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SpaceX va lancer des satellites Galileo, au grand dam de l’Europe

La crise des lanceurs commence à avoir des conséquences concrètes pour l’autonomie stratégique de l’Europe, et l’ESA attend Ariane 6 avec impatience pour sortir de ce bourbier.

L’aérospatiale européenne traverse en ce moment une véritable crise des lanceurs. Depuis le 1er janvier 2023, seuls trois lancements orbitaux ont été réalisés depuis la base de Kourou… Tous les spécialistes du secteur s’accordent à dire que c’est une situation très problématique. En effet, l’Europe se retrouve forcée de faire appel à d’autres entités qui, dans l’idéal, devraient être des concurrents directs plutôt que des prestataires.

Cette dépendance est une très mauvaise nouvelle pour l’indépendance stratégique et technologique du Vieux Continent… et nous venons d’en recevoir l’exemple le plus criant à ce jour : SpaceX a signé un contrat avec l’ESA pour le déploiement de quatre satellites Galileo.

Un élément clé de la souveraineté européenne

Ce n’est pas la première fois que l’Europe est contrainte d’aller demander de l’aide à la firme d’Elon Musk pour des missions très importantes. En juillet 2023, SpaceX a déjà lancé Euclid, un nouveau télescope de pointe qui était censé partir à bord d’un Soyouz russe.

Lorsque le projet a commencé à se concrétiser, nous suggérions que ce contrat pourrait marquer le début d’un rapprochement durable entre SpaceX et l’ESA, avec des répercussions non négligeables sur l’autonomie stratégique et technologique de la France — et c’est précisément ce qui est en train de se passer.

En effet, la constellation Galileo est le pendant européen du système de navigation GPS américain. À ce titre, ces satellites revêtent une importance absolument cruciale au niveau stratégique, notamment en termes de sécurité et de défense.

Ironie du sort, lorsque le projet a été officiellement validé par l’Union européenne en 2003, il a d’ailleurs été présenté comme une manière de s’émanciper de la plateforme des États-Unis pour consolider l’autonomie européenne. Le fait de céder une partie du déploiement au fleuron de l’industrie américaine serait donc un symbole particulièrement fort.

Ariane 6 attendue au tournant

D’après le Wall Street Journal, cet accord entre SpaceX et l’Agence Spatiale Européenne doit encore être validé par la Commission Européenne. Mais en pratique, elle n’aura probablement pas d’autre choix que d’y consentir, malgré les réticences initiales des décideurs européens. Car avec la retraite d’Ariane 5, les retards d’Ariane 6 et la sécession progressive de Roscosmos, les alternatives ne se bousculent pas au portillon.

Toujours selon le Wall Street Journal, si le projet se concrétise, ce ne sera qu’un contrat isolé. Pour l’instant, l’ESA n’envisage pas d’offrir de nouvelles missions de ce type à SpaceX. Heureusement, il ne s’agirait donc que d’une piqûre de rappel… pour le moment.

Ce qui est certain, c’est que tous les acteurs de l’aérospatiale européenne devront en tirer les conclusions qui s’imposent. C’est un avant-goût des choix difficiles qui les attendent si l’ESA ne parvient pas à s’extirper de cette crise des lanceurs dans les plus brefs délais.

Il va impérativement falloir y remédier le plus rapidement possible, et la solution passera inévitablement par l’entrée en piste d’Ariane 6. Nous vous donnons donc rendez-vous après les essais des prochains mois, puis en 2024 pour son vol inaugural… à moins que de nouvelles difficultés techniques viennent encore repousser cette échéance, auquel cas SpaceX pourrait à nouveau s’engouffrer dans la brèche. Affaire à suivre.

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