Le James Webb Space Telescope vient d’ajouter une nouvelle observation remarquable à son tableau de chasse. Récemment, il s’est attardé sur la nébuleuse du Crabe, localisée dans la constellation du Taureau. L’observatoire a pu révéler des détails inédits sur cette structure iconique à travers une nouvelle série de photos somptueuses.
La nébuleuse du Crabe est un rémanent de supernova, une poche de poussière et de gaz qui subsiste après ces explosions cataclysmiques. Elle est historiquement très importante ; grâce à sa relative proximité (6500 années-lumière), c’est l’une des rares supernovas qui ont pu être observées à l’œil nu. Les premières descriptions remontent même à presque un millénaire ; des astronomes chinois ont pu la documenter dès l’an 1054, quand elle a illuminé le ciel pendant plusieurs semaines.
Un laboratoire à ciel ouvert
Depuis, elle fait l’objet d’un intérêt tout particulier des astronomes. En plus d’être visuellement spectaculaire, grâce à sa proximité, elle est devenue un excellent laboratoire à ciel ouvert pour les instruments modernes.
En effet, comme de très nombreuses nébuleuses, il s’agit d’une vaste pouponnière stellaire. Les vestiges de l’étoile défunte alimentent la formation d’une ribambelle de nouveaux astres ; pour les chercheurs, c’est une belle opportunité d’étudier le début de ce cycle fondamental dans la dynamique de l’Univers.
Il y a d’ailleurs un autre élément qui rend cette nébuleuse particulièrement photogénique pour les astronomes. La supernova qui lui a donné naissance a laissé derrière elle un pulsar, une étoile à neutron en rotation rapide. Ce pulsar est remarquable, car c’est l’un des plus denses et énergétiques à avoir été observés à ce jour.
Mais le plus important, c’est l’influence de ce véritable phare cosmique sur son environnement direct. Il ionise le gaz à proximité et génère un puissant champ magnétique structure le cœur de la nébuleuse.
Ce dernier accélère les particules avoisinantes à une vitesse extrême. Dans ces conditions, le déplacement rapide des particules chargées dans le champ magnétique produit des rayonnements électromagnétiques intenses. Les astronomes parlent de rayonnement synchrotron, et ce dernier peut être exploité pour révéler certains détails cachés de la nébuleuse.
Un nouveau regard sur le cœur de la nébuleuse
Mais encore faut-il être capable d’observer les détails de ces volutes — et c’est malheureusement plus facile à dire qu’à faire. Comme c’est souvent le cas dans ces nébuleuses, les sections les plus actives de la pouponnière ont tendance à être occultées par ces grands nuages de poussière. Ils constituent une barrière quasiment impénétrable pour les télescopes qui travaillent dans le domaine du visible, comme le vénérable Hubble.
C’est là qu’intervient le JWST. Ses capteurs sont spécialisés dans l’observation des rayonnements infrarouges ; or, contrairement à la lumière visible, ces derniers sont capables de traverser ce voile de poussière. L’observatoire a donc pu révéler des détails inédits sur la structure de la nébuleuse, comme il l’avait déjà fait avec celle d’Orion par exemple (voir notre article).
À première vue, les images du Webb ne semblent pas si différentes de celles d’Hubble. On observe les mêmes grands filaments de matière qui donnent son apparence caractéristique à la nébuleuse. Il s’agit des restes de l’étoile défunte.
La différence, c’est que la précision du JWST a permis aux chercheurs d’en déterminer précisément la composition. Les volutes oranges correspondent à du soufre ionisé. Les portions bleues, en revanche, sont plutôt chargées en fer.
Mais surtout, le nouveau roi des télescopes a pu cartographier pour la toute première fois le cœur de la nébuleuse. Une région que son prédécesseur n’avait jamais pu observer avec ce niveau de précision. Cela a permis aux astronomes de bénéficier d’un nouveau point de vue sur la dynamique du rémanent.
Le télescope a notamment pu mettre en évidence les manifestations du fameux rayonnement synchrotron avec un niveau de détail sans précédent. Il apparaît sous forme de volutes laiteuses qui suivent les lignes du champ magnétique du pulsar, au centre de l’image.
Tous ces éléments permettront aux chercheurs de mieux comprendre la dynamique de la nébuleuse, et par extension, les mécanismes de ces pouponnières stellaires qui jouent un rôle si important dans l’évolution de l’Univers.
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Petite anecdote récente concernant le James Webb Satellite Telescope : une présentatrice chroniqueuse de la chaîne anti-democrats Fox News (Laura Ingraham pour ne pas la citer) a cru hilarant de souligner après une conférence de Joe Biden il y a quelques jours que le président US avait encore commis une bourde de sénilité en parlant du télescope Webb alors qu’elle-même était pliée en deux en clamant “mais qui n’a pas entendu parlé du télescope Hubble!?”… jusqu’à qu’on lui rappelle entre 2 séquences l’existence du JWST dont le lancement en 2021 avait été diffusé en direct… sur Fox News ^_^°