2023 a été un grand cru pour les amateurs de jeux de combat, avec les sorties de Mortal Kombat I et surtout du superbe Street Fighter 6. Mais une autre grande échéance attend la FGC en début d’année prochaine, avec la sortie de Tekken 8.
Après plusieurs campagnes de tests fermés, les aficionados des jeux de baston 3D commencent à avoir une idée assez claire de ce qui les attend en janvier prochain. Et si les premiers retours sont globalement positifs, une partie de la communauté appréhende aussi ce qui s’annonce comme un tournant générationnel à haut risque.
Qu’en pense la communauté ?
Le premier point qui frappe, c’est la qualité graphique du titre. D’un point de vue strictement technique, cette première mouture de Tekken 8 est une réussite incontestable. Tous les modèles 3D ont été entièrement reconstruits, et force est de constater que le résultat en met plein la vue. Grâce au passage sous Unreal Engine 5, les personnages et les environnements sont plus détaillés que jamais, et les effets de lumière sont tout simplement fabuleux pour un jeu de cette catégorie.
La différence avec Tekken 7 est saisissante. Dans l’ensemble, les joueurs sont quasiment unanimes : Tekken 8 en jette, et c’est peut-être le plus beau jeu de combat de l’histoire.
Mais Tekken 8 n’est pas qu’une upgrade graphique du titre précédent, loin s’en faut. Les équipes de Katsuhiro Harada en ont aussi profité pour changer le design de certains personnages en profondeur afin de donner un supplément d’âme au jeu – avec des résultats assez mitigés, il faut bien l’avouer.
Les nouveaux looks de Paul Phoenix ou du robot Jack, par exemple, souffrent de choix esthétiques… discutables qui ne semblent pas plaire aux vétérans. Mais dans d’autres cas, Bandai Namco a visé droit dans le mille. On peut citer Marshall Law, dont la nouvelle apparence fait quasiment l’unanimité, ou encore la nouvelle venue Azucena Ortiz qui a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme. La communauté a aussi pris un grand plaisir à découvrir la nouvelle version de Jun Kazama, qui était portée disparue depuis Tekken 2.
Côté gameplay, les quelques nouveaux venus saluent l’arrivée d’un mode de contrôle alternatif, calqué sur le mode Moderne de Street Fighter 6. Le concept est simple : au lieu de forcer le joueur à apprendre toutes les nuances de ce jeu incroyablement complexe, où chaque personnage a accès à plus d’une centaine de techniques différentes, ce nouveau mode propose une expérience simplifiée en facilitant l’accès aux coups les plus utiles. Les vétérans n’y trouveront que peu d’intérêt, mais c’est une bonne manière d’encourager les néophytes, qui avaient tendance à se heurter à un mur avec les précédents opus.
Les joueurs se sont aussi beaucoup attardés sur le netcode, qui était l’un des énormes points faibles de Tekken 7. Lors de ces premiers tests fermés, Tekken 8 s’est déjà montré plus solide à ce niveau. Sur les plateformes communautaires comme Reddit, de nombreux internautes ont raconté qu’ils avaient pu affronter des joueurs d’autres continents dans des conditions à peu près acceptables, ce qui était tout simplement inconcevable sur l’opus précédent. Tekken reste encore très loin de Guilty Gear ou Street Fighter à ce niveau, mais après le netcode catastrophique de Tekken 7, toute amélioration est bonne à prendre.
Notre avis : un grand écart qui nous a pris au dépourvu
En ce qui nous concerne, nous partageons l’avis global de la communauté sur la plupart de ces points. Mais nous n’avons pas pu nous empêcher de grimacer en explorant certains des nouveaux choix de design de Bandai Namco.
Le premier point qui nous a fait froncer les sourcils, c’est la direction artistique du jeu. Certes, d’un point de vue strictement technique, Tekken 8 est une grande réussite. Mais le studio a aussi modifié l’identité visuelle de la série en profondeur, et certains de ces changements ont eu beaucoup de mal à passer. Ce constat concerne surtout les effets de particules.
À quelques exceptions près (les lasers de Devil Jin, les uppercuts électriques de la famille Mishima…), Tekken a toujours été un jeu relativement ancré dans la réalité au niveau visuel (toutes proportions gardées, évidemment). Mais désormais, chaque partie est un véritable déluge de VFX. Le moindre coup de poing déclenche une cascade de particules si vive qu’on en friserait presque la crise d’épilepsie.
Par moments, il est même difficile d’apprécier la qualité des graphismes tant les personnages sont noyés dans les particules. Une rupture totale avec l’ADN visuel de la franchise. Certes, il est possible de les désactiver, mais la pilule aura tout de même du mal à passer chez ceux qui apprécient l’esthétique plus terre à terre de Tekken 7.
Et il n’y a pas que nos yeux qui ont souffert pendant ces tests fermés. De nombreux joueurs ont salué le nouveau sound design, qui souligne selon eux l’impact des coups et rend les affrontements plus viscéraux. Pour notre part, c’est l’effet inverse qui s’est produit; nous avons trouvé que tous ces ajouts de basses à tort et à travers rendaient les impacts plus mollassons, comme si le combat avait lieu sous l’eau. Au bout du compte, c’est un critère éminemment subjectif, mais là encore, la rupture avec Tekken 7 est totale.
Le système de Heat nous fait transpirer à grosses gouttes
Mais tous ces points sont quasiment anecdotiques par rapport aux vrais changements de Tekken 8, ceux qui touchent directement le gameplay. Comme cela avait été annoncé, Harada et ses troupes ont cherché à rendre le jeu beaucoup plus agressif avec de nouvelles mécaniques qui changent radicalement la façon de jouer – pour le meilleur et pour le pire.
Les joueurs sont désormais encouragés à frapper vite et fort, et à exercer une pression constante et impitoyable sur leur adversaire. Il est incontestable que cela rend les affrontements plus dynamiques, mais il y a un revers de la médaille; pendant nos quelques heures de test, nous avons trouvé que la partie la plus stratégique et nuancée du gameplay a été mise en retrait. La patience n’est malheureusement plus autant récompensée que dans Tekken 7, notamment à cause de l’introduction du chip damage, du nouveau système de chope (elles sont impossibles à contrer dans certaines situations), et de l’omniprésence des 50/50.
Mais le principal coupable à nos yeux, c’est le nouveau système d’overdrive, baptisé Heat, matérialisé par une jauge à la Street Fighter. En substance, il permet de bénéficier d’énormes bonus pendant une courte période afin d’exercer une grosse pression ou de renverser une situation quasiment désespérée.
Une très bonne idée sur le papier, car la franchise avait grand besoin de nouvelles mécaniques pour apporter un peu de fraîcheur. Mais en pratique, ce système change fondamentalement la dynamique des combats. C’est bien simple : chaque round de chaque match est décidé au moins en partie par ce système de heat.
De très nombreux joueurs ont énormément apprécié cette évolution. Mais de notre côté, nous avons eu beaucoup de mal à retrouver les sensations qui nous plaisaient tant dans les précédents opus. Ce côté plus “arcade”, moins organique et terre à terre, nous a vraiment pris au dépourvu. Notre première réaction était de se dire que ce système de meter n’a pas du tout sa place dans un Tekken.
Au-delà de cette première impression, qui s’estompera sans doute après quelques dizaines heures de jeu, ce nouveau système pose aussi des tas de questions sur l’équilibrage.
L’un des gros points forts de Tekken 7, c’était son roster diversifié, mais finalement assez homogène par rapport à la plupart des autres jeux de combat, à quelques exceptions près (coucou Akuma). Mais l’introduction de ce système de heat menace de faire voler cet équilibre délicat en éclats.
Cette appréhension est renforcée par les quelques échecs flagrants qui ont miné certains moments de la vie de Tekken 7. Par exemple, les derniers personnages introduits par Bandai Namco étaient tellement au-dessus du lot que l’écosystème compétitif est devenu une vaste blague pendant des mois. Tous ceux qui se rappellent de la sortie de Leroy Smith ou de Fahkumram pourront en attester. Et pourtant, les développeurs ont pris leur temps pour résoudre ces problèmes flagrants.
Or, ici , nous ne parlons pas seulement d’un nouveau personnage dont il est assez facile d’ajuster les coups individuellement. Ce système de heat ajoute une couche de gameplay supplémentaire qui dynamite les fondations du jeu; cela s’annonce excessivement difficile à équilibrer dans un jeu aussi complexe. Et connaissant les dernières casseroles de Bandai Namco à ce niveau, il y a de quoi avoir un peu peur. Évidemment, Tekken 8 est toujours en bêta et il est trop tôt pour tirer des conclusions objectives. Mais il va probablement falloir patienter un long moment avant que ce système arrive à maturité.
Nous attendons donc la suite des événements avec un mélange d’excitation et d’appréhension, en espérant que la bande à Harada réussira à retomber sur ses pieds sans faire trop de dégâts. Les attentes sont énormes, et le jeu s’annonce excellent; de notre côté, nous croiserons simplement les doigts pour que ce grand-écart audacieux ne dénature pas trop l’ADN de cette franchise historique. Rendez-vous à la sortie du jeu en janvier pour un premier état des lieux du produit fini !
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