Depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, les internautes s’emballent. Pour cause, certains pensent avoir découvert un vaste réseau de trafic d’enfants. Il n’est cette fois pas question de dark web, mais bien d’un réseau social très populaire, et accessible à tous.
Dites donc @vinted c'est quoi ces prix ? Il n'y a pas si longtemps d'autres sites pratiquaient ce genre de prix exorbitants mais ce que les gens achetaient ce n'était pas les articles annonçés…https://t.co/x6cye17ysT pic.twitter.com/Oq7Bx8RUd8
— QUANTUM LEAP TRADUCTION (@QuantumLeapTrad) November 11, 2023
Vinted abrite-t-il vraiment un réseau pédocriminel ?
À l’origine de cette “affaire”, plusieurs internautes constatent des annonces étranges sur la plateforme de revente. Des vêtements pour enfants bon marché sont proposés à des prix exorbitants (plus de 10 000€), et assortis d’annonces succinctes : “7 ans, très bon état“, “jamais servi“, “porté quelques fois“. Autant de précisions qui semblent assez banales pour un vêtement d’occasion, mais qui serviraient en réalité de code pour dissimuler un trafic sexuel d’enfants.
Rapidement, certains internautes dénoncent ce qu’ils estiment être un réseau pédocriminel international. Sur X notamment, plusieurs captures d’écran dévoilent des articles vendus beaucoup trop cher comme la preuve d’une annonce cachée. En réalité, les robes de fillettes à 12 500€ serviraient à camoufler la vente d’une véritable enfant. La taille de vêtement, indiquerait quant à elle l’âge de la victime, tandis que les mentions complémentaires permettraient de détailler les “conditions” de vente (état neuf pour signifier une jeune fille vierge par exemple).
@vinted Ca fait CHER la robe pour un enfant de 7 ans, non? Ah? Ah non, on me dit dans l'oreillette que c'est pas la robe que Vinted permet de vendre…. @Interieur_Gouv @PoliceNationale pic.twitter.com/2lUSDetdoy
— NathalieLBrand ++Et Pam!DérouLaSobriété ++ (@NathalieLBrand) November 14, 2023
Le retour du pizzagate
S’il est difficile de réfuter la présence d’annonces illégales sur Vinted, l’idée d’un réseau mondial de pédocriminels qui agiraient à la vue de tous semble cependant peu probable. En réalité, cette nouvelle rumeur ressemble trait pour trait à l’affaire Wayfair, née quelques années plus tôt. En 2020, le site de e-commerce américain spécialisé dans l’ameublement est accusé d’abriter un vaste réseau pédocriminel. En cause, des annonces aux prix délirants, pour des meubles portant des prénoms en guise de référence. Le mouvement complotiste Qanon s’empare rapidement de l’affaire, et enfonce le clou en établissant de nombreuses similitudes entre les noms des meubles vendus sur la plateforme et l’identité d’enfants disparus aux États-Unis.
Les esprits s’échauffent sur les réseaux sociaux, et le mot-clé “Wayfairgate” est cité plus de 40 millions de fois sur les plateformes en ligne. L’enseigne est alors contrainte de contester publiquement les accusations, en indiquant : “Il n’y a évidemment aucun fondement à ces allégations. Les produits en question sont des armoires de qualité industrielle dont le prix est justifié“. Face à la polémique grandissante, elle préfère toutefois retirer ses meubles de la vente.
Avant la Wayfairgate, une première théorie similaire émerge en 2016 avec la Pizzagate. À l’époque, une rumeur conspirationniste accusant une pizzeria de Washington d’héberger des orgies pédophiles auxquelles participent les élus démocrates. L’ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, est alors accusé d’avoir mis sur pied un réseau de trafic d’enfants. La théorie est rapidement réfutée par les services de police et les médias américains, mais les sphères complotistes persistent et signent : un réseau pédocriminel existe, et il utilise comme façade une entreprise de restauration pour sévir. La même année, un internaute avait fini par faire irruption dans les lieux, armé d’un fusil d’assaut.
Reste que si rien ne prouve l’existence d’un vaste réseau de trafic d’enfants sur Vinted, plusieurs pages indexées par Google contiennent effectivement des références pédocriminelles, rapportait Le Monde à l’époque du Wayfairgate.
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Alors après ces qq semaines où il s’avère qu’il ne s’agit pas de “rumeurs” … comme vous le prétendiez ?
Avez vous la décence de dénoncer ces horreurs ou bien continuerez vous à être complices ?