Virgin Galactic est sûrement l’entreprise spatiale la plus atypique. Avec son projet d’avion-fusée, elle va à contre-courant des tendances actuelles et tente de démontrer au monde entier que son modèle peut fonctionner. Si pour l’heure la société du milliardaire Richard Branson est passée plus proche de la faillite que du succès, tout pourrait changer avec l’arrivée à maturation du projet « Delta ».
Le nouvel avion-fusée de l’entreprise devrait prendre la suite du modèle Unity en 2025. Selon Virgin Galactic, cette nouvelle version est très prometteuse, elle qui serait plus fiable et moins coûteuse à entretenir.
Elle devrait amener l’entreprise vers la rentabilité, pour la première fois depuis sa création en 2004. En attendant de voir Delta à l’œuvre, Richard Branson a annoncé ce 2 novembre que Unity ferait encore deux ou trois vols commerciaux en 2024, en fonction de son niveau d’usure. L’avion-fusée aurait ainsi atteint l’espace une petite dizaine de fois avant de faire ses adieux.
Delta : le début d’un monde nouveau ?
Si aucun visuel n’a encore été publié concernant Delta, les analystes ne s’attendent pas à de grands changements. Les deux avions-fusées devraient être très similaires. La grande nuance devrait se retrouver du côté de la capacité de vol de ce nouveau modèle.
Virgin Galactic espère pouvoir faire voler son avion-fusée bien plus souvent que Unity. L’idéal serait d’atteindre deux vols par semaine, un objectif très ambitieux, aujourd’hui bien loin des 4 vols annuels réalisés par Unity. Delta devrait tirer sa force d’une nouvelle structure composite ainsi que d’un design plus léger, rendant les réparations entre les vols plus simples et plus rapides. En ce qui concerne la motorisation, là encore, Virgin Galactic prépare de grands changements.
L’entreprise a travaillé pendant plusieurs mois avec Aurora Flight Sciences, une filiale de Boeing. Ensemble, les deux sociétés ont mis au point une nouvelle version du moteur Eve qui aura la lourde tâche de propulser la fusée dans les airs une fois le vol de « croisière » en avion effectué.
Avec cette nouvelle motorisation, plus fiable et plus puissante, les vols de Virgin Galactic devraient dépasser, pour la première fois, la ligne de Karman. Cette distance imaginaire (100 km d’altitude) est la frontière internationalement reconnue entre l’atmosphère et l’espace.
Jusqu’à présent, les vols réalisés avec Unity montaient en piquet jusqu’à 87 kilomètres de haut. C’était suffisant cependant pour se « rendre dans l’espace » en prenant en compte la définition américaine (qui fixe une frontière à 85 kilomètres entre l’espace et l’atmosphère).
Enfin de la rentabilité ?
Sur le long terme, Virgin Galactic espère pouvoir trouver un modèle économique viable pour son entreprise. En août, dans un appel avec les investisseurs, l’entreprise a annoncé des revenus de 2 millions de dollars. Elle table pour ce trimestre et le prochain sur un million de dollars chacun.
Ces retours ne sont que des grains de poussière face à la quantité de liquidités investies. Rien que le développement de Delta aurait coûté 50 à 60 millions de dollars à l’entreprise. Il faudrait donc que ce nouvel avion-fusée vole des centaines de fois avant de rembourser son investissement de départ.
Avec des billets pour l’espace vendus 450 000 dollars pièce, l’entreprise espère récupérer 2 millions de dollars par vols. En tenant une cadence infernale de deux vols par semaine, de premiers bénéfices pourraient tomber dans la poche des investisseurs au début de l’année 2026. Si tout se passe parfaitement bien.
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