Deux télescopes de première catégorie, à savoir le vénérable Hubble et l’observatoire Chandra, risquent de faire grise mine l’année prochaine. Selon SpaceNews, la NASA envisage de réduire les ressources allouées à ces deux engins, en prévision d’un budget 2024 qui s’annonce particulièrement serré.
Cette éventualité a émergé le 13 octobre dernier, à l’occasion d’une présentation du Comité d’Astronomie et d’Astrophysique américain. Mark Clampin, le directeur de la division astrophysique de la NASA, a annoncé qu’il étudiait l’éventualité d’une coupe budgétaire afin de privilégier d’autres programmes jugés prioritaires.
S’il songe à prendre ce genre de mesures, c’est parce que la NASA est une agence fédérale dont les ressources sont directement allouées par le gouvernement. Et ce mécène risque de se montrer parcimonieux cette année.
La météo budgétaire s’annonce mauvaise
En juin dernier, le gouvernement a émis une directive qui va plafonner les dépenses de la NASA en 2024 ; elle ne pourra pas débourser plus d’argent qu’en 2023 pour la majorité de ses travaux. Seules ses activités militaires sont exemptées de cette limite.
Concrètement, le budget de l’agence pour l’année fiscale 2024 sera probablement très inférieur aux 1,56 milliard de dollars réclamés. « C’est tout à fait possible que nous soyons très en dessous des niveaux de 2023 », avertir Clampin. Dans ces conditions, il sera impossible de maintenir tous les programmes à flot sans consentir à quelques sacrifices. « Ce n’est vraiment pas un tableau réjouissant », se désole-t-il.
Deux télescopes performants, mais vieillissants
Si Hubble et Chandra ont été ciblés, c’est parce qu’ils pèsent lourd sur les finances de la NASA. Pour l’année 2024, la NASA a réclamé environ 93 millions pour Hubble et 68 millions pour Chandra. À eux deux, ils représentent donc plus de 10 % du budget total de la division astrophysique.
Ce prix astronomique pourrait être justifié s’il s’agissait encore d’engins à la pointe de la technologie. Mais le souci, c’est que même s’ils continuent de contribuer activement, ce sont aussi deux des plus vieux télescopes de l’agence. Hubble a été lancé en 1990, et Chandra en 1999. Même s’il s’agit de deux observatoires très performants, il n’est donc pas évident de rentabiliser leurs opérations.
En effet, maintenir ces vieillards en état de marche demande des efforts et des ressources considérables. C’est particulièrement vrai pour Chandra, dont la vétusté devient de plus en plus criante à chaque jour qui passe. Son plus gros problème, c’est son revêtement d’isolation qui se dégrade à vue d’œil. Il est donc extrêmement compliqué de maintenir les instruments à une température acceptable, avec tout ce que cela implique pour la quantité et la qualité des observations. « C’est de plus en plus difficile de l’opérer », regrette Clampin.
Place à la nouvelle génération
Heureusement, Hubble se porte beaucoup mieux que Chandra. L’increvable télescope continue de rapporter de belles données sans fléchir. Mais plus le temps passe, plus il commence à montrer ses limites par rapport à la jeune génération.
Malgré ces coupes budgétaires, Clampin insiste sur le fait que les deux télescopes ne vont pas être abandonnés pour autant. « Ils occupent le plus haut échelon grâce à leur impact immense sur l’astronomie. Même si elles commencent à montrer des signes de vieillissement, les deux missions vont probablement continuer à générer de la science de classe mondiale sur les prochaines années ».
Au moins, ces économies éviteront de devoir amputer radicalement le budget de certains autres programmes, voire de les sacrifier entièrement. Elles bénéficieront aussi à la nouvelle génération qui se prépare en ce moment. Cela concerne notamment le Nancy Grace Roman Telescope, le prochain observatoire de première catégorie de la NASA, mais aussi des collaborations avec d’autres agences. On peut citer le LISA, un observatoire conçu en partenariat avec l’ESA qui partira étudier les ondes gravitationnelles.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.