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La grève des acteurs est officiellement terminée, l’accord a été voté

Après 118 jours d’une grève sans précédent, la situation se dénoue de l’autre côté de l’Atlantique. Quelques semaines après la fin des piquets de grève, le nouvel accord avec les studios a été ratifié.

C’est l’un fin d’un conflit historique pour l’industrie cinématographique. Suivant le mouvement débuté par les scénaristes, les acteurs représentés par la SAG-AFTRA avaient voté une grève à la durée indéterminée pour faire pression sur l’AMPTP — représentant des studios et plateformes — et obtenir un accord salarial plus avantageux pour la profession. Ce mardi 5 décembre, la proposition des géants d’Hollywood a été ratifiée par une majorité des votants. Dans un communiqué publié ce matin, l’organisme syndical indique une adoption à hauteur de 78,33% contre 21,67%. Le groupe présidé par Fran Drescher affiche un taux de participation de 38,15%. Il s’agit du plus haut taux de ratification de toute l’histoire du syndicat. La majorité ayant été atteinte, l’accord est donc accepté par le syndicat et les studios d’Hollywood pour plusieurs années. Fran Drescher se félicite pour cette victoire, fruit de mois de négociations et bras de fer avec les représentants des pontes de l’industrie cinématographique.

“Je suis fière. Ils ont fait grève pendant 118 jours pour accorder au comité des négociation TV/Cinema le levier nécessaire pour obtenir plus d’un milliard de dollars de gains, ainsi que les toutes premières protections du syndicat autour de l’intelligence artificielle. Les membres de la SAG-AFTRA sont restés incroyablement engagés tout au long du processus, et je sais qu’ils poursuivront leur plaidoyer tout au long de notre prochain cycle de négociation. C’est un âge d’or pour la SAG-AFTRA, et notre syndicat n’a jamais été aussi puissant”. 

IA, rémunérations et prime au succès

L’accord est déjà entré en vigueur. Comme le voulait la SAG-AFTRA, il est rétroactif et a débuté dès le 9 novembre dernier. Concrètement, toutes les productions qui ont vu le jour depuis la fin des piquets de grève sont concernées. Il s’étend jusqu’au 30 juin 2026, date à laquelle il sera renégocié. Dans le détail, il prévoit une revalorisation importante des minimaux salariaux et une prime attribuée aux acteurs impliqués dans des films et séries qui rencontrent le succès lors de leur diffusion en streaming. Ce système se substitue à celui des droits résiduels appliqué pour la télévision.

Jugé obsolète avec l’émergence des plateformes comme Netflix ou Disney+, il consiste en un versement de part de revenus publicitaires générés lors des rediffusions de métrages ou séries sur les réseaux télévisuels. Le document mis à disposition sur le site de la SAG-AFTRA mentionne également de nouvelles réglementations concernant les processus d’auditions et de castings, des pratiques mise à jour en matière d’équité et l’inclusion de garantie contre le harcèlement sexuel.

Le point le plus épineux du dossier restait néanmoins l’émergence des technologies boostées au “machine-learning”. Les acteurs, comme les scénaristes, redoutent que les studios ne s’emparent de ces procédés en leur défaveur. Ainsi, la SAG-AFTRA comme la WGA, ont milité pour l’instauration de garde-fous. La mesure la plus importante est l’obtention d’un consentement “clair et visible” de l’employeur avant la création de répliques numériques pour un projet.

L’accord va d’ailleurs plus loin en prévoyant que le temps qui aurait normalement été alloué aux tournages des scènes doit être rémunéré. Concrètement, dans le cas d’une séquence utilisant une doublure numérique, le comédien sera rémunéré à hauteur de ce qu’il aurait touché si la séquence avait été réalisée par son concours. Chaque fois qu’un recours à de telles technologies est acté, le syndicat doit également en être informé pour accompagner les acteurs dans leurs démarches de négociation.

Encore du chemin à parcourir

Si la majorité des votants a été en faveur de ces mesures, certaines voix s’élèvent tout de même contre. Selon le LA Times, quelques votants reprochent à l’accord de ne pas aller assez loin sur ces questions d’IA. De son côté, Fran Drescher rappelle qu’il ne s’agit que d’une première étape pour “façonner un nouvel avenir pour chaque communauté représentée”. 

À noter qu’en 2024, ce sont les employés de scènes (techniciens, costumiers, projectionnistes ou encore machinistes) qui entreront en négociation avec l’AMPTP.  L’Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma annonçait en novembre dernier se préparer activement à ces rencontres prochaines. L’organisme syndical se dit prêt à “lancer une campagne sans précédent d’engagement de nos membres, de communication et de transparence afin de garantir les meilleurs contrats possibles aux yeux de nos membres”. 

Une année 2024 sous le signe de la reprise

Maintenant que l’industrie a mis ce chapitre derrière elle, l’heure est à la reprise des productions et des développements interrompus pendant plusieurs mois. Hollywood n’est pas encore sorti d’affaire, il lui faut à présent mettre le pied à l’étrier pour éviter des retards trop importants et des embouteillages dans les salles obscures. Après la crise sanitaire — et la fermeture des salles de cinéma — le planning avait été particulièrement chargé. L’on peut s’attendre à une nouvelle période similaire, où chacun va devoir jouer des coudes pour s’imposer durablement à l’affiche et au box-office.

Les conséquences ont d’ailleurs été nombreuses, au-delà même des plateaux de tournages et des salles d’écritures. Comme le note le LA Times, de nombreuses entreprises adjacentes ont accusé le coup de cet arrêt brutal de leurs activités. Fleuristes locaux, traiteurs et fournisseurs d’accessoires ont dû composer avec une pause de près de six mois. Certains ont été durement touchés. Nombreux licenciements, mises au chômage technique et des réductions de salaire sont à déplorer. Dans le même temps, les firmes productrices vont sans doute procéder à des révisions budgétaires pour compenser les pertes financières de cette grève. Cela pourrait, selon plusieurs experts, passer par l’annulation de plusieurs projets, une réduction des enveloppes allouées à la création et diminution des contrats pour réaliser des économies. Il leur faudra aussi composer avec la hausse des coûts de main-d’œuvre.

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