Un an après, il y a toujours des RTX 4090 qui fondent

Quelques semaines après la sortie de la RTX 4090, la carte graphique surpuissante qui trône au sommet du catalogue d’Nvidia, une tendance inquiétante a commencé à pointer le bout de son nez. De plus en plus d’utilisateurs ont constaté que les connecteurs 12VHPWR de leurs cartes avaient tendance à fondre, incapables de supporter le budget énergétique faramineux de ces composants (voir notre article).

La première réaction d’Nvidia a été d’expliquer que le problème se situait probablement entre la chaise et le clavier. Pour l’entreprise, les connecteurs ainsi fondus étaient tout simplement mal branchés. Mais après plusieurs mois de signalements similaires, PCI-SIG — le consortium qui pilote la conception des connecteurs PCIe — a pris le problème à bras le corps avec l’introduction du 12V-2×6. Il s’agit d’un nouveau modèle de connecteur capable d’encaisser 60W de plus que son prédécesseur. En théorie, il devrait donc être immunisé contre la maladie qui touche le 12VHPWR.

Dans la foulée, les GPU d’Nvidia ont eu droit à une mise à jour bien méritée. Le géant vert a commencé à installer des connecteurs 12V-2×6 sur ses nouvelles cartes, et cette modification semble avoir produit les effets escomptés. Depuis quelques mois, les cas de connecteurs fondus on largement diminué… mais ils n’ont pas complètement disparu.

Car en ce 12 octobre, un an jour pour jour après la sortie de la carte, quelques nouveaux témoignages continuent d’émerger sur des plateformes communautaires. On peut citer ce post Reddit repéré par Tom’s Hardware ; la mort dans l’âme, l’internaute Byogore dévoile que son connecteur a fondu après un an d’utilisation. Un chiffre significatif, car largement supérieur à la moyenne des cartes défaillantes.

Un changement de connecteur bienvenu, mais trop tardif

La “bonne” nouvelle, c’est que tous ces signalements — dont celui de Byogore — concernent à chaque fois des modèles dotés de l’ancien connecteur 12VHPWR. Ceux qui ont acheté leur carte ces derniers mois n’ont donc pas de raison de s’inquiéter.

Par contre, c’est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui en ont fait l’acquisition avant la mise à jour. Ces nouveaux signalements confirment qu’une mauvaise insertion du câble n’est pas la seule source du problème. Le vieux connecteur souffre sur la durée quoiqu’il arrive, ce qui n’augure rien de bon pour l’espérance de vie des premières fournées de RTX 4090.

Heureusement, ces cartes devraient encore être couvertes par la garantie, quel que soit l’intégrateur. Les modèles haut de gamme comme la RTX 4090 sont généralement garantis entre deux et quatre ans. Mais les possesseurs de cartes munies d’un 12VHPWR ont tout de même une épée de Damoclès au-dessus de la tête, car Nvidia ne propose pas de les échanger contre des modèles 12V-2×6. Ils n’ont donc pas d’autre choix que de se préparer psychologiquement à se passer de GPU pendant quelque temps dans le cas où ce connecteur rendrait l’âme.

Pour le reste des usagers, il y a deux leçons à tirer de cette histoire. Pour les possesseurs de RTX 4090 d’ancienne génération, cela signifie qu’il va falloir continuer d’être vigilant pour pouvoir faire jouer la garantie dès les premiers signes de fonte. Et pour ceux qui cherchent à acheter une RTX 4090, si ce n’est pas précisé explicitement sur la fiche technique, veillez à interroger le revendeur sur le modèle de connecteur. S’il s’agit d’un 12VHPWR, il sera sans doute plus sage de renoncer.

Quelle stratégie pour les RTX 50X0 ?

La grande question, désormais, c’est de savoir comment Nvidia va aborder ce problème avec sa prochaine génération de cartes. Car en définitive, l’adoption de ce nouveau connecteur n’est qu’une fuite en avant. On peut légitimement s’attendre à de nouvelles déconvenues si les futures RTX 50X0 haut de gamme sont toujours équipées de connecteurs à 12 broches. Et Nvidia en est conscient. Il sera donc peut-être temps de consentir à un petit sacrifice financier en passant à un modèle 2×8 ou même 3×8 broches.

Cela permettrait d’assurer le coup sur le long terme. La firme a tout à y gagner en termes de fiabilité et de sérénité des clients — et par extension, d’image de marque. Et les troupes de Jensen Huang peuvent sans doute se le permettre, car ce ne sont pas les ressources qui manquent en ce moment.

En tant que leader incontesté du hardware IA, le géant vert est un acteur central de cette niche technologique très rémunératrice. Nous assistons en ce moment à une véritable ruée vers l’or vert, avec des tas d’entreprises qui s’arrachent les composants estampillés Nvidia — et cela se ressent au niveau comptable. La firme surfe sur la vague du machine learning avec des bénéfices records. Elle a récemment rejoint le club très fermé des entreprises évaluées à plus de mille milliards de dollars.

Ce qui est sûr, c’est qu’Nvidia ne pourra pas se permettre de sortir une deuxième génération consécutive de cartes à plus de 1500 € qui fondent sans raison apparente. Espérons donc qu’une partie de cette manne servira à pérenniser ses produits haut de gamme. Rendez-vous l’année prochaine pour les premiers éléments de réponse.

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