La startup allemande Aleph Alpha est devenue un poids lourd de l’intelligence artificielle générative en Europe en sécurisant un financement de 460 millions d’euros, ce qui marque au passage l’une des plus importantes levées de fonds jamais réalisées pour une société européenne spécialisée dans ce domaine. Cet événement marque aussi l’intérêt croissant pour l’innovation en IA au sein de l’UE et surtout l’absolue nécessité d’éviter tout retard technologique face aux États-Unis et à la Chine.
Levée de fonds historique pour Aleph Alpha
Robert Habeck, le ministre allemand de l’Économie, a insisté durant une conférence de presse sur l’importance de l’autonomie européenne dans le secteur de l’IA. « L’idée de posséder notre propre souveraineté dans le secteur de l’IA est extrêmement importante », a-t-il martelé. Il a souligné que la régulation optimale en Europe sans avoir en parallèle des entreprises européennes concurrentielles dans le secteur ne sera pas suffisant.
Jonas Andrulis, fondateur et PDG d’Aleph Alpha, a relevé de son côté l’importance de la transparence, de la traçabilité et de la souveraineté, en évoquant aussi des considérations éthiques susceptibles de différencier un futur grand modèle de langage européen (LLM) de ses homologues, notamment en termes d’objectifs géopolitiques.
Aleph Alpha, contrairement à des géants comme OpenAI, se concentre sur le service aux entreprises et aux gouvernements plutôt qu’aux consommateurs individuels. Avec seulement 61 employés contre 1.200 chez OpenAI, Aleph Alpha entrevoit un avenir prometteur grâce à la construction de l’Innovation Park Artificial Intelligence (Ipai) dans sa ville d’origine, Heilbronn, où pourront travailler jusqu’à 5.000 personnes à l’horizon 2027.
Au-delà de l’Allemagne, d’autres gouvernements européens, comme les Pays-Bas, entreprennent le développement de leurs propres LLM dans le but de fournir des alternatives « transparentes, équitables et vérifiables ».
Aleph Alpha n’est pas seule dans cette course. Fondée en 2019 et ayant déjà levé des fonds importants avant l’engouement pour les investissements induits par ChatGPT, la startup se trouve néanmoins confrontée à de nouveaux concurrents comme la française Mistral AI, qui a récolté 133 millions d’euros peu après sa création en mai. Mistral AI développe également un LLM destiné aux entreprises, avec une première version proposée gratuitement.
Mistral AI, fondée par d’anciens employés de Google et Meta, a mis en garde contre le « problème géopolitique majeur » que représente l’absence d’un acteur européen sérieux dans l’IA générative. Ces mouvements suggèrent un réveil européen vis-à-vis de l’importance stratégique de l’IA, où le développement de capacités domestiques devient une priorité.
Il y a donc une prise de conscience au niveau de l’Europe pour avoir des champions régionaux de l’IA générative à même de concurrencer OpenAI, Meta ou encore Google sur ce terrain. L’UE ne doit pas seulement être une zone de législation et de réglementation, mais aussi un terrain d’innovation technologique…
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