C’était attendu depuis quelque temps déjà, et c’est désormais enregistré dans Guinness des records : le piment Pepper X vient officiellement de devenir le piment le plus fort du monde, détrônant ainsi le fameux Carolina Reaper.
Il ne s’agit pas d’une variété qui existe à l’état naturel. Comme la grande majorité des piments les plus extrêmes, le Pepper X est le fruit d’un long processus de sélection. De la même façon que les spécialistes de l’agronomie sélectionnent des variétés de blé ou de maïs pour leur rendement ou leur résistance aux intempéries, certains s’amusent à croiser des espèces de piments pour optimiser leur teneur en une molécule bien précise. En l’occurrence, il s’agit de la capsaïcine, un alcaloïde qui produit une vive sensation de brûlure lorsqu’il entre en contact avec une muqueuse.
Évolutivement parlant, les chercheurs considèrent que la capsaïcine s’est imposée au gré de la sélection naturelle en tant que mécanisme de défense. Du point de vue de la plante, sa présence dissuade les animaux d’en faire son repas avant que les graines n’arrivent à maturité. Cette molécule protège également la plante contre les assauts de nombreuses espèces d’insectes, et même contre les infections fongiques.
Mais comme souvent, les humains ont fait un pied de nez à la nature en détournant cette arme d’autodéfense pour se stimuler les papilles. Et certains éprouvent un malin plaisir à en repousser les limites.
Ed Currie, le savant fou des piments
C’est notamment le cas du cultivateur Ed Currie. Cet ex-toxicomane repenti a trouvé refuge dans la culture des piments forts, et depuis, il s’est imposé comme une véritable référence dans ce domaine. Dans sa ferme de Caroline du Sud, il a produit plusieurs variétés absolument terrifiantes en termes de piquant.
En 2013, il s’est fait connaître du grand public en dévoilant le fameux Carolina Reaper, un croisement entre des piments Bhut Jolokia et Habanero. Ce piment affiche une moyenne supérieure à 1 500 000 unités Scoville – un score invraisemblable qui constituait le record du monde pendant quatre ans. À titre de comparaison, la sauce Tabasco que vous avez peut-être dans votre frigo n’atteint que 8000 unités sur cette même échelle.
Il a fini par être dépassé d’une courte tête par le Dragon’s Breath, un autre cultivar créé par une université britannique. Mais en coulisses, Currie travaillait déjà sur une autre variété encore plus démoniaque : le Pepper X, qui a été finalisé en 2017.
Dans la même catégorie que les bombes au poivre
Ce petit piment vert-jaune ne paie pas de mine; mais en bouche, il s’agit d’une vraie bombe nucléaire qui émarge à plus de 2 500 000 unités Scoville en moyenne – soit plus que certaines bombes d’autodéfense au gaz poivre.
Même Ed Currie lui-même, pourtant habitué à ingurgiter des quantités impressionnantes de capsaïcine, a regretté amèrement d’avoir mangé un Pepper X entier. “J’ai eu chaud pendant plus de trois heures, puis les crampes sont arrivées. C’était horrible. J’étais couché pendant plus d’une heure sous la pluie à gémir de douleur”, raconte-t-il à l’Associated Press.
Depuis, le Pepper X est considéré officieusement comme le piment le plus fort du monde. Et ce statut a enfin validé par les assesseurs du Guinness. Après analyse par un organisme indépendant (l’Université de Winthrop), il a été enregistré dans le livre des records à 2 693 000 unités Scoville – près du double du Carolina Reaper. La remise du prix a eu lieu sur le plateau de l’émission Hot Ones, où diverses célébrités sont interviewées pendant qu’elles consomment des sauces piquantes de plus en plus fortes.
Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’à ce qu’un autre piment encore plus terrifiant vienne prendre sa place… et il y a fort à parier qu’Ed Currie sera à nouveau de la partie.
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