Unity vient d’annoncer que Muse, sa nouvelle plateforme d’IA générative au service des créateurs de jeux vidéo, est enfin disponible en early access. Pour un forfait de 30 $ par mois, les studios et les développeurs indépendants pourront exploiter la puissance du machine learning pour réaliser des tâches qui sortent de leur champ de compétences.
Concrètement, Muse repose sur un chatbot façon ChatGPT qui travaille à partir de requêtes textuelles. Mais au lieu de produire du texte, ce système a vocation à générer diverses ressources pour faciliter la création du jeu.
Un générateur de ressources graphiques
Cette première version proposera une aide à la création de ressources graphiques, comme des textures ou des sprites — des images en 2D censées représenter un personnage, un objet ou un élément de décor. Avec un simple prompt, il sera possible de créer un sprite à partir de rien, ou de modifier une ressource existante pour en produire plusieurs variantes.
Il s’agit déjà d’une addition très intéressante, car c’est un exercice qui nécessite des compétences créatives et techniques bien spécifiques. Avec Muse, Unity veut faire sauter tous ces prérequis ; en théorie, il n’y aura plus besoin d’acheter du matériel sur une marketplace comme l’Unity Asset Store, ou d’apprendre toutes les nuances de logiciels complexes comme Substance Designer pour obtenir un résultat exploitable.
En pratique, on peut s’attendre à ce que ces images générées par l’IA ne soient pas forcément exploitables dans un produit fini. Dans un premier temps, elles seront sans doute d’une qualité largement inférieure à ce qu’un artiste confirmé est capable de produire.
De plus, ce genre d’outils ne permet généralement pas aux créateurs de concrétiser toutes les nuances de leur vision artistique. Et ça risque d’être particulièrement vrai pour Muse. Les résultats seront probablement assez formatés, sachant qu’Unity a pris soin d’entraîner son modèle IA sur un ensemble restreint d’images propriétaires pour éviter des problèmes de droit d’auteur. Mais quoi qu’il en soit, il pourrait déjà s’agir d’un excellent moyen de se procurer des ressources personnalisées pour la phase de prototypage.
Créer des animations en quelques clics
Et ce n’est qu’un début, car Muse n’a pas vocation à être qu’un simple générateur d’images. À terme, la plateforme sera aussi capable de générer toutes sortes d’animations, aussi bien pour les armatures de modèles 3D que pour les meshes en eux-mêmes.
Dans une première vidéo de présentation, l’utilisateur indique simplement au chatbot de « faire un salto arrière ». Et en réponse, le système produit une animation de salto arrière plutôt convaincante. Le second exemple est encore plus impressionnant ; il s’agit d’un modèle 3D en plein monologue dont toutes les animations faciales ont été générées par Muse.
Là encore, il s’agit d’une ressource très intéressante pour les développeurs, car l’animation 3D nécessite des compétences techniques relativement poussées. Pour obtenir un résultat convaincant, il faut prendre le temps de dompter des logiciels complexes tels que Maya ou Blender. Et même pour ceux qui sont déjà rompus à l’usage de ces outils, il s’agit généralement d’un exercice particulièrement chronophage.
Une nouvelle génération de jeux dopés au machine learning
Au-delà de la partie graphique, Muse servira aussi d’assistant à la programmation. Il pourra parcourir la l’API du moteur pour proposer des extraits de code pertinent, ou des indications sur la façon d’utiliser les différents systèmes d’Unity pour arriver au résultat attendu.
En parallèle de Muse, Unity a aussi annoncé l’arrivée prochaine de Sentis. Il s’agit d’un système de machine learning directement intégré au moteur. Unity est resté relativement discret sur ses fonctionnalités pour l’instant. Mais on peut déjà imaginer que les utilisateurs confirmés pourront s’en servir pour créer de nouvelles fonctionnalités complexes pour leurs jeux, comme des systèmes de création de personnages, des IA avancées pour les PNJ, et ainsi de suite.
Un nouveau départ pour Unity
Toutes ces fonctionnalités ne sont pas encore disponibles dans cet early access. Elles seront progressivement intégrées au fil du temps. Mais à terme, il pourrait s’agir d’une vraie révolution dans la façon de concevoir des jeux vidéo, notamment pour les développeurs solitaires et les studios indépendants. Il sera très intéressant de voir ce dont Muse et Sentis seront capables une fois arrivés à maturité.
Pour Unity, c’est aussi une belle opportunité salutaire de tourner la page John Riccitiello, l’ancien dirigeant récemment licencié après l’affaire du runtime fee. Ce scandale a fait dégringoler la côte de l’entreprise, et elle a désormais à cœur de se racheter.
Muse, Sentis et Unity 6, la prochaine version très attendue du moteur qui devrait débarquer en 2024, joueront un rôle central dans ce processus. Ils pourraient permettre à la firme de redorer son blason en remettant l’innovation au centre de sa feuille de route.
La balle est désormais dans le camp d’Unity ; il ne reste plus qu’à honorer toutes ces belles promesses pour assurer l’avenir du moteur préféré de la scène indépendante.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.