OpenAI, DeepMind, MetaAI… les États-Unis surfent allègrement sur la vague de l’intelligence artificielle, dans le sillage de chefs de file qui pèsent des dizaines de milliards de dollars. Pour l’instant, l’Europe reste encore loin derrière… mais la tendance est peut-être en train de s’inverser. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête repérée par TheNextWeb.
L’étude en question a été conduite par Atomico, une société de capital-risque basée au Royaume-Uni. En comparant les écosystèmes IA européens et américains, ils ont dégagé une statistique très éloquente : le Vieux continent héberge désormais plus de professionnels de l’IA hautement qualifiés que la patrie de l’Oncle Sam.
Ce constat est l’émanation d’une tendance très nette en Europe. Sur les dix dernières années, le nombre de professionnels de l’IA a connu une augmentation fulgurante de 1000 %. Et cela ne concerne pas seulement les grandes entreprises. Au contraire, c’est même la tendance inverse qui se dessine ; aujourd’hui, ce sont plutôt les startups qui ont le vent en poupe dans ce domaine.
Toujours selon Atomico, ces startups sont à l’origine de 11 des 36 levées de fonds qui ont dépassé la barre des 100 millions de dollars en Europe sur l’année 2023. TheNextWeb cite notamment Mistral AI, qui a bouclé une ronde d’investissement à 105 millions d’euros en juin dernier.
4 des 7 nouvelles licornes européennes misent sur l’IA
Une manne financière qui est en train de propulser certaines de ces startups vers des hauteurs impressionnantes. Cette année, sept startups européennes ont atteint le statut de licorne, c’est-à-dire qu’elles ont dépassé le milliard de dollars de valorisation sans entrer en bourse ou dépendre d’une grande entreprise. Et parmi ces 7 heureux élus, 4 opèrent dans le domaine de l’IA. Il s’agit de DeepL (services de traduction), Helsing (IA militaire), Synthesia (IA générative), et Quantexa (analyse de données).
Et d’après Tom Wehmeier, chef du bureau d’analyse d’Atomico, tous les voyants sont au vert ; cette tendance semble partie pour s’inscrire dans la durée. « L’environnement tech européen semble avoir atteint un niveau de stabilité que l’on n’avait plus vu depuis le début de la pandémie », explique-t-il à TNW. « Cela amène un haut degré de certitude, de prévisibilité, et de confiance générale », renchérit-il.
Ce qui est particulièrement étonnant, c’est le moteur de ce nouveau souffle : Atomico l’attribue en partie à un débarquement massif de professionnels originaires des États-Unis. « Il y a toujours eu ce mythe que l’Europe était victime d’un grand exode des talents vers les États-Unis. Mais quand on se penche sur leurs données, c’est l’inverse qui apparaît », explique Wehmeier.
Convaincre les investisseurs
Cela signifie-t-il que l’Europe est sur le point de damer le pion à l’Oncle Sam ? Pas si vite. Car si les entreprises et les professionnels sont au rendez-vous, il y a encore une partie de l’équation qui pêche : la capacité du secteur à attirer des investissements massifs. Pour le moment, ces nouvelles stars de l’IA restent des arbres qui cachent la forêt. Dans l’ensemble, les startups européennes sont presque deux fois moins susceptibles de lever des fonds de capital-risque au cours de leurs cinq premières années que leurs homologues américains.
Mais ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que les grands fonds d’investissement ouvrent les vannes. Car selon un autre rapport d’Atomico, cette fois cité par 0, l’IA a été le seul domaine épargné par la chute vertigineuse des investissements dans la tech européenne (-45% en 2023 !).
Dans ce contexte, il sera très intéressant d’observer l’évolution de toutes ces startups et des autres institutions spécialisées dans l’intelligence artificielle. On peut notamment citer Kyutai, le nouveau laboratoire de Xavier Niel qui ambitionne de propulser la France vers les hautes sphères de la recherche en IA.
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