La loi SREN visant à réguler l’espace numérique français vient enfin d’être adoptée, en dépit des réticences de l’Union européenne. Hier soir à l’Assemblée nationale, et cinq mois après son dépôt sur le bureau du Sénat, les députés ont voté à une très large majorité pour valider la mise en place de mesures fondatrices destinées à sécuriser les réseaux sociaux, les sites proposant du contenu pour adultes, mais aussi échanges en ligne. Une adoption qui pourrait changer la face du web hexagonal, et qui clôture des mois de discussions et de débats passionnés. On vous explique tout.
En résumé
- Les sites pornographiques vont devoir demander aux internautes de prouver leur majorité (Articles 1 et 2)
- Les hébergeurs seront responsables du contenu pédopornographique présent sur leur plateforme, et auront 24h pour le supprimer en cas de signalement (Article 3)
- La désinformation en ligne fera l’objet de sanction (Article 4)
- Le cyberharcèlement et les deepfakes vont être plus sévèrement sanctionnés (Article 4b et 5)
- Le filtre anti-arnaque a été adopté (Article 6)
- Les jeux en ligne vont faire l’objet d’un encadrement légal (Article 15)
- Les VPN échappent à l’interdiction
Les sites pornographiques vont devoir protéger les mineurs
Adopté à 360 voix sur 561 votants, l’article 1 et 2 de la loi SREN confirment l’un des points les plus sensibles du projet de loi : la protection des mineurs face aux contenus pornographiques. L’Arcom devrait publier un référentiel dans les mois à venir pour détailler les méthodes officiellement acceptées, et le double anonymat promet de figurer en bonne position, notamment grâce à la solution proposée par la startup française Greenbadg, déjà opérationnelle sur plusieurs plateformes en ligne.
Concrètement, les sites qui ne vérifieront pas suffisamment l’âge de leurs visiteurs pourront être bloqués et déréférencés par l’Arcom. En cas de manquements, les entreprises s’exposeront à une amende de 250 000 euros ou 4 % de leur chiffre d’affaires mondial hors taxes s’ils ne se mettent pas en conformité dans les quinze jours suivant la mise en demeure de l’autorité numérique. En cas de récidive, les sanctions pourront être portées à 500 000 euros ou 6 % du chiffre d’affaires.
Selon l’article 3, c’est aussi aux hébergeurs qu’incombera la responsabilité pénale des contenus pédopornographiques. Une fois signalés, ces derniers devront être retirés dans les vingt-quatre heures, sous peine de sanction. La loi prévoit une amende jusqu’à 250 000 euros ainsi qu’une peine d’un an d’emprisonnement pour un acte isolé, qui pourra grimper jusqu’à 4% du chiffre d’affaires de la plateforme en cas de récidive.
Cyberharcèlement, revenge porn et deepfakes : la loi durcit le ton
Autre mesure forte, la publication de deepfakes (Article 4b) et de deepfakes pornographiques (Article 5) sans le consentement de la personne concernée fera désormais l’objet de sanctions plus importantes. De son côté, l’article 5b légifère enfin officiellement sur l’interdiction au chantage fait à l’aide d’un contenu à caractère sexuel, aussi appelé revenge porn, mais dont l’appellation légale devrait bientôt être modifiée pour respecter davantage la dignité des victimes, en évitant le terme “revenge” qui laisse supposer une responsabilité — même partielle — du ou de la plaignante.
Côté cyberharcèlement, l’article 5 de la loi SREN prévoit aussi une peine de bannissement temporaire ou définitive, qui sera à la charge de l’hébergeur, et fera l’objet d’une plainte complémentaire. La suspension pourra aller jusqu’à un an en cas de récidive, et les autres comptes d’un internaute pourront aussi être bannis. Encore une fois, les hébergeurs seront tenus responsables s’ils ne procèdent pas au blocage.
Sur le chantage sexuel, le harcèlement et les deepfakes
- 2 ans de prison et 45 000 euros d’amende si les actes ont été publiés sur un réseau social public (Article 4b)
- 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende pour un deepfake illégal publié sur un réseau social public (Article 5t)
- 7 ans de prison et 150 000 euros d’amende pour un acte de revenge porn (Article 5b)
Filtre anti-arnaque : solution miracle ?
Très attendu côté gouvernement, le filtre anti-arnaque a été adopté dans le cadre de la loi SREN. Une mesure de sécurité inédite qui prendra la forme d’une notification reçue par l’internaute en cas de visite (via SMS, email ou moteur de recherche) sur un lien potentiellement malveillant. Les sites signalés pourront être signalés comme dangereux, mais on ignore encore comment le dispositif pourra réellement être appliqué.
Parmi les autres mesures adoptées cette semaine, on peut citer l’encadrement légal des jeux de hasard en ligne (Article 15), qui obligera les hébergeurs, comme pour les sites pornographiques, à vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Ici aussi, c’est le double anonymat qui pourrait être envisagé.
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“La désinformation en ligne fera l’objet de sanction (Article 4)”
Et voilà messieurs dames comment on légifère des lois liberticides.
Qui va décider ce qui est de la désinformation ou non ? L’Europe et la France. Souvenons-nous la période COVID où certaines informations étaient considérées comme fausses et qui se sont avérées vrai pour la suite. Et plus récemment avec le conflit Israelo-Palestinien.
Je suis effectivement assez dubitatif par rapport à la “désinformation”. Je vois mal comment ça peut être appliqué sans menacer la liberté d’expression et d’opinion
Pour le filtre anti-arnaque laissez moi rire. Qui signale qu’un site est dangereux ? Bien souvent quand c’est détecté c’est déjà trop tard
Et les sites “bloqués” et “déréférencés” c’est à dire ? Genre ça disparait des résultats de recherche Google ? 😀
Bref beaucoup de bruit pour rien et des sanctions la plupart du temps inapplicables (oups j’espère que c’est pas de la désinformation)
Encore de la super loi quasi inapplicable…
A croire que nos parlementaires ont des actions chez les éditeurs des livres de lois.^^
C’est sure pour la pornographie il vaut mieux bloquer toute la France que d’éduquer les parents à surveiller leur enfants et faire leur boulot de parents…la solution de faciliter propre à ce gouvernement rempli d’incapable …
Pour le fait qu’il faille vérifier l’âge avant d’afficher du contenu pornographique, comment allez-vous faire au jdg avec vos articles de publi information concernant votre partenaire vendeur de jouets qui vibrent ?
N’oubliez pas que vu l’âge des parlementaires, ils ne doivent pas savoir plus que leur utilisation du minitel et de 3615 ULA.