Le projet d’exploration de Titan de la NASA vient de passer à la vitesse supérieure. La NASA vient d’autoriser le passage à la Phase C du projet Dragonfly, qui verra un énorme drone nucléaire partir à la conquête de ce corps céleste fascinant. Le prestigieux Laboratoire de physique appliquée de l’Université John Hopkins va désormais pouvoir finaliser la conception et attaquer la construction de cet engin révolutionnaire.
« L’équipe Dragonfly a réussi à surmonter de nombreux défis techniques dans cette initiative ambitieuse qui permettra d’étudier Titan sous un nouvel angle. Je suis fière de l’équipe et de sa capacité à faire progresser tous les aspects de la mission », a déclaré Nicola Fox, administratrice du directoire scientifique de la NASA.
Pourquoi explorer Titan ?
Si la NASA s’intéresse de près à Titan, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit de la plus grosse lune de Saturne. C’est un environnement assez exceptionnel à bien des égards.
À l’exception des géantes gazeuses, c’est le seul et unique corps céleste du système solaire qui dispose d’une atmosphère plus dense que celle de la Terre. Sur le papier, cette enveloppe d’azote est suffisamment dense pour permettre à un humain de s’y déplacer sans combinaison pressurisée — même si en pratique l’intéressé(e) aurait tout de même besoin d’un masque à oxygène et d’une protection contre le froid mordant qui y règne (-179 °C en moyenne).
Mais le plus intéressant avec cette atmosphère, c’est qu’elle ouvre permet à différents éléments d’exister sous forme liquide. À part la Terre, Titan est le seul objet du système solaire qui présente des mers, des lacs et des rivières à sa surface. Ces réservoirs majoritairement constitués d’hydrocarbures comme le méthane sont extrêmement dynamiques. De la même façon que notre planète présente un cycle de l’eau, Titan présente un cycle des hydrocarbures, avec des pluies, des nuages et des courants.
Pour couronner le tout, ce matériel repose sur une épaisse couche de glace qui cache elle-même un gigantesque océan d’eau liquide.
Tous ces éléments font que Titan est une destination particulièrement prometteuse pour la recherche de vie extraterrestre. Son océan souterrain pourrait héberger une activité biologique basée sur le carbone telle qu’on la connaît sur Terre. Les hydrocarbures de surface, de leur côté, pourraient servir de substrat à d’autres formes de vie basées sur une chimie radicalement différente.
Un drone nucléaire de la taille d’une voiture
Autant dire que la NASA a hâte de pouvoir se rendre sur place pour réaliser un état des lieux. Et c’est précisément à cela que va servir le Dragonfly. Il s’agit d’un drone volant, un peu comme Ingenuity. En revanche, il sera à peu près aussi gros qu’une petite voiture. Rien à voir avec le petit hélicoptère martien, dont le fuselage tiendrait facilement dans une boîte à chaussure.
La structure de l’engin est déjà bien avancée. Les ingénieurs ont quasiment terminé le prototype du châssis, les systèmes de contrôle et de guidage. Mais il leur reste encore beaucoup de travail, notamment au niveau de la propulsion et des instruments scientifiques.
Pour faire fonctionner un tel appareil, la NASA ne pourra pas s’appuyer sur des propulseurs électriques. C’est à la fois à cause de sa masse considérable, mais aussi à cause de la distance par rapport au Soleil qui limite considérablement l’efficacité des panneaux photovoltaïques. À la place, il aura droit à son propre réacteur nucléaire.
En plus des propulseurs, ce réacteur aura aussi pour mission d’alimenter tout un arsenal d’instruments. Il embarquera plusieurs types de caméras et de capteurs, un système de prélèvement polyvalent, et même un véritable laboratoire d’analyse pour passer tous ces échantillons au peigne fin.
Ce sont tous ces équipements que les chercheurs de John Hopkins vont pouvoir commencer à développer, maintenant que la feuille de route a été officiellement validée par la NASA.
Une mission extrêmement ambitieuse
Ils estiment pouvoir y parvenir d’ici 2028. Le timing s’annonce serré ; cinq ans ne seront pas de trop pour préparer ce qui s’annonce comme la mission d’exploration la plus ambitieuse de tous les temps. « Le Dragonfly est une initiative incroyablement audacieuse », résume Bobby Braun, l’un des responsables du projet. « Rien de tel n’a jamais été fait jusqu’à présent. »
Mais le jeu en vaut la chandelle, car la mission du Firefly s’annonce particulièrement excitante. Son objectif principal sera d’étudier la chimie complexe de Titan dans l’espoir d’y trouver des précurseurs biologiques, voire même des formes de vie déjà formées. Le cas échéant, il s’agirait d’un succès historique pour l’astrobiologie.
Mais même s’il ne trouve pas de formes de vie extraterrestres, il pourra tout de même continuer à la science de plusieurs manières. Ces travaux permettront notamment d’en savoir plus sur les conditions qui auraient pu mener à l’apparition de la vie sur Terre, il y a environ 3,7 milliards d’années. Tout un programme.
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