Au courant du week-end, les autorités ont officiellement déclaré un état d’urgence dans la petite bourgade islandaise de Grindavik, à une heure de voiture de la capitale Reykjavík. Elle est directement menacée par le volcan Fagradalsfjall, dont l’éruption « imminente » menace la municipalité.
Depuis octobre, les locaux ont eu droit à des salves soutenues de petits séismes. Depuis octobre, la Terre a tremblé plus de 20 000 fois. Les spécialistes ont compté 2800 secousses rien que ce dimanche, et aux dernières nouvelles, déjà plus de 400 depuis ce matin. Des fractures ont aussi commencé à émerger sur plusieurs routes de la ville.
Or, les activités sismiques et volcaniques peuvent toutes deux être liées aux mêmes phénomènes — la montée en pression de l’édifice volcanique, et les mouvements des plaques tectoniques. L’Islande entretient une relation particulière avec ces dernières, et ce depuis le tout début de son histoire. C’est une île d’origine volcanique qui s’est formée au niveau d’un point chaud de la dorsale médio-atlantique, la ligne de divergence entre les plaques eurasiatiques et nord-américaines.
Ce positionnement explique l’activité volcanique exceptionnelle de l’île, qui compte plus de 30 sites volcaniques actifs. Mais même pour cette île où cela fait partie du quotidien, la situation est devenue particulièrement inquiétante ces derniers temps. Environ 30 000 microéruptions ont été enregistrées dans la zone depuis le début de ce pic d’activité, il y a trois semaines. Une situation qui n’augure rien de bon pour les spécialistes.
Evacuation en cours
« Je ne pense pas que nous ayons encore beaucoup de temps avant une éruption. Les chances d’avoir une éruption ont augmenté de manière significative, c’est une histoire d’heures ou de jours », prévoit Thorvaldur Thordarson, professeur de volcanologie à l’Université d’Islande.
À cause de ces signes avant-coureurs, l’Icelandic Meteorological Office (l’institution qui gère les alertes volcaniques) a préféré prendre toutes ses précautions. En effet Grindavik, est particulièrement exposée, et l’éruption pourrait durer « des semaines » selon les prévisions des volcanologues locaux. Ils estiment donc que dans le pire des cas, la ville pourrait être entièrement rayée de la carte.
La priorité, c’est donc d’assurer la sécurité des habitants. Même s’il n’y a « pas de danger immédiat » selon les autorités, les 4000 âmes de Grindavik ont tout de même été évacuées. Selon Alda Sigmundsdottir, journaliste islandaise citée par la BBC, les résidents ont toutefois été autorisés à repasser rapidement chez eux pour récupérer le strict nécessaire ainsi que leurs animaux de compagnie. Toutes les routes d’accès à la ville ont été fermées à la circulation normale pour faciliter l’évacuation et laisser la place aux véhicules de secours.
Aucun risque pour les avions
Cet épisode intervient 13 ans après un autre épisode volcanique particulièrement remarquable. En avril 2010, l’éruption du volcan avait propulsé des dizaines de millions de mètres cubes de cendre volcanique dans l’atmosphère, paralysant ainsi tout le trafic aérien pendant une semaine.
Il est donc légitime de se demander si un nouvel épisode de ce genre pourrait survenir. Mais fort heureusement, la situation est très différente. Il n’y a aucun risque qu’une éruption du Fagradalsfjall produise les mêmes résultats. Le cas de l’Eyjafjallajökull était en effet un cas particulier.
L’édifice volcanique était surmonté d’un vaste glacier, et ce dernier a joué un rôle déterminant dans l’éjection de cet immense nuage de cendre. La chaleur du magma a fait fondre la glace très rapidement, ce qui a créé de grandes quantités d’eau liquide en un temps très court. Cette eau est ensuite entrée en contact avec le magma, conduisant à la production d’une immense quantité de vapeur. L’augmentation de pression a généré de puissantes explosions qui ont fragmenté le magma en fines particules. Ce mélange de cendres, de vapeur et de gaz volcaniques a ensuite été propulsé très haut dans l’atmosphère, puis dispersé au gré du vent.
Puisque Fagradalsfjall n’est pas surmonté d’un glacier, l’aviation n’a donc rien à craindre. Il faudra simplement croiser les doigts pour les habitants de Grindavik, qui risquent de voir toutes leurs maisons et le reste de leur ville partir en fumée dans un futur proche.
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