Marc, un Français originaire de Bordeaux atteint de la maladie de Parkinson, est devenu la toute première personne à bénéficier d’un nouveau traitement qui pourrait changer la vie de nombreux patients. Grâce à un implant au niveau de la moelle épinière, il a récupéré sa capacité à marcher sur de longues distances, après des années de pertes d’équilibres et de chutes qui impactaient fortement son quotidien.
Cette terrible maladie neurodégénérative est souvent associée à des tremblements incontrôlables qui compliquent les tâches du quotidien, comme le fait de s’alimenter. Mais ses conséquences vont en fait bien au-delà de ces convulsions. Comme la plupart des patients atteints de la maladie de Parkinson, Marc souffrait de gros problèmes de mobilité ; il avait du mal à conserver son équilibre et avait tendance à se figer entre deux pas, ce qui se terminait souvent par une chute.
Une équipe spécialisée dans les neuroprothèses
Mais tout a changé lorsqu’il a été sélectionné pour une étude de chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Bordeaux et de Lausanne, et de l’EPFL. Cette équipe, co-dirigée par la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, est réputée mondialement pour ses travaux sur les neuroprothèses. Ce sont des dispositifs qui permettent de stimuler artificiellement le système nerveux pour aider des patients à surmonter des dégâts neurologiques, qu’ils soient d’origine biologique ou traumatique.
Ces travaux ont déjà produit des résultats impressionnants. En février 2022, ces mêmes chercheurs ont annoncé qu’ils avaient réussi à rendre leur capacité à marcher à trois personnes paraplégiques grâce à des implants de ce genre.
Ils voulaient ensuite tester une variante de ce même système chez un patient atteint de la maladie de Parkinson. Pour y parvenir, l’équipe a dû calibrer spécifiquement le système pour qu’il soit adapté au cas de son patient. La première étape, c’est de créer une carte anatomique précise de la moelle épinière. Cela permet d’identifier précisément les sites qui sont impliqués dans les mouvements des jambes. Après cet état des lieux, ils ont pu implanter des électrodes sur les sites ciblés.
À partir de là, il fallait trouver un moyen de les stimuler électriquement avec la bonne intensité, et surtout au bon moment. Pour y parvenir, ils ont équipé les jambes du patient avec des capteurs de mouvement qui communiquent avec les électrodes pour envoyer un signal au moment opportun. Cela permet de corriger en temps réel les signaux envoyés par le cerveau, dont l’intégrité est compromise par la maladie de Parkinson.
Des résultats extrêmement encourageants
Et l’expérience a produit des résultats assez spectaculaires si l’on s’en réfère au témoignage de Marc ; il décrit une véritable résurrection. « Je ne pouvais pratiquement plus marcher sans tomber régulièrement, plusieurs fois par jour », raconte-t-il dans le communiqué de l’EPFL. « Dans certaines situations, je piétinais sur place, comme si j’étais gelé. Maintenant, je n’ai même plus peur des escaliers. Tous les dimanches, je vais au lac et je marche six kilomètres. C’est incroyable ».
« C’est impressionnant de voir qu’en stimulant électriquement la moelle épinière de manière ciblée, comme nous l’avons déjà fait avec des patients paraplégiques, nous pouvons aussi corriger ces défauts de la démarche provoqués par la maladie de Parkinson », se réjouit Jocelyne Bloch.
Un essai clinique plus large prévu en 2024
Les auteurs de l’étude appellent à la patience, et insistent sur le fait qu’il ne s’agit encore que d’une preuve de concept. Mais cet excellent résultat les pousse à aller de l’avant. La prochaine étape sera de mener un essai clinique à plus grande échelle sur un groupe de six personnes. Ce programme, qui devrait débuter en 2024, permettra dans un premier temps de vérifier si cette neuroprothèse peut effectivement aider tous les patients touchés par la maladie de Parkinson à récupérer leur mobilité.
Mais les chercheurs voient encore plus loin ; ils veulent aller au-delà des problèmes de démarche. Cet essai clinique sera l’occasion de tester si ces neuroprothèses peuvent aussi traiter d’autres troubles neurologiques associés à la maladie de Parkinson, comme ces fameux tremblements qui empêchent les patients de manipuler des objets normalement.
À l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de traitement qui permet véritablement de guérir cette affliction ; mais en attendant, ces neuroprothèses pourraient au moins améliorer considérablement la qualité de vie des patients dans un futur relativement proche, et c’est déjà un énorme pas en avant – au sens propre comme au figuré.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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il faudrait donner plus de visibilité à ce type d’équipes de chercheurs qui travaillent discrètement et réussissent des prouesses sans en faire des caisses, alors que d’autres (Neuralink ?) font du buzz pendant des années et la une des médias pour la moindre promesse de début de commencement d’éventuels résultats dans 5 ans…