentaine de mètres de profondeur sous le cratère d’Utopia. Leur taille est extrêmement variable. Les plus petits ne mesurent que quelques centimètres, tandis que les plus grands s’étendent sur des dizaines de mètres.
Leur origine reste assez mystérieuse. En revanche, les chercheurs peuvent déjà affirmer avec un haut degré de certitude qu’il ne s’agit pas des vestiges d’une civilisation extraterrestre enfouie il y a des millénaires. Selon toute vraisemblance, ces polygones sont d’origine géologique.
La résultante d’un grand changement climatique
Les auteurs ont formulé une hypothèse convaincante en se basant sur l’âge de ces structures, qui est estimé entre 3,7 et 2,9 milliards d’années avant notre ère. Cela correspond à un intervalle de temps qui couvre la fin de l’âge Hespérien et le début de l’âge Amazonien.
Si cette chronologie est importante, c’est parce que les planétologues considèrent généralement que cette période est associée à un environnement humide. Ces polygones auraient donc pu être façonnés au gré des cycles de glaciation et de dégel successifs, avant d’être enfouis par d’autres processus géologiques.
Si les chercheurs privilégient ce scénario, c’est parce qu’il semble cohérent avec d’autres données rapportées par Zhurong auparavant. En effet, il a révélé que de la zone a été touchée par de nombreuses inondations dans un intervalle de temps réduit.
Mais ces informations ne permettent pas de déterminer exactement quels mécanismes hydrologiques sont impliqués. Les auteurs proposent donc plusieurs hypothèses, sans pouvoir les départager pour le moment. « La présence possible d’eau et de glace nécessaire aux cycles d’englacement et de dégel dans les fractures pourrait être associée à un phénomène de succion à partir d’un aquifère souterrain », expliquent les chercheurs « Mais elle pourrait aussi provenir de chutes de neige, ou de la diffusion de vapeur d’eau », suggèrent-ils.
Avant d’avoir une réponse claire à cette question, les chercheurs ne pourront pas être absolument sûrs que c’est bien la glace qui a façonné ces polygones. Selon Universe Today, ils ont donc proposé une alternative radicalement différente. Dans ce deuxième scénario, ces formes seraient plutôt une conséquence d’une activité volcanique. De la lave aurait pu s’infiltrer dans des fissures existantes, puis les élargir en refroidissant.
Quoi qu’il en soit, les auteurs sont convaincus que les mystérieux polygones sont d’origine climatique. « Le contraste au-dessus et en dessous des 35 mètres représente une transformation notable de l’activité hydrologique ou des conditions thermiques sur Mars, ce qui implique qu’il y a eu un bouleversement climatique à ces latitudes », concluent les chercheurs.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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Si réellement de la lave a pu s’infiltrer dans des fissures, celle-ci, en se refroidissant, se contracte au contraire, et ne peut donc élargir ces fissures…