Dans la soirée du 23 novembre, l’ESA a procédé au premier essai intégré de mise à feu longue durée de la fusée Ariane 6. Un test extrêmement important, sachant qu’il s’agissait d’une étape critique qui générerait de gros retards supplémentaires en cas d’échec. Autant dire que le véhicule était attendu au tournant… et fort heureusement, il a répondu présent. Un grand succès qui vient récompenser des années d’efforts, et qui autorise enfin un certain optimisme pour la suite du développement.
Ce test s’est déroulé au spatioport Europe de Kourou, en Guyane française. En substance, il s’agissait d’une grande répétition générale qui consistait à mener toute la procédure de lancement jusqu’à son terme, sans toutefois permettre à l’engin de décoller. Les équipes de l’ESA ont procédé au remplissage des réservoirs, au conditionnement des moteurs, et à toutes les vérifications d’usage avant de s’attaquer au point d’orgue de la soirée : la mise à feu.
Huit minutes sous haute tension
À la fin du compte à rebours, les moteurs Vulcain 2.1 du lanceur se sont mis à rugir pendant 470 secondes, soit la durée de fonctionnement attendue lors d’un lancement réel. Même si les images n’étaient pas particulièrement spectaculaires, la tension était palpable, car les enjeux étaient considérables.
Au terme de ces quelques minutes interminables qui ont vu 150 tonnes d’ergols liquides partir en fumée, les moteurs se sont éteints, marquant le succès de ce test critique pour la suite du développement.
Un succès déterminant pour la suite des événements
C’était la toute première fois que ces moteurs fonctionnaient aussi longtemps ; le dernier test de propulsion, au mois de septembre, n’avait duré que quatre secondes. Cet essai de longue durée a permis de confirmer la stabilité des moteurs Vulcain 2.1 dans des conditions comparables à celles d’un vrai lancement.
« Ce succès récompense des années de conception, de planification, de préparation, de construction, et de dur labeur de la part de certains des meilleurs ingénieurs de toute l’Europe. Nous sommes enfin de retour sur de bons rails pour assurer à nouveau l’autonomie spatiale de l’Europe. Félicitations à tous ! », s’est réjoui Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA.
Un grand pas vers une sortie de la crise des lanceurs
Les propos d’Aschbacher illustrent bien l’importance de cette réussite. En effet, Ariane 6 a déjà accumulé un retard considérable. Ce test avait d’ailleurs été reporté à plusieurs reprises. Et pendant que le futur fer de lance de l’aérospatiale européenne continue de se faire désirer, l’Europe reste empêtrée dans une crise des lanceurs très problématique pour la souveraineté technologique du Vieux continent.
Depuis la retraite de la formidable Ariane 5, qui a fait les beaux jours de l’ESA pendant près de trente ans, il n’y a plus aucun lanceur lourd capable de rivaliser avec les engins des autres grandes puissances spatiales. Autant dire que ce nouveau véhicule est attendu comme le messie.
Ce succès permet enfin d’entrevoir le bout du tunnel. L’ESA peut désormais aborder la dernière ligne droite du développement. Il ne lui reste plus qu’un seul test important le mois prochain. Il s’agira également d’un test de mise à feu de longue durée, mais pas des moteurs Vulcain. Cette fois, ce sont les moteurs Vinci de l’étage supérieur de la fusée qui devront prouver qu’ils sont définitivement prêts pour cette grande échéance. En cas de succès, l’ESA n’aura plus qu’à peaufiner les derniers détails pour préparer le vol inaugural tant attendu, prévu en 2024.
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