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Grâce à l’IA, deux startups veulent transformer la gestion des satellites

Pangea Aerospace et Aiko Space, deux jeunes pousses européennes, travaillent sur un nouveau système de propulsion dopé au machine learning qui pourrait faciliter la gestion du trafic orbital, et bénéficier à l’autonomie technologique de l’Europe.

Ariane 6 continue de se faire désirer, mais l’aérospatiale européenne peut se consoler avec les efforts des jeunes pousses qui déploient des efforts considérables pour assurer la transition vers l’ère du New Space.

Aujourd’hui, ce sont deux startups fraîchement installées à Toulouse qui ont annoncé un nouveau partenariat prometteur. Leur objectif : créer un nouveau système de propulsion spatiale intelligent et autonome pour faciliter la logistique orbitale.

Le premier membre du duo, Pangea Aerospace, est une startup spécialisée dans la propulsion. Elle développe notamment une tuyère aerospike réutilisable. C’est une classe de moteur-fusée qui sacrifie la buse en forme de cloche traditionnelle afin d’optimiser l’expansion des gaz à la sortie du moteur sur une large gamme d’altitudes. Cela se traduit par un rendement supérieur à celui des engins traditionnels.

De l’autre côté, on trouve Aiko Space, une startup originaire d’Italie qui se concentre sur le versant logiciel. Elle est spécialisée dans le machine learning appliqué à l’aérospatiale, et a déjà développé plusieurs systèmes qui permettent d’automatiser des tâches de maintenance ou encore de planification.

L’IA pour gérer la prolifération des satellites

Depuis quelques années, de plus en plus de satellites sont mis en orbite chaque semaine. Il y a actuellement plus de 8000 engins qui gravitent autour de la Terre, et gérer tout ce trafic n’est pas une mince affaire; c’est un immense casse-tête logistique dont la complexité augmente de façon exponentielle avec la densité des constellations.

La priorité absolue, c’est d’éviter des collisions qui pourraient générer un effet boule de neige aux conséquences potentiellement dévastatrices (on parle de syndrome de Kessler).

Or, il est déjà quasiment impossible de gérer manuellement la trajectoire de tous ces engins. L’industrie commence donc à privilégier des systèmes de plus en plus autonomes, et c’est là que Pangea et Aiko ont une carte à jouer.

Des satellites plus précis, autonomes et économes

À travers ce nouveau partenariat, les deux entreprises veulent développer un nouveau système de propulsion chimique “intelligent” et surtout autonome pour les satellites. Pangea s’occupera de la partie propulsion, tandis qu’Aiko va développer un ensemble d’algorithmes basés sur l’intelligence artificielle qui permettront aux satellites de manœuvrer avec précision en temps réel, sans intervention humaine. Pour les opérateurs, un tel système faciliterait considérablement la gestion de ces engins.

Cette approche permettra aussi de réduire les zones d’incertitudes – en substance, la marge d’erreur dans le positionnement du satellite. En pratique, cela signifie que plusieurs engins pourraient passer plus près l’un de l’autre sans risquer de se percuter. Un argument de poids, alors que le trafic en orbite ne cesse de se densifier.

L’autre intérêt de cette technologie, c’est la durabilité. Plus le nombre de satellites augmente, plus il devient fondamental d’augmenter leur durée de vie afin de minimiser l’encombrement de l’orbite par des appareils hors service. Ce système pourra y contribuer en optimisant la consommation de carburant du propulseur, ce qui se traduit par des missions plus longues et des coûts opérationnels moins importants.

Un atout pour la souveraineté technologique européenne

Les deux partenaires insistent aussi sur l’intérêt de cette solution en termes de souveraineté technologique – un enjeu majeur de la nouvelle course à l’espace qui se déroule en ce moment. Nous l’avons encore constaté récemment, avec les retards d’Ariant 6 qui ont poussé l’ESA à faire appel à SpaceX pour lancer des engins tels qu’Euclid ou des satellites de navigation Galileo.

« Ce système pionnier en Europe que nous proposons permettra de répondre à des enjeux d’autonomie des manœuvres dans l’espace trusté par des puissances étrangères », explique Marie-Laure Gouzy, Directrice France chez Pangea Aerospace. « Ce projet a des objectifs ambitieux et nous sommes convaincus que son résultat constituera une avancée stratégique vers l’affirmation des nouvelles technologies à l’échelle mondiale » , renchérit Aurélie Baker, directrice France d’Aiko Space.

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