Trois heures et vingt-six minutes, c’est le temps qu’il faudra à Martin Scorsese pour raconter l’histoire du peuple Osage au début du XXᵉ siècle. Avec Killers of the Flower Moon, produit par Apple TV+, le cinéaste va explorer le parcours des natifs américains qui ont connu la fortune après la découverte de pétrole sur leurs terres. Il s’agira pour le récit de confronter ce peuple devenu riche soudainement à des Blancs peu recommandables, qui ambitionnent de leur soutirer leur argent, jusqu’à avoir recours aux meurtres. Cette fresque historique, qui ira lorgner du côté du thriller et du drame, devrait faire se déplacer les foules. Après tout, la promesse de retrouver l’art de celui dont l’impact sur le cinéma n’est plus à prouver devrait suffire. Néanmoins, les commentaires sur la durée du film sont nombreux chez les futurs spectateurs. C’est d’ailleurs un reproche adressé à de nombreuses autres propositions cinématographiques récentes, d’Avatar : La Voie de L’Eau à Oppenheimer. Comme ses comparses, James Cameron et Christopher Nolan, c’est au tour de Martin Scorsese de donner son avis sur la question.
Alors que les versions longues investissent désormais les rangs de la SVOD, doit-on vraiment regretter qu’un film ne dépasse la barre des trois heures ? Interrogé par The Hindustan Times, le réalisateur explique :
“Vous pouvez vous asseoir devant la télé et regarder quelque chose pendant cinq heures. Il y a des beaucoup de spectateurs qui regardent du théâtre durant trois heures et demie. Il y a de vrais acteurs sur scène, vous ne pouvez pas vous lever et vous promener. Il y a du respect pour cet art, donnez le même respect au cinéma”.
Les films sont-ils vraiment plus longs ?
Avengers : Endgame, Avatar : La Voie de L’eau ou encore Oppenheimer, avec plus de 180 minutes au compteur, ces propositions cinématographiques autrefois minoritaires reviennent sur le devant de la scène. Si l’on est tenté de dire que la durée des métrages a augmenté drastiquement au fil des décennies, il semblerait pourtant que cette donnée soit en fait assez stable depuis les années 50, selon un article publié en 2018 par Télérama. D’ailleurs, les films les plus longs de l’histoire du cinéma ne sont pas tous contemporains. Bon nombre de métrages diffusés au siècle dernier pouvaient se targuer d’avoir gardé leurs spectateurs près de quatre heures dans les fauteuils rouges, c’est le cas de Ben-Hur (3h32), Guerre et Paix (3h30) ou encore Danse avec les Loups (3h54).
Mais alors pourquoi le public a l’impression que la tendance est à la hausse, c’est sans doute parce que la propension de blockbusters misant sur un tel format est plus importante. La raison à cela pourrait être l’arrivée de la SVOD dans nos habitudes culturelles, qui a poussé l’industrie cinématographique à redoubler d’arguments pour inciter les spectateurs à quitter leurs salons. Sur le site The Conversation, un article faisant partie d’une étude menée par le groupe de recherche de l’IDEcoA de l’Université de Murcia, analyse d’ailleurs ce nouveau phénomène. Selon son auteur Gabri Rodenas, professeur de communication audiovisuelle, ce qui était “autrefois une exception commence à devenir la norme”, d’où le sentiment pour les spectateurs de devoir consacrer plus de temps à ce divertissement. Rendez-vous dans tous les cas le 18 octobre prochain pour profiter du long film de Martin Scorsese, que l’on espère aussi bon.
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