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Nvidia veut concurrencer Intel avec des puces ARM

Le géant des GPU et du hardware IA prépare une offensive sans précédent contre le bastion historique d’Intel. Une initiative qui pourrait transformer l’écosystème hardware à moyen terme si elle se concrétise.

Cela fait un certain temps qu’une grande partie du monde du hardware PC grand public gravite autour d’Intel pour les CPU et d’Nvidia pour les GPU. Malgré le retour en grâce d’AMD, qui s’est remis à proposer des puces sensationnelles ces dernières années, ce sont bien les écuries bleues et vertes qui dominent encore leurs segments respectifs.

Historiquement, à quelques exceptions près les deux titans sont restés dans leur domaine de prédilection sans trop empiéter sur les platebandes de l’autre… mais ce statu quo est en train de s’effondrer petit à petit. L’année dernière, Intel a sorti ses premiers GPU Arc. Ce printemps, Nvidia a répondu avec le CPU Grace destiné aux datacenters et aux supercalculateurs. Et apparemment, ce n’était qu’un début; le géant vert prépare désormais une offensive nettement plus importante.

L’acquisition avortée d’ARM, en février 2022, ne semble pas avoir découragé l’entreprise de Jensen Huang. Elle compte toujours placer l’entreprise britannique au centre de sa stratégie. Selon Reuters, à partir de 2025, Nvidia va partir à l’assaut du bastion historique d’Intel – le PC grand public – avec de toutes nouvelles puces ARM pour les appareils Windows.

La Pomme en ligne de mire

D’après les sources de l’agence de presse, cette initiative est intimement liée à la stratégie de Microsoft. Pour l’entreprise de Satya Nadella veut aider d’autres entreprises à construire leurs propres processeurs ARM pour les PC sous Windows, avec deux objectifs principaux. Le premier, c’est d’offrir une compétition sérieuse aux formidables puces M d’Apple.

Avec leurs performances de premier plan et leur efficacité énergétique à couper le souffle, ces puces ARM ont fait bien des envieux chez les autres constructeurs. Résultat, toute l’industrie fait les yeux doux à ARM dans l’espoir de rivaliser avec le bijou de la Pomme.

Le second, c’est de se réduire sa dépendance à Intel, qui reste de loin le premier fournisseur de puces pour les appareils Windows. “Microsoft a retenu la leçon des années 90, et ils ne veulent plus être à nouveau dépendants d’Intel, ou de n’importe quel autre fournisseur unique”, indique le dirigeant d’un cabinet de stratégie financière cité par Reuters.

Ces efforts ont commencé à se concrétiser en 2016, lorsque Microsoft s’est associé à Qualcomm pour produire des CPU Windows sous cette architecture surtout employée dans l’écosystème smartphone. Qualcomm bénéficie pour l’instant d’une clause d’exclusivité sur ce terrain; c’est la seule entreprise autorisée à développer des puces ARM pour les appareils Windows jusqu’en 2024.

Mais il ne s’agissait que d’un premier pas. Selon les sources de Reuters, Microsoft travaillait déjà en coulisses pour passer à la seconde phase de son plan d’émancipation. Elle encourage d’autres entreprises à tenter l’aventure une fois que cet accord prendra fin.

Une transition tout sauf évidente

Il est encore trop tôt pour faire un pronostic éclairé sur l’impact de cette initiative. En effet, faire émerger un nouveau standard compétitif basé sur l’architecture ARM sera très difficile. Cela fait des décennies que l’industrie dépense des milliards pour développer un écosystème centré autour de l’architecture x86, utilisée par Intel et AMD. Or, les deux plateformes ne sont pas compatibles par défaut. Il faudrait donc déployer d’énormes efforts pour réaliser une telle transition.

À court terme, Intel n’a donc pas de souci à se faire. En revanche, à moyen et long terme, la conclusion est déjà moins évidente. Si Nvidia compte effectivement passer à l’offensive dans ce domaine, nous pourrions assister à une transformation significative de l’écosystème PC d’ici la fin de la décennie.

Le géant vert a probablement les moyens de s’imposer comme un concurrent sérieux sur ce segment, grâce à l’immense manne financière amassée à travers son statut de leader incontesté du hardware IA. Mais l’entreprise va-t-elle vraiment attaquer frontalement Intel sur son propre terrain ? Cela reste à démontrer. Tout dépendra de la stratégie de Jensen Huang.

Intel attendu au tournant

Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’Intel va devoir prendre bonne note de cette information. Avec un titan comme Nvidia en embuscade, prêt à exploiter le moindre signe de faiblesse, les troupes de Pat Gelsinger vont devoir se montrer solides.

En effet, les dernières générations de puces Intel étaient loin d’être irréprochables. Certes, les performances brutes sont au rendez-vous, mais les intégrateurs et les utilisateurs se plaignent de plus en plus de certaines lacunes, notamment au niveau de l’efficacité énergétique. Sur ce critère, les CPU Intel sont toujours à des années-lumières de ce que proposent les puces ARM d’Apple.

Intel l’a bien compris, et ce point fait partie des priorités de la marque avec la prochaine génération Meteor Lake, attendue en fin d’année. Il s’agira d’un point de passage très important. Si Intel réussit à poser des bases convaincantes avec ces nouvelles puces, elle restera probablement très bien positionnée à l’approche de la deadline de 2024.

Mais si elles se montrent décevantes, s’agira d’une opportunité en or qui pourrait bien convaincre Nvidia de s’engouffrer dans la brèche. Rendez-vous en décembre à la sortie des Meteor Lake, puis en 2024 pour les premiers éléments de réponse.

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Source : Reuters

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