Ce n’est un secret pour personne : le dioxyde de carbone produit par l’industrie et les véhicules thermiques sont un immense fléau environnemental. Mais ce n’est peut-être pas une fatalité. En attendant un changement de modèle radical, de nombreux laboratoires de recherche tentent de trouver des pistes pour exploiter ce gaz à effet de serre, à défaut de pouvoir empêcher les émissions.
C’est l’objet des travaux d’une équipe de l’Université de Bayeurth, en Allemagne. Dans leurs derniers travaux, ils ont présenté une technique qui permet de synthétiser des produits pharmaceutiques à partir de CO2 impur, comme celui que l’on trouve dans les gaz d’échappement des voitures.
Du pot d’échappement au médicament
Plus spécifiquement, ils ont décrit une méthode simple qui permet d’utiliser ce CO2 impur dans le processus de synthèse des γ-lactames. C’est un composé organique proche des β-lactames, qui entrent notamment dans la composition de la pénicilline et de divers autres antibiotiques. D’après les auteurs, les γ-lactame sont également des composants essentiels à la production de nombreux produits pharmaceutiques.
« Nous avons décrit une voie synthétique simple pour la synthèse de γ-lactames, la clé de voûte de nombreuses molécules bioactives, à partir d’alcènes et d’amines disponibles dans le commerce et en utilisant un flux de CO2 impur (du gaz d’échappement de voiture) en tant que source de carbone », précisent les chercheurs dans leur papier.
Un processus, deux avantages
L’intérêt de cette approche, c’est qu’elle permet de faire d’une pierre deux coups. En premier lieu, appliquée à grande échelle, elle pourrait permettre de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. « La principale motivation est de réduire la pollution atmosphérique provoquée par l’accumulation de CO2 », explique Shoubik Das, professeur de chimie organique à l’Université de Bayreuth. « Nous pensons que notre stratégie pourra renforcer les efforts de capture et d’utilisation du carbone ».
Par ailleurs, cette méthode pourrait faciliter considérablement la synthèse des γ-lactames. En effet, ce processus nécessitait jusqu’alors une source de carbone avec un très haut degré de pureté. Cela implique de passer par des étapes de purification qui sont traditionnellement très énergivores, et par conséquent onéreuses. Synthétiser ces composés directement à partir de carbone impur pourrait permettre de réduire massivement la facture et de faciliter l’accès à une source durable de γ-lactames. Par extension, cela faciliterait aussi l’accès à tous les médicaments qui en dépendent.
En outre, ces travaux pourraient aussi contribuer à la recherche pharmaceutique dans son ensemble. L’étude des chercheurs s’est limitée à la synthèse des γ-lactames, mais cette nouvelle méthode pourrait éventuellement être déclinée pour produire d’autres molécules fort utiles à partir des gaz d’échappement.
« Cette application spécifique pour produire des γ-lactames, qui sont des composants essentiels de nombreux produits pharmaceutiques, pourrait avoir un impact latent sur l’industrie pharmaceutique, et potentiellement conduire à des médicaments plus accessibles et moins chers », explique le communiqué des chercheurs.
Une approche qui doit être encouragée
Certes, à ce stade, il ne s’agit que d’une preuve de concept. N’espérez donc pas pouvoir monter un catalyseur pharmaceutique sur votre pot d’échappement dans un futur proche. Mais ce sont tout de même des travaux intéressants et prometteurs, dans la mesure où ils offrent une piste pour limiter l’impact des automobiles sur l’environnement tout en tirant parti de cette pollution qui ne va pas disparaître du jour au lendemain.
Les approches de ce genre sont précieuses. Et même si ce procédé en particulier n’est jamais étendu à l’échelle industrielle, il sera important de continuer à explorer ce type de double-solution… en attendant de pouvoir attaquer directement le problème à la racine.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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Les russes ont été les premiers à trouver un usage particulier aux gaz d’échappement pendant la seconde guerre mondiale et ça a donné une idée aux Allemands durant cette période.
Y a pas à dire les allemands sont accrocs aux gaz d’échappement.