Les curieux qui se sont récemment découvert une passion pour l’espace s’interrogent parfois sur les différents termes utilisés en référence aux personnes qui y voyagent. Il en existe toute une flopée qui sont construits sur autour du suffixe -naute, dérivé du grec ancien ναύτης (navigateur) — mais avec des préfixes distincts. Ces derniers sont généralement liés à la nationalité, mais avec quelques petites nuances ; nous vous proposons donc un lexique pour y voir plus clair.
Astronaute : le terme générique
Le terme le plus courant est sans conteste astronaute. Le préfixe astro-, dérivé du grec ancien ἄστρον, fait référence aux étoiles. En principe, il désigne donc tous les humains qui naviguent auprès des étoiles, et par extension dans l’espace, sans distinction particulière.
Plus spécifiquement, il s’agit aussi d’un titre professionnel à part entière. L’agence spatiale nord-américaine, plus connue sous le nom de NASA, l’attribue officiellement à toute personne qui rejoint son prestigieux Corps des Astronautes. Il comprend aujourd’hui 41 astronautes basés au célèbre centre Johnson, au Texas.
Parmi les astronautes les plus connus, on peut citer le légendaire Neil Armstrong. Il s’agit du premier humain à marcher sur la Lune lors de la mission Apollo 11, en 1969. On lui doit notamment la célèbre formule « Un petit pas pour un homme, un pas de géant pour l’humanité ». Il est parti fouler le sol de notre satellite en compagnie d’Edwin « Buzz » Aldrin pendant que Michael Collins est resté à bord de la capsule.
Spationaute : une variante européenne
Le terme de spationaute est basé sur le mot latin spatium, qui signifie littéralement « espace ». Il désigne plus spécifiquement les astronautes originaires d’Europe de l’Ouest, ou de France en fonction du contexte.
C’est une dénomination plus rare, et surtout informelle. Comme son homologue américain, l’Agence Spatiale Européenne utilise aussi le terme d’astronaute dans ses documents officiels. Ils sont d’ailleurs rassemblés dans le Corps européen des astronautes. Cette structure, aujourd’hui basée à Cologne a été inaugurée en 1998, afin d’unir les astronautes européens sous une même bannière.
Il compte aujourd’hui six membres actifs : les Italiens Luca Parmitano et Samantha Cristoforetti, les Allemands Alexander Gerst et Mathias Maurer, le danois Andreas Mogensen, et surtout notre Thomas Pesquet national.
Ce dernier est d’ailleurs l’Européen qui a passé le plus de temps dans l’espace. À ce jour, il totalise 396 jours, 11 heures et 34 minutes loin de la Terre.
Cosmonaute : une version russe héritée de la Guerre froide
Ce terme est une transposition directe de космонавт, lui-même dérivé du grec ancien κόσμος (« univers »). Il désigne spécifiquement les astronautes affiliés à l’Agence spatiale russe, aujourd’hui appelée Roscosmos.
Ce mot s’est immiscé dans le vocabulaire public pendant la Guerre froide, qui a opposé le bloc de l’Ouest centré autour des États-Unis au bloc de l’Est représenté par l’Union soviétique. Du point de vue de l’Oncle Sam, c’était une manière de marquer la distinction entre ses propres astronautes, véritables héros nationaux, et les représentants russes que les Américains ne souhaitaient pas gratifier du même respect.
Cette distinction a perdu son caractère dévalorisant à la fin de la Guerre froide. Et heureusement, car c’est bien aux cosmonautes que l’on doit les tout premiers exploits de l’humanité loin de la Terre. En 1961, c’est Youri Gagarine qui est devenu le tout premier humain à effectuer un vol dans l’espace avec la mission Vostok 1.
Au-delà de cet exemple particulièrement célèbre, toute une cohorte de cosmonautes s’est aventurée dans l’espace avant même que les Américains n’y aient mis un orteil. On peut citer Gherman Titov, qui est parti en orbite à l’âge de 25 ans à peine, Aleksei Leonov, auteur de la première sortie en combinaison dans l’espace, ou encore Valentina Tereshkova, la toute première femme à quitter la Terre.
Taïkonaute : une variante chinoise contestée
Plus récemment, alors que de plus en plus d’autres nations rêvent d’espace, quelques autres termes ont commencé à faire leur apparition. Cela concerne notamment les taïkonautes, qui sont des astronautes affiliés à l’agence spatiale chinoise. Il est dérivé du mandarin tàikōng (太空), qui signifie littéralement espace.
C’est cependant d’un terme informel qui a été inventé en occident, et qui n’est absolument pas utilisé en Chine. Il n’est donc pas très apprécié par une partie du public chinois anglophone. Certains y voient une distinction comparable à celle entre les astronautes et les cosmonautes pendant la Guerre froide, dans un contexte où l’aérospatiale chinoise progresse à grande vitesse et où les relations diplomatiques entre les deux pays sont pour le moins tendues.
Officiellement, les astronautes chinois sont appelés hángtiānyuán (航天员), que l’on peut grossièrement traduire par « navigateurs célestes ».
Le plus connu d’entre eux est Yang Liwei, premier chinois dans l’espace. Il s’agissait d’ailleurs d’une mission en solitaire, ce qui est très rare à l’ère moderne. Plus récemment, ce sont Jing Haipeng, Zhu Yangzhu et Gui Haichao qui ont marqué l’histoire avec leur séjour à bord de Tiangong, la nouvelle station spatiale chinoise.
Vyomanaute
Les vyomanautes sont des astronautes affiliés à l’ISRO, l’agence spatiale indienne. Ce nom est dérivé du Sanskrit व्योमन् (vyoman, « ciel », ou « espace »). Ce terme est certainement le moins connu de cette liste, et pour cause : même si plusieurs astronautes d’origine indienne se sont déjà aventurés dans l’espace, il n’y en a qu’un seul qui était un véritable citoyen indien.
Cet honneur revient à Rakesh Sharma, qui est parti dans l’espace en 1984. À l’époque, l’ISRO venait à peine de mettre ses premiers satellites en orbite, et l’institution était encore très loin d’y envoyer des humains. À l’époque, Sharma avait bénéficié d’une collaboration avec le programme spatial soviétique.
Mais il devrait bientôt avoir de la compagnie. Le nombre de vyomanautes devrait quadrupler grâce au programme Gaganyaan, à travers lequel l’ISRO compte envoyer trois astronautes en orbite en 2025.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.