Samedi 11 novembre, une fusée Falcon 9 de SpaceX s’est élancée vers l’orbite basse depuis la base de Vandenberg, en Californie. Cette mission, baptisée Transporter-9, relevait de la routine pour SpaceX ; mais ce lancement s’est tout de même démarqué à plusieurs niveaux. Il a notamment permis à SpaceX de franchir un seuil symbolique très impressionnant qui témoigne de la domination de l’entreprise dans cette industrie de pointe.
Cela fait plusieurs années déjà que SpaceX se distingue par son rythme de lancement phénoménal, et 2023 a été un grand cru à ce niveau. Après avoir battu le record annuel pour un seul opérateur en 2022, avec 61 lancements, l’entreprise d’Elon Musk a fait encore mieux ; elle signé sa 82e mission de l’année avec Transporter-9. Elle reste donc dans la course pour atteindre son objectif de 100 lancements en une seule année.
Mais le nombre de lancements n’est pas le seul critère qui permet de jauger les performances d’un opérateur ; il y a aussi une autre métrique cruciale, à savoir la masse totale de charge utile mise en orbite.
Jusqu’à récemment, c’était l’Union soviétique qui dominait outrageusement ce classement, avec un record estimé à environ 500 tonnes en une seule année. Entre-temps, les progrès techniques sur les matériaux et la miniaturisation ont permis de produire des engins de plus en plus petits légers — un critère importantissime dans cette industrie où le moindre kilogramme se paie au prix fort. Le record soviétique est donc resté intouchable pendant des décennies.
1000 tonnes de charge utile en un an
Mais tout a changé avec l’entrée en scène du Falcon 9, le fer de lance partiellement réutilisable qui continue de se montrer extrêmement fiable. Selon Elon Musk, avec cette 82e mission, SpaceX a franchi la barre des 1000 tonnes de charge utile mises en orbite en une seule année. Un record bluffant.
https://twitter.com/elonmusk/status/1723425755739082961
« C’est significativement plus que ce que n’importe quel autre pays a lancé avec toute sa flotte en un an », a-t-il déclaré sur X. « Pour comparaison, le reste du monde a lancé environ 250 tonnes en orbite cette année, la majorité par la Chine ».
Pour atteindre ce chiffre, SpaceX a notamment pu compter sur les nombreux déploiements de satellites Starlink. A titre de référence, la nouvelle version (Starlink V2 Mini) pèse environ 800 kg par satellite, et ces engins représentent environ 60 % des lancements de la firme sur l’année 2023. Un peu plus de 5000 de ces satellites évoluent actuellement en orbite, et SpaceX a l’autorisation d’en déployer jusqu’à 12 000 dans le cadre de son accord actuel avec la Federal Communications Commission.
Et ce chiffre va probablement continuer d’enfler. L’année prochaine, SpaceX espère réaliser pas moins de 144 lancements, soit près de 50% supplémentaires par rapport à l’objectif déjà très ambitieux de 2023.
Et à terme, ce record va probablement être pulvérisé lorsque le Starship va entrer en scène. Dans sa version 100% réutilisable, il sera théoriquement capable d’emporter 150 tonnes de charge utile en orbite terrestre basse, contre 22,8 tonnes pour le Falcon 9.
90 engins d’un coup pour la 12e mission du booster
L’autre donnée impressionnante, c’est le nombre d’engins déployés par Transporter-9. Au total, le Falcon a emporté pas moins de 90 charges utiles différentes. Il ne s’agit cette fois pas d’un record — cet honneur revient à la mission Transporter première du nom, qui avait décollé avec 143 satellites à son bord en 2021.
Selon SpaceFlightNow, ce sont les 36 satellites SuperDove qui représentaient le plus gros de la cargaison de Transporter-9. Il s’agit de satellites d’observation conçus par Planet Labs PBC, une entreprise basée à San Francisco.
Autre point remarquable : il s’agissait de la douzième mission pour ce même booster, qui est à chaque fois rentré à bon port sans encombre. Il s’est notamment chargé de la mission Transporter-8 et de six déploiements de Starlink. Deux autres ont été menées pour le compte du National Reconnaissance office américain, et une autre une a permis de déployer le satellite radar allemand SARah-1.
Mais surtout, c’est ce même engin qui avait lancé le satellite franco-américain SWOT, un engin va révolutionner le regard de l’humanité sur les lacs et les rivières de notre Terre. Ce CV prolifique montre bien à quel point la firme a confiance en son lanceur réutilisable, qui va sans doute rester le cœur battant de SpaceX pendant de longues années.
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